Oct 29 2011

Helsinki. Inauguration des nouveaux locaux de l’Ecole Jules Verne

Ma toute première visite à Helsinki remonte à avril 2005, date à laquelle j’avais organisé un débat avec les Français de Finlande en préparation du référendum le mois suivant sur le traité constitutionnel européen. Ma seconde visite, quelques mois plus tard , l’avait été à l’invitation du Parlement finlandais qui souhaitait organiser une réunion des responsables des délégations aux droits des femmes des pays de l’Union, la Finlande exerçant la présidence de l’Union européenne. Cela avait été une excellente occasion de comparer nos pratiques parlementaires , de rappeler l’avance historique de la Finlande en matière de droits de citoyenneté pour les femmes (premier pays à leur accorder le droit de vote en 1906, 39 ans avant la France !) et de constater que, malheureusement, la France restait, en ce domaine, encore à la traîne de la plupart des pays européens. Ce fut aussi pour moi l’occasion d’interroger une des intervenantes, Madame Elizabeth Rehn, ancien ministre de la Défense de Finlande et première femmes titulaire de ce poste prestigieux au monde sur les raisons de la non-signature par son pays de la Convention d’Ottawa sur l’élimination des mines anti-personnel. Une de ces questions que l’on pose en connaissant d’avance la réponse (un nombre très important de mines ont été enfouies le long de la frontière soviétique au moment de la guerre froide, et l’on peut comprendre les séquelles de cette atmosphère de peur et de défiance dans l’inconscient collectif de ce petit pays de moins de 5 millions et demi d’habitants) mais plus pour le plaisir de susciter la réflexion et peut-être aussi de « marquer un point » en réponse à un discours empreint d’une légères et compréhensible auto-satisfaction… Un à zéro en effet, au regard de la gêne de notre charmante interlocutrice, disant qu’elle ne pouvait parler au nom du gouvernement, puisqu’elle n’en faisait plus partie, mais que le Premier Ministre, qui devait nous rencontrer quelques heures plus tard, me répondrait sans nul doute lui-même.. Ce qui fut fait, le Premier Ministre m’assurant qu’il s’agissait-là pour lui d’un vrai sujet de préoccupation, et que le gouvernement finlandais continuait de débattre de l’adhésion ou non à la Convention d’Ottawa..

Mais aujourd’hui, 28 octobre 2011, les débats sont enfin terminés et le ministre des affaires étrangères Erkki Tuomioja a annoncé officiellement en août que la Finlande signerait dès l’année prochaine la Convention d’Ottawa..

Je me retrouve à Helsinki, en compagnie de l’élue des français de Scandinavie à l’AFE, Nadine Pripp, venue tout spécialement de Stockholm, pour un événement empreint de joie, l’inauguration des nouveaux locaux du Lycée français Jules Verne.

J’avais eu, à l’occasion d’un autre de mes passages en Finlande, l’occasion de visiter cette école, alors beaucoup plus excentrée, tout comme ce Lycée franco-finlandais, afin de réfléchir avec les parents, les enseignants et l’équipe de direction à ce qui faisait la singularité de l’enseignement finlandais, censé être aujourd’hui le meilleur du monde, grâce sans doute à une approche très individualisée de l’enfant, visant à son épanouissement par le biais d’un projet personnel. Mais notre enseignement français est lui aussi, à mes yeux, un des meilleurs du monde et l’association Racines France que j’ai l’honneur de présider, avait remis, en septembre 2010, après une Table-Ronde de l’AFE consacrée justement au modèle d’éducation à la française, à la Maison d’Education de la Légion d’Honneur de Saint-Denis, le tout premier « Prix du Rayonnement français » à Anne-Marie Descotes, Directrice du réseau d’enseignement français à l’étranger, l’AEFE, en reconnaissance du rôle éminent et de la qualité exceptionnelle de ce réseau, le premier du monde avec 470 établissements scolarisant près de 300 000 élèves, dont plus de la moitié d’étrangers, dans 130 pays.

L’école Jules Verne est très représentative de ce réseau, et doit son développement à une petite communauté française de 3000 personnes, essentiellement des binationaux, tellement bien insérés dans la vie locale qu’ils n’y ont même pas créé d’association nationale mais qui recherchent un enseignement français pour leurs enfants. L’essentiel des liens avec la France se font via l’Institut français, fondé en 1968 et qui gère de nombreux partenariats culturels et notre coopération scientifique et universitaire, et l’espace Campus France pour les étudiants. Implanté dans une immense usine désaffectée, une ancienne câblerie, de Kaapelitehdas , au Nord –Ouest de la ville, il offre, comme l’indique son slogan « cinq hectares de culture » et a des activités dans toutes les régions de Finlande, en s’appuyant notamment sur un maillage de structures associatives très dynamiques, les cercles franco-finlandais.

Mais les parents français ne sont pas les seuls à vouloir scolariser leurs enfants dans une de nos écoles, et, outre les familles de diplomates internationaux, nombreux sont les Finlandais eux-mêmes qui souhaitent voir leurs enfants bénéficier de cette ouverture sur d’autres langues et d’autres cultures qu’apporte, dès le plus jeune âge notre enseignement français à l’étranger. C’est ainsi que fut créée en Finlande dès 1976, dix-neuf ans avant l’entrée de la Finlande dans l’Union européenne, l’école Jules Verne.

L ’école Jules Verne devant quitter ses anciens locaux, les parents d’élèves sous la présidence de Grégoire Rousseau et la directrice de l’école, Elisabeth Mouré, ont ainsi bénéficié dans leur recherche, du soutien entier des autorités finlandaises. Je citerai tout particulièrement le Maire d’Helsinki, Jussi Pajunen, le Recteur M. Pyysiäinen, mais aussi Kristina Kaihari, conseillère auprès du Ministre de l’Education finlandais, M. Gustavsson et dont la mère française est très active à Tampere, où elle a fondé la filière francophone de l’Institut. Qu’ils soient tous chaleureusement remerciés. L’école Jules Verne se trouve aujourd’hui dans des superbes bâtiments du 19ème siècle, dans le quartier de Ratakatu, en plein centre-ville. Preuve de l’excellence qui lui est reconnue, et garantie pour l’avenir, elle partage le site avec une école normale très réputée, utilisée pour la formation pédagogique des enseignants du secondaire en Finlande. Avec des élèves de dix nationalités différentes, elle s’attelle aussi à développer des projets innovants comme celui de ces « Artistes à l’école », lancé l’année dernière avec une réflexion artistique sur, justement, le déménagement, et pour l’année prochaine une autre sur le Clair-Obscur, étude de la lumière, de l’espace et de la relation entre objets et hommes. Un projet qui est aussi une ouverture sur la ville et le pays, en collaboration avec l’Académie des Beaux-Arts et nombre d’artistes contemporains finlandais de renom comme Petri Saasrikko qui a mis en place un projet original, Atwink et l’utilisation en art d’une approche technologique et électronique.

La seule inquiétude de notre communauté éducative française à Helsinki était liée à l’obligation pour tous les élèves du Lycée franco-finlandais de pratiquer couramment le finnois, ce qui était bien sûr très pénalisant pour des familles d’expatriés de passage pour un ou deux ans seulement à Helsinki. Le jour de l’inauguration, le Proviseur du Lycée franco-finlandais nous annonçait la levée de cette obligation jusque-là drastique, et la mise en place de passerelles permettant aux élèves de l’école Jules Verne d’intégrer plus facilement les classes du secondaire du Lycée franco-finlandais.

Avec le soutien actif et éclairé de notre Ambassadeur de France en Finlande, Eric Lebedel, du Conseiller de coopération et d’action culturelle, Georges Diener, de l’AEFE, représentée par son Directeur Europe Bernard Pujol et de l’ensemble de notre communauté éducative, bien conscients de l’importance d’un enseignement français de qualité dans ce pays ami et membre de l’Union européenne, l’école Jules Verne devrait donc continuer à se développer harmonieusement. Nous lui souhaitons une très longue et belle vie.