Ancienne élue (pendant 16 ans) des Français du Royaume-Uni au Conseil Supérieur des Français de l’étranger, j’ai bien sûr tenu à être présente pour l’inauguration du Lycée Winston-Churchill par François Hollande. Ce lycée, nommé en l’honneur du plus prestigieux des hommes d’État britanniques – un beau symbole de l’amitié franco-britannique en cette année où nous célébrons le 70ème anniversaire de la fin de la 2ème guerre mondiale -, est devenu le troisième établissement français à Londres, après le Lycée Charles-de-Gaulle (dont nous avons tout récemment fêté le centenaire) et le collège français bilingue de Kentish Town. Ce lycée Winston Churchill est le fruit d’un remarquable partenariat public-privé et je voudrais saluer ici l’engagement des Trustees qui, sous l’impulsion d’Arnaud Vaissié, président de l’Union des Chambres de commerce françaises, ont réussi à lever les 53 millions d’Euros de fonds nécessaires à l’ouverture de ce magnifique Lycée.
Si la capacité cumulée de ces trois établissements est d’environ 6 400 élèves, elle ne couvre encore qu’une infime partie des besoins des quelque 350 000 Français résidant à Londres et dans ses environs. Chaque année, de très nombreuses familles se tournent donc vers l’enseignement britannique faute de places dans les écoles françaises – la liste d’attente pour le Lycée Charles de Gaulle variant de 600 à 800 enfants d’une année sur l’autre ! Mais pour nombre d’enfants scolarisés dans les écoles britanniques, préserver un créneau hebdomadaire minimal d’enseignement en français relève du casse-tête. Le problème est loin d’être nouveau. Avant même d’entrer au Sénat, je m’étais beaucoup impliquée en faveur des « petites écoles » aujourd’hui « labellisées » FLAM. J’avais d’ailleurs publié une brochure sur l’enseignement du français aux enfants de familles biculturelles établies à l’étranger, préfacée par le Secrétaire général de l’Organisation de la Francophonie, Monsieur Boutros Boutros-Ghali.
Si, comme je l’ai souligné à plusieurs reprises à l’occasion du débat sur la loi de finances, il est indispensable de continuer à soutenir notre réseau AEFE (494 écoles scolarisant plus de 300 000 enfants dans 136 pays) celui des établissements gérés par la Mission laïque française, le développement de nos petites écoles FLAM ainsi que les partenariats entre le CNED et des écoles locales, cela ne peut suffire. Il faut faire davantage, en particulier pour les familles établies à l’extérieur des grandes villes, pour lesquelles les temps de transport rendent inenvisageable une scolarisation dans les établissements français. A Londres comme dans quelques autres grandes capitales, il serait par exemple utile de créer des établissements dotés d’internats. De telles écoles pourraient non seulement répondre à une véritable demande de la part de familles françaises, mais également accueillir ponctuellement (par exemple le temps d’un semestre ou d’une année scolaire) des jeunes scolarisés en France, contribuant ainsi à l’indispensable ouverture internationale de notre enseignement secondaire.
Au-delà des besoins des familles françaises, l’enjeu est aussi celui du rayonnement français à l’international, l’excellence mondialement reconnue du système éducatif à la française contribuant très largement à notre politique d’influence et à la formation des élites étrangères.