Juin 28 2011

Mais qui sont vraiment les Français de l’étranger ?

Le Ministère des Affaires étrangères et la Maison des Français de l’étranger ont, de juillet à septembre 2010, réalisé une enquête par Internet auprès des 2 millions d’expatriés français (1,5 millions au registre mondial et environ 500 000 expatriés « non déclarés »).

Une telle enquête est d’autant plus utile que la population française établie à l’étranger a fortement augmenté au cours de la dernière décennie (+ 3 à 4% par an, soit près de 130 000 nouveaux expatriés chaque année) et que le registre mondial tenu par le réseau consulaire ne fournit que très peu d’informations sur le profil des expatriés, leurs parcours, leurs motivations, leurs conditions de vie et les difficultés qu’ils rencontrent.

Les résultats doivent bien sûr être analysés avec précaution du fait de la représentativité limitée de l’échantillon. Le format de l’enquête, uniquement accessible par Internet, conduit en effet à surreprésenter la catégorie des jeunes actifs expatriés, familiarisés avec le fonctionnement de l’Internet, tandis que les binationaux sont sous-représentés.

Il ressort des 4 300 réponses une image tout à fait passionnante de l’expatriation au XXIe siècle, dans toute sa diversité (élément particulièrement important à l’heure où certains discours populistes assimilent un peu rapidement les expatriés à des exilés fiscaux ou des « déserteurs »), mais aussi un regard critique sur la France dont il importe de tenir compte.

L’enquête dessine les contours d’une communauté française à l’étranger active, bénéficiant d’un bon niveau d’études. Pour une très grande majorité des sondés, l’expatriation répond à une démarche volontaire dont le bilan est jugé largement positif. Seul un cinquième de l’échantillon affirme ne pas ou mal maîtriser la langue du pays de résidence, tandis que les difficultés majeures d’intégration à la vie sociale ou professionnelle semblent résiduelles, malgré des variations régionales importantes.

Au sein de l’échantillon étudié, 77 % des Français résidant à l’étranger et 60 % des candidats à l’expatriation exercent une activité professionnelle. Bien que supérieur à la moyenne nationale (66,3 %), le taux d’activité des femmes expatriées (74 %) reste moins élevé que celui des hommes (81 %). Les disparités de revenus entre les hommes et les femmes ne semblent pas épargner les Français établis à l’étranger. A mesure que l’on monte dans les tranches de salaires, on constate que la proportion de femmes diminue. Ce phénomène ne s’explique pas seulement par les disparités de revenu à niveau égal de responsabilité mais aussi par le fait que les Françaises établies à l’étranger sont moins souvent salariées que les hommes, et qu’elles restent moins nombreuses à occuper des postes de cadre supérieur ou de direction.

Pour plus d’un expatrié sondé sur deux (54,8 %), le séjour à l’étranger est motivé par des raisons professionnelles. Plus d’un quart des expatriés consultés (26,9 %) indiquent que des raisons « familiales ou personnelles » sont à l’origine du départ. Les étudiants représentent 6 % de l’échantillon des expatriés, devant les retraités (5,4 %) – cette dernière catégorie étant probablement sous-représentée dans l’enquête.
Bien que la plus grande partie des personnes interrogées résident à l’étranger dans le cadre de leur travail, l’acquisition de nouvelles expériences professionnelles ne constitue pas la première motivation des expatriés. En effet, pour plus de 7 expatriés sur 10, c’est avant tout le désir de découvrir un nouveau pays, une nouvelle culture, qui a joué un rôle décisif dans la décision de s’établir hors de France.

De très nombreux commentaires mentionnent aussi les difficultés économiques en France (chômage, précarité de l’emploi, absence de véritables perspectives professionnelles, freins à l’entrepreneuriat en France, réticence des employeurs à confier des responsabilités aux jeunes) comme facteurs d’expatriation. Les perspectives d’évolution professionnelle sont jugées largement supérieures à l’étranger, de nombreux expatriés estimant également bénéficier à l’étranger d’une meilleure qualité de vie. Loin de l’idéalisation du pays d’origine qui caractérise d’ordinaire les communautés expatriées, beaucoup de sondés affirment aussi avoir voulu « fuir une France dépressive et sclérosante » (grèves, lourdeur du système administratif, poids du racisme et des préjugés…).

-> Lire l’intégralité des résultats de l’enquête