En mission pour l’Assemblée parlementaire de l’OTAN sur les questions de terrorisme au Tadjikistan et au Kazakhstan, j’ai tenu à démarrer ce voyage en Asie centrale par un passage en Ouzbékistan, à la rencontre de notre présence française dans le pays.
Après un vol de nuit de 6 heures sur Ouzbekistan Airlines (à quand une liaison directe Air France!?) et une arrivée à Tachkent à 6h30 du matin (3 heures30 heure française) j’ai débuté ma journée par une rencontre/réunion de travail avec l’Ambassadeur Jacques-Henry Heuls, « diplomate économique » passé par l’ESSEC et IBM qui venait de réussir l’exploit de faire venir à Tachkent une délégation de membres du MEDEF International.
Alors que, comme dans le reste de l’Asie Centrale, les opportunités économiques sont immenses, les entrepreneurs français étaient frileux face à ce pays de 30 millions d’habitants, avec une croissance de 8% en 2014, mais qu’ils avaient du mal à appréhender, du fait d’une part des inquiétudes suscitées par la proximité de l’Afghanistan, et d’autre part par la perception – largement erronée- d’une incertitude juridique dans le pays. Sans doute cela explique-t-il le refus du groupe Auchan, pourtant sollicité directement par les Ouzbeks il y a deux ans de s’installer dans le pays. Pourtant l’Ouzbekistan gagne à être connu, et pas uniquement par la beauté et la richesse de son patrimoine culturel. Tachkent, 2 millions et demi d’habitants, est une ville très agréable, aussi propre qu’aérée, largement reconstruite après le tremblement de terre de 1966 avec de beaux bâtiments d’architecture orientale tempérée d’un peu de rigueur soviétique. Certes la corruption est très présente (la fille aînée du Président Karimov qui tient le pays d’une main de fer depuis 1989 a été récemment assignée à résidence suite à de monstrueux abus) mais l’environnement y est si sécurisé que la petite communauté d’expatriés (moins de 100 inscrits au registre de l’Ambassade) se dit très heureuse d’y vivre, s’y sentant « plus en sécurité qu’à Paris »..
La présence française, malgré sa faiblesse numérique, y est très visible. D’abord par la superbe ambassade, un des rares bâtiments ayant résisté au tremblement de terre de 1966. Ensuite par une magnifique Alliance Française, qui n’est autre que l’ancien Institut français reconverti en Alliance suite à quelques difficultés juridiques et une ravissante petite école française qui accueille 125 élèves, ouzbeks à 80%, dans un ancien hôpital reconverti. J’ai également pu faire un point sur la situation de notre communauté et la relation bilatérale avec l’Ambassadeur, la première Conseillère Myriam Galland, le Conseiller de coopération et d’action culturelle Olivier Guillaume, le 1er Secrétaire Patrick Michaux, et la Consule Anne-Cecile Peltier.
Dans le cadre de mes travaux sur le terrorisme pour l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, il me semblait essentiel de préparer la mission que je devais effectuer au Tadjikistan et au Kazakhstan quelques jours plus tard par une évaluation de l’approche ouzbèke de cette question. J’ai ainsi pu échanger avec le Président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, l’ancien ministre des affaires étrangères du Sénat, M. Safaev que j’avais d’ailleurs rencontré lors de son passage à Paris deux semaines plus tôt, le vice-ministre des affaires étrangères M. Khakimov, Le directeur de l’Institut de monitoring de la législation auprès du Président M. Mukhamedov, et l’équipe de direction de l’Institut d’études stratégiques et régionales, lui aussi rattaché au Président de la République.
Autre question hautement stratégique pour l’Ouzbékistan : la gestion de l’eau. Un enjeu pour lequel la coopération internationale est particulièrement cruciale. J’ai ainsi pu participer à des échanges et à une réception dans les jardins de l’ambassade d’Allemagne à l’occasion de la Journée européenne de l’eau, avec la présentation d’un film poignant sur les ravages des changements climatiques et leurs désastreuses conséquences sur l’accès à l’eau. La désertification progressive mais brutale des côtes précédemment riches et poissonneuses de la mer d’Aral y était mise en évidence par le contraste avec des images d’archives datant d’il y a une soixante d’années à peine. Aujourd’hui toute la partie Sud de cette mer est devenue un véritable désert, une plaine de la mort…
Pour clore ce déplacement ouzbèke, j’ai eu la chance de profiter du week-end pour me rendre dans les villes mythiques de Samarcande et Boukhara. La France y est peu présente mais j’ai eu le plaisir de faire la connaissance de la seule Française y résidant, Hélène Pelosse, qui y a il y a quelques années restauré une vieille maison pour en faire un petit hôtel de charme, en plein cœur du centre historique. Dommage que plus de Français ne suivent son exemple pour aider à développer dans ce pays un tourisme de qualité.