Nov 19 2012

L’Europe, une affaire d’hommes ?

Parité et démocratie vont souvent de pair. Pas seulement pour favoriser une meilleure représentation des femmes, mais aussi pour assurer un renouvellement des profils aux plus hautes sphères décisionnelles. Les tensions autour du remplacement d’un membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) en sont une nouvelle illustration.

Au-delà des critiques quant à un directoire de 6 membres intégralement masculin (et un conseil des gouverneurs comptant actuellement 22 hommes et aucune femme…) alors même qu’un vivier de profils de candidates compétentes existe, c’est la procédure employée par le président du Conseil européen qui a mené au blocage. Alors que, depuis des mois, le Parlement européen demandait une candidature féminine, Herman Van Rompuy a tenté de passer outre les parlementaires pour imposer la nomination d’Yves Mersch.

Consternée par cette situation, j’ai cosigné un courrier initié par la vice-présidente du Sénat italien Emma Bonino, interpellant Herman Van Rompuy et Mario Draghi quant à la nécessité d’une représentation féminine – même minime ! – au sein des instances décisionnaires de la BCE.

Cette inertie des organes européens est d’autant plus inquiétante qu’elle coïncide avec l’adoption par la Commission européenne d’une directive vidant de sa substance le projet d’instauration d’un quota de 40% de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises – un dossier que je connais bien pour avoir défendu des mesures similaires, à l’échelle française, en tant que rapporteur pour la délégation des femmes du Sénat et que j’avais aussi présentées au think tank de l’université John Hopkins de Washington DC. Cette décision européenne de faire du quota de 40% non plus une « obligation » mais un « objectif » qu’il reviendra aux Etats de sanctionner ou non, rend la législation contraignante adoptée par la France d’autant plus précieuse.

→ Lire la lettre ouverte à Herman Van Rompuy et Mario Draghi

→ Voir la directive européenne relative à un meilleur équilibre hommes-femmes parmi les administrateurs non exécutifs des sociétés cotées en bourse

→ Voir mon rapport de 2010 sur la parité pour la gouvernance des entreprises et la loi n° 2011-103 du 27 janvier 2011 relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance et à l’égalité professionnelle