Tandis que le gouvernement s’efforce de communiquer sur son « bébé », l’élection des conseillers consulaires, la mobilisation en vue des élections européennes, qui ont pourtant lieu le même jour, passe à la trappe.
C’est pourtant la première fois depuis dix ans que les Français de l’étranger pourront voter dans les consulats pour élire leurs eurodéputés, en application de la loi du 26 mai 2011. La régionalisation du scrutin décidée en 2003 les avait en effet privés de ce droit, ne leur laissant que la possibilité de voter par procuration ou, pour ceux établis dans l’UE, pour une liste de leur pays de résidence.
Bien sûr, l’on ne peut que déplorer que les Français de l’étranger n’aient pas au Parlement européen de représentants spécifiques – à l’instar de leur représentation au Sénat et à l’Assemblée nationale. J’avais dès les années 1990 (je n’étais pas encore sénateur !) prôné une « représentation spécifique des expatriés européens dans les institutions européennes« . Suite à l’obtention par la France de deux eurodéputés supplémentaires j’avais, en 2009, demandé à ce qu’ils permettent une représentation spécifique des expatriés (voir article du Bulletin Quotidien) – demande ensuite réitérée par une proposition de loi et une interpellation du ministre des affaires européennes à l’occasion d’une séance de questions cribles.
Le poids démographique des Français de l’étranger aurait en effet justifié que deux sièges d’eurodéputés leur soient attribués. Mais le gouvernement Ayrault a préféré rajouter ces deux sièges à la circonscription Ile-de-France, à laquelle seront donc rattachés les Français de l’étranger. Ils représenteront ainsi 15% des 8 millions d’électeurs de la circonscription « Ile-de-France / Français établis hors de France ». Un potentiel considérable… s’il n’était pas miné par des phénomènes d’abstention.
Les difficultés matérielles à voter – en particulier pour les personnes géographiquement très éloignées des centres de vote – expliquent une abstention traditionnellement élevée parmi les Français établis hors de France. Le phénomène risque cette fois d’être aggravé par plusieurs erreurs du gouvernement :
- Toute la communication (sites internet des consulats, réseaux sociaux, médias…) se focalise sur les élections des conseillers consulaires, fruit d’une réforme controversée et précipitée, dont l’objectif principal est la modification du collège électoral des sénateurs établis hors de France avant l’échéance de l’automne 2014. Les élections européennes, qui auront lieu en même temps, sont complètement escamotées, alors même qu’il conviendrait d’avertir les Français de l’étranger qu’ils pourront pour la première fois depuis 2004 voter à l’urne dans leur consulat pour ce scrutin ;
- Le couplage des élections européennes avec une élection aux objectifs illisibles (rôle des conseillers consulaires flou, celui des délégués consulaires limité à leur vote pour les élections sénatoriales, introduction d’une élection à l’AFE au second degré) risque de nuire à la participation et de conduire à des confusions – donc à des bulletins nuls – dans les bureaux de vote qui devront être installés en double ;
- Le vote par Internet a été autorisé pour les élections des conseillers consulaires mais pas pour les européennes qui auront pourtant lieu le même jour. Lors des élections législatives de 2012, plus de la moitié des votants avaient choisi le vote électronique. Il existe donc un risque important que les électeurs votant par Internet pour les élections consulaires pendant la semaine précédant le scrutin à l’urne, ne se déplacent pas pour les élections européennes et omettent d’établir une procuration.
Les Français de l’étranger – dont la moitié vivent en Europe et expérimentent donc au quotidien la réalité de la construction européenne – ont pourtant un recul sur la politique nationale et les enjeux internationaux qui devrait les pousser à peser dans l’Union européenne.
Français de l’étranger, le 25 mai, mobilisez-vous !