Nov 04 2009

Moldavie (2-3 novembre 2009)

Le contexte politique :

La Moldavie est le pays le plus pauvre d’Europe. Jusqu’aux élections législatives du 29 juillet 2009 il était le seul pays d’Europe (avec le Bélarus) à avoir un gouvernement communiste.

Les élections du 29 avril 2009 avaient vu la reconduction au pouvoir des Communistes (PCRM) qui avaient obtenu 60 des 101 sièges du Parlement, grâce à des modifications du code électoral (interdiction de « blocs » politiques, seuil de représentativité monté de 4 à 6%, et interdiction de la double-nationalité pour les fonctionnaires et élus, plusieurs opposants, dont M. Ghimpu, leader libéral, ayant la nationalité roumaine) et à l’éclatement de opposition entre 4 partis minoritaires (PCD, parti libéral démocrate, le Parti libéral (PL), le Parti démocrate (PDM) et l’Alliance Notre Moldavie (ANM). Mais les communistes du PCRM n’arrivèrent pas à réunir le nombre de voix nécessaires à l’élection du Président (devant être élu par le Parlement avec un minimum de 61 voix) et des élections anticipées eurent lieu le 29 juillet.

Bien que conservant la majorité, le PCRM n’obtient plus que 48 députés, contre 53 pour les 4 partis de l’opposition libérale et démocrate, qui se coalisèrent début aout en une « Alliance pour l’Intégration européenne »

La coalition libérale et démocrate a donc pu élire le Président du Parlement et le Premier Ministre, mais l’élection du Président de la République est subordonnée au soutien de 8 députés du PCRM. En attendant de pouvoir réunir ces 8 voix, Mihail Ghimpu, élu le 28 aout président du Parlement, assure les missions de Président par intérim.

Vlad Filat, président du PLDM a été élu Premier Ministre.

M. Lupu, leader du PDM (et transfuge du PCRM) briguerait le poste de Président de la République. Il semble être le seul susceptible de ramener 8 voix du PCRM.

Les relations avec l’Union européenne

La Russie et la Chine avaient promis un soutien financier (on parle d’une promesse par la Russie de500 millions de dollars) pour permettre à la Moldavie de faire face à la crise dont l’impact s’alourdit. Ces prêts ne semblant pas devoir se concrétiser la coalition démocratique veut engager les réformes indispensables au rapprochement avec l’UE.

Le Conseil des affaires générales et affaires extérieures (CAGRE) du 15 juin affirme sa volonté d’accroitre l’aide le l’UE en faveur de la poursuite des reformes politiques et économiques indispensables en vue d’y renforcer la démocratie, la bonne gouvernance, l’Etat de droit la liberté des médias, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Le partenariat Oriental lancé le 7 mai à Prague, auquel la Moldavie est partie, devrait y concourir. Le Conseil s’est également déclaré prêt à entamer des négociations sur un accord renforcé, dès que les circonstances le permettront.

Le Président du Parlement moldave, Mihai Ghimpu, Président par intérim de la République de Moldavie, a d’ailleurs effectué à Bruxelles, les 6 et 7 octobre sa première visite officielle depuis son élection .

Il a expliqué son option par le fait que l’intégration européenne est une priorité pour l’Alliance au gouvernement en Moldavie. « C’est naturel et normal, car l’intégration européenne est notre objectif principal. Le nom même de la coalition de gouvernement – l’Alliance pour l’Intégration Européenne – le confirme. Je crois que c’st normal et correct de commencer par aller à Bruxelles, car c’est de Bruxelles que dépend en grande mesure la réalisation des objectifs de notre Alliance », a dit Mihai Ghimpu.

Lors de sa visite, Mihai Ghimpu a eu une entrevue avec le Président du Parlement Européen, Jerzy Buzek, et le vice-président, Libor Roucek, ainsi qu’avec des membres de la commission pour la coopération parlementaire Union Européenne-République de Moldavie. Les discussions se sont surtout axées sur le soutien politique, ainsi qu’économique que l’UE pourrait accorder à la Moldavie. « Nous envisageons des réformes douloureuses et il nous faut du soutien pour les mener au bout. Autrement, nous risquons de compromettre la démocratie et de revenir au totalitarisme. », a dit le Président du Législatif.

La prochaine élection du Président de la Moldavie a également constitué un sujet des discussions avec les officiels européens.

Lors du briefing tenu à son retour en Moldavie, Mihai Ghimpu a annoncé qu’un accord d’association pourrait être conclu entre notre pays et l’UE avant la fin de cette année-ci, mais que beaucoup dépend de la Moldavie. « A cet instant, l’Union européenne dispose d’un projet d’accord, tandis que la Moldavie a le sien. Ca dépend de nous, lequel sera mis en place. », a dit Mihai Ghimpu.

Les enjeux pour l’Europe et l’OTAN

Avec l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne, le 1er janvier 2007, l’UE devient voisine de la Moldavie. Or, celle-ci est depuis plusieurs années confrontée au séparatisme d’une région située à sa frontière orientale: la Transnistrie, autrefois centre industriel de la Moldavie, mince bande de terre de 4163 km² qui compte 555 000 habitants.

. Ce séparatisme fragilise bien sûr le cadre institutionnel de la Moldavie. Les rives droite et gauche du Dniestr (Nistru en roumain), représentant la Bessarabie et la Transnistrie, s’étaient déjà affrontées en 1991-1992. Le conflit avait fait l’objet d’une médiation internationale en 1992 sous l’égide de l’OSCE, avec la présence de la Russie, l’Ukraine et la Moldavie, la Transnistrie étant reconnue comme une partie négociatrice à part entière. En 1997, le premier ministre russe Evgueny Primakov avait proposé un processus de résolution du conflit consistant à fédérer les deux entités. Idée reprise par la suite lors du plan Kozak, prévoyant un droit de veto pour Tiraspol, plan rejeté par le président moldave Voronine en novembre 2003.

Le président ukrainien Iouchtchenko prévoyait en 2005 un statut d’autonomie pour l’entité séparatiste, l’internationalisation des troupes de maintien de la paix, et la démocratisation du régime transnistrien (en encourageant la pluralisation de la vie politique et les ONG). Ces orientations ont permis quelques progrès, mais les forces en faveur du statu quo sont fortes.

Depuis février 2006 les négociations officielles en format « 5+2 » (les 2 parties transnitrienne t moldave, les 3 médiateurs OSCE, Russie Ukraine et les 2 observateurs UE et Etats-Unis sont suspendues.

Le séparatisme transnitrien constitue également un enjeu de sécurité pour l’UE (risques de déstabilisation régionale, présence non désirée de troupes militaires étrangères, criminalité transfrontalière) Il s’agit du conflit le plus proche de ses frontières de l’UE, puisqu’il est situé à 70 kilomètres de la Roumanie. La résolution du conflit pourrait, selon certains observateurs, être en outre une opération concrète à même de favoriser l’émergence d’un espace euro-russe de sécurité.

L’UE, avec l’élargissement et le développement de la PESC/PESD, adoption d’une Stratégie de Sécurité Européenne, s’implique de plus en plus dans les tentatives de résolution du conflit, avec l’envoi d’un représentant spécial pour le conflit, l’ouverture d’une délégation de la Commission européenne à Chisinau, et l’adoption d’un plan d’action dans le cadre de la PEV.