Avr 22 2014

République dominicaine (4-8 avril 2014)

prison 2Avant de rejoindre Washington pour un séminaire de la Banque mondiale et du FMI, j’ai souhaité faire escale en République dominicaine pour y rencontrer notre communauté française, mais aussi Pascal Fauret et Bruno Odos, deux pilotes français emprisonnés depuis plus d’un an en République dominicaine, sans procès – maintes fois reporté – et sans même la moindre audition. Arrivée à l’aéroport de Punta Cana, c’est en compagnie des deux Consuls honoraires de la région Jean Michel Cau et Hubert Touret que j’ai pu aller à Higüey, ville de l’est du pays où sont incarcérés les deux hommes – (cf dépêche AFP ).

1505074Si la République Dominicaine est, hélas, connue pour être une importante plaque tournante du trafic de drogue (on estime à 60% les quantités de drogue qui passent sur son territoire), elle est aussi un pays passionnant, riche de contrastes et d’une Histoire qui se lit encore dans le vieux centre colonial de Saint Domingue, première capitale espagnole du Nouveau Monde, atteinte par Christophe Colomb en 1492. Son centre historique est merveilleusement préservé, avec notamment la Calle Las Damas (nommée après les dames d’honneur des filles de Christophe Colomb), première rue pavée des Amériques où se trouve notre Ambassade française, dans la superbe ancienne résidence de Cortès, construite par le premier gouverneur Nicolas de Ovando, où vécurent notamment aussi Pizarro, Velasquez…

Je remercie l’Ambassadrice Blandine Kreiss pour son accueil et l’éclairage passionnant qu’elle a pu m’apporter avec ses équipes sur cet État de 10,28 millions d’habitants, voisin des collectivités françaises d’outre-mer.

L’économie dominicaine, longtemps centrée sur les exportations agricoles, se réoriente vers le tourisme (avec 4,5 millions de touristes, le pays est devenu est la première destination touristique des Caraïbes), mais demeure très dépendante des États-Unis, vers lesquels se dirige la majeure partie de ses exportations et qui fournissent la moitié des entrées touristiques ainsi que l’essentiel des transferts de fonds des migrants. Elle a été très impactée par la crise de 2008. Un tiers de la population est pauvre et ce ratio est en hausse continue depuis le début des années 2000.

La population est jeune (22 ans en moyenne) et l’émigration forte : la diaspora est estimée à plus de 2 millions de personnes, installées aux États-Unis principalement. La France n’accueille pour sa part que 4 600 Dominicains, dont 3 500 dans ses collectivités d’outre-mer et un millier en métropole.

La République Dominicaine est un pays francophile, ayant tout récemment (en 2010) rejoint l’Organisation Internationale de la Francophonie en tant qu’observateur. Nos relations bilatérales sont anciennes et harmonieuses.

Environ 4 000 Français sont inscrits au registre consulaire (deux fois plus qu’il y a 10 ans !) et il est estimé qu’au moins autant vivent dans le pays sans être enregistrés au consulat. Par ailleurs, ce magnifique pays attire 400 000 touristes français chaque année.

J’ai eu le privilège d’échanger sur la situation de nos compatriotes avec les élus Richard Beauvais et Nicole Domino, et de rencontrer la communauté française lors d’une réception chez Nicole, ancienne élue et amie de plus de 20 ans.

Le rayonnement de la France en République dominicaine passe notamment par un magnifique Lycée en bord de mer (ouvert en 1978 avec 7 élèves… il y en a 100 fois plus aujourd’hui !) et un réseau de six Alliances françaises qui forme en continu des centaines de professeurs de langue. Fait remarquable : la langue française est désormais obligatoire dans les écoles, au même titre que l’anglais.

Sur le plan économique, la présence de la France repose encore trop sur nos seuls grands groupes et sur de gros contrats ponctuels : des échanges plus denses et stables doivent encore être développés. L’ouverture du marché européen dans le cadre de l’Accord de partenariat économique (APE) entre le CARIFORUM et l’Union européenne pourrait constituer une belle opportunité à cet égard. En 2012, les exportations françaises atteignaient 99,7 M€ et les importations 89,2 M€. A noter la surprenante faiblesse des échanges commerciaux avec les collectivités françaises d’Amérique, pourtant toutes proches : 11,9 M€, dont 97 % d’importations en provenance de la République dominicaine.