Le parti conservateur a obtenu la majorité absolue lors des élections législatives du 7 mai. Mieux, avec 331 députés, il gagne 24 sièges par rapport aux élections de 2010. Un triomphe que les sondages n’avaient pas anticipé et qui, pourtant, était prévisible.
Le bilan économique de David Cameron est en effet élogieux… surtout comparé au marasme économique de plusieurs de ses voisins européens, au premier rang desquels la France. Au Royaume-Uni, en 2014, la croissance a atteint 2,6% et deux millions d’emplois ont été créés. En reconduisant David Cameron, les électeurs britanniques ont envoyé un signal clair d’appui à une politique économique rigoureuse et libérale.
Reste à voir quelles seront les conséquences de cette élection sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne – une sortie pouvant s’avérer catastrophique pour l’ensemble de l’Union.
David Cameron a promis un référendum sur un éventuel « Brexit ». D’aucuns y voient déjà un risque majeur de sortie de l’UE. Ce serait oublier que David Cameron avait été décrit en 2010, par The Economist, comme « le dirigeant conservateur le plus proeuropéen » depuis longtemps. L’opinion publique britannique elle-même n’est fondamentalement eurosceptique – le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui prône le Brexit, n’a obtenu qu’un unique siège, et son dirigeant, Nigel Farage, a même été battu dans sa circonscription. Il se pourrait donc que les effets d’annonce sur le référendum de sortie de l’UE soient avant tout un levier politique pour David Cameron, pour obtenir des concessions de ses partenaires européens.
D’autant que le raz-de-marée des indépendantistes du Scottish National Party (SNP), avec 56 élus sur 59 en Ecosse, obligera Westminster à tenir davantage compte de la voix de la très pro-européenne Edimbourg. Un Brexit conduirait sans nul doute à un nouveau référendum écossais sur l’indépendance, qui pourrait cette fois se solder par un Royaume-Uni non seulement coupé de l’Europe mais aussi amputé de 70% de son territoire continental et de 10% de son PIB. Un scénario catastrophe, pour le Royaume-Uni comme pour l’Europe, que j’espère que nos voisins britanniques auront la sagesse d’éviter.
→ Voir ma communication à la commission des Affaires européennes sur l’indépendance de l’Ecosse et ma tribune dans le Huffington Post
→ Lire mon analyse sur la relation de défense franco-britannique