Juil 21 2015

Patrimoine culturel : la nécessité d’une meilleure protection en cas de conflit armé

palmyreLa France, bien que partie prenante active à diverses initiatives en faveur de la protection du patrimoine culturel en cas de guerre – notamment au sein du Conseil de sécurité de l’ONU ou de l’UNESCO, n’a jamais adhéré au deuxième Protocole de 1999 relatif à la Convention de la Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armés. Une adhésion de la France, recommandée dans un récent avis de la CNCDH, permettrait de préciser les engagements internationaux de notre pays dans ce domaine et constituerait un signal important pour que d’autres États rejoignent cette initiative. Cela faciliterait également la montée en puissance de notre coopération technique sur ces sujets pour lesquels l’expertise française est déjà mondialement reconnue, enrichissant ainsi notre offre en matière d’aide bilatérale et multilatérale.

J’ai donc demandé au Ministre si la France si la France envisageait d’adhérer à ce Protocole et, si oui, selon quel calendrier. J’ai également demandé des précisions quant aux éventuels obstacles qui expliqueraient que la France n’ait pas adhéré à cet accord.

Par ailleurs, j’ai écrit à Laurent Fabius pour l’alerter sur la question de la protection des biens culturels yéménites, dont certains sont classés par l’UNESCO au patrimoine mondial, et qui ont fait l’objet de multiples raids saoudiens. J’appelle la diplomatie française à un dialogue plus franc avec l’Arabie saoudite pour parvenir à une résolution pacifique de la crise au Yémen. Les principaux bénéficiaires du chaos actuels sont les groupes fanatiques islamistes. A l’occasion de la visite en France du Prince Ben Salman, j’ai donc appelé Laurent Fabius à engager davantage la France sur ce dossier saoudien et à favoriser le dialogue entre sunnites et chiites, pour lutter contre les fanatiques de Daech, Al Qaida ou Boko Haram.

Au-delà de protection de ce riche patrimoine, l’enjeu est celui d’une sortie de crise pacifique, le bilan de l’opération militaire saoudienne s’avérant catastrophique. Les morts et blessés, essentiellement civils, se comptent par milliers, et une immense majorité de la population nécessite une aide alimentaire d’urgence. Du point de vue géopolitique, le chaos a permis à Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) d’affermir ses positions et a poussé Daech à perpétrer de nouveaux attentats. Le djihadisme sort renforcé de la crise. Le fait que l’offensive saoudienne s’affiche en réaction à l’influence de l’Iran complexifie encore la résolution des conflits dans la région. La France, qui jouit d’une excellente relation avec l’Arabie saoudite, me semble avoir la responsabilité d’intercéder auprès des autorités saoudiennes pour parvenir à une résolution pacifique de cette crise. Comme je l’écrivais il y a trois mois au sujet du blogueur Raif Badawi, c’est aussi l’attitude de notre diplomatie face à des Etats diffusant une conception rigoriste de l’Islam qui est en jeu.

Voir ma question écrite
Voir ma lettre à Laurent Fabius