A l’occasion du débat sur le budget de l’aide publique au développement, j’ai interrogé le Ministre de la Coopération, Henri de Raincourt, sur le degré d’engagement de la France en matière d’intégration de la dimension transversale du « genre » dans toutes les dimensions de sa politique d’aide au développement – un sujet au sujet duquel je m’efforce d’interpeller mes différents interlocuteurs (comme, encore récemment, le Directeur du Trésor, Ramon Hernandez).
En cohérence avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement, le document-cadre sur la stratégie française de coopération reconnaît que la promotion du statut de la femme «se révèle un puissant moteur de développement ». Pourtant, cette priorité semble encore peiner à être réellement traduite en termes de choix opérationnels et budgétaires.
Pour l’année 2012, l’initiative de Muskoka relative à la santé maternelle et infantile semble quasiment constituer l’unique engagement budgétaire concret en faveur des femmes. Or, « promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes » (Objectif du Millénaire n°là3) va bien au-delà d’une telle approche. Il est urgent de ne plus réduire les femmes à un groupe « vulnérable », « à protéger », mais de leur donner les moyens d’être des actrices concrètes du développement. Il est essentiel de voir aussi en elles des actrices stratégiques pour le développement et, en conséquence, de leur donner les moyens d’apporter leur contribution non seulement dans les sphères de la famille et du social, mais aussi dans les choix économiques, politiques et environnementaux.
Une budgétisation sensible au genre devrait donc être appliquée de manière transversale, à l’ensemble des axes de notre coopération, de l’appui à l’activité économique à l’implication dans les structures de gouvernance, en passant bien sûr par les champs plus traditionnelles de l’éducation, la santé et la lutte contre les violences. L’adoption d’une telle démarche serait d’autant plus aisée que des outils en ce sens ont déjà été développés par le Fonds de développement des Nations unies pour la femme et le Comité d’aide au développement de l’OCDE.
Sans l’utilisation d’indicateurs sexo-spécifiques, la prise en compte de la dimension du genre dans les politiques en développement est condamnée à demeurer au rayon des bonnes intentions purement incantatoires…
Dans la seconde partie de mon intervention, j’ai demandé au Ministre des précisions quant au suivi des travaux du G20 en matière de création d’un socle universel de protection sociale – un dossier porté notamment par l’Organisation Internationale du Travail et par la Commission Bachelet qui, lui aussi, mériterait d’être au cœur des débats de la Conférence Rio +20 sur le développement durable, en juin prochain.
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-> Lire la lettre d’Henri de Raincourt apportant des éléments complémentaires à sa réponse dans l’hémicycle [Ajout le 4 janvier 2012]