C’est dans un contexte très particulier qu’a pris place mon déplacement en Guinée, puisqu’un nouveau gouvernement venait d’être nommé. Deux signaux forts pour cette nouvelle équipe : un premier ministre, Mamady Youla, issu du secteur privé et un nombre inédit de femmes – 7 sur 31 ministres, dont certaines à des postes clés, comme au ministère des Affaires Etrangères et des Guinéens de l’Etranger, désormais dirigé par Makalé Camara, qui fut Ambassadrice à Paris de 2007 à 2011.
Je suis très reconnaissante à notre Ambassadeur en Guinée et Sierra Leone, Bertrand Cochery un grand spécialiste de l’Afrique et des questions consulaires avec qui j’avais eu le plaisir de travailler, tant au Ministère des Affaires étrangères où il s’était occupé de sécurité, de coopération militaire et de défense et des Français de l’étranger qu’à Londres où il avait été consul général de 2005 à 2009, de m’avoir organisé une excellente visite – malgré un préavis assez court – pendant cette période de « vacances » parlementaires.
J’ai ainsi été reçue par le Premier Ministre Mamadi Youla, par la Ministre Makalé Camara (non seulement juriste et diplomate mais également figure de la société civile reconnue pour son engagement en faveur du dialogue politique et social et des droits des femmes), ainsi que par le président de l’assemblée nationale Claude Kory Koundiano et ses vice-présidents. Au cœur de nos discussions, bien sûr, le développement économique et social de la Guinée, qui arrive aujourd’hui à un tournant de son histoire. Ce pays possède un potentiel économique certain qu’il n’a jusqu’ici pas su valoriser. La lutte contre corruption sera une tâche urgente pour le nouveau gouvernement, l’ONG Transparency International classant régulièrement la Guinée parmi les pays où la perception de la corruption est la plus forte.
La Guinée a également été durement frappée par Ebola, officiellement éradiquée depuis le 29 décembre 2015, mais qui aura fait plus de 2 500 morts sur le territoire national. L’épidémie aura jeté une lumière crue sur les lacunes du système sanitaire et médical local, et mis en lumière l’urgence d’une coopération internationale accrue pour le renforcer. La France n’a d’ailleurs pas tardé à réagir en investissant dans des centres de traitement, en créant un Institut Pasteur à Conakry et un centre de formation. Considérée par le PNUD comme l’un des pays les plus pauvres du monde, la Guinée est l’un des bénéficiaires prioritaires de l’aide publique au développement française, tant par le biais de dons que d’allégements de dette.
La France y est le premier donateur bilatéral, devant le Japon et les États-Unis. J’ai ainsi eu la joie de visiter avec le Président de Guinée Alpha Condé et de Bernard Kouchner l’hôpital Mère-Enfant, ouvert l’an dernier par notre ancien ministre des affaires étrangères. Cette question de la coopération franco-guinéenne en santé publique, et les dossiers relatifs à nos programmes d’aide bilatérale ont été au cœur d’un déjeuner de travail à la Résidence de l’Ambassadeur de France à Conakry avec Bernard Kouchner et une équipe de chercheurs et médecins de la Croix Rouge, de l’Institut Mérieux et de l’Agence française de développement
Notre coopération en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme est également excellente comme en témoigne la qualité de l’aéroport de Conakry, géré à la perfection par une équipe de compatriotes.
J’ai abordé avec mes interlocuteurs guinéens et avec Daniel Couriol, le dynamique directeur du Centre culturel franco-guinéen, le dossier de la francophonie. La Guinée est membre de l’Organisation internationale de la francophonie, sa langue officielle est le français et le nombre de locuteurs francophones ne cesse d’augmenter… même si notre langue est de plus en plus concurrencée par l’anglais, particulièrement dans les régions frontalières du Liberia et de la Sierra Leone, ainsi que dans le monde universitaire et dans celui des affaires. Pour que la francophonie économique ne reste pas un vœu pieux, nous devons réagir.
Outre ce volet politique, ma visite à Conakry a été l’occasion de multiples rencontres avec nos compatriotes établis en Guinée, dont environ 3 000 sont inscrits au registre consulaire. J’ai notamment visité le très agréable lycée, où j’ai participé à des réunions à la fois avec les parents d’élèves et avec l’équipe de direction et les professeurs et le centre médico-social, déjeuné avec des conseillers du commerce extérieur. J’ai également participé à la cérémonie des vœux de l’Ambassade, aux côtés de l’ambassadeur Bertrand Cochery, de deux de nos trois Conseillers consulaires, Michèle Salomon Syllabe et Frédéric Bouzigues, ainsi que du Président de l’UFE Henri Ledoux que je remercie particulièrement pour le très sympathique dîner d’accueil organisé par lui avec les membres de son bureau dès mon arrivée à Conakry. Quant à Frédéric Bouzigues, je ne saurais assez le remercier et le féliciter pour la qualité de son action d’élu au service de ses compatriotes de Guinée et de Sierra Leone et pour ses capacités organisationnelles..
Parmi les sujets de préoccupation du moment, hélas, la sécurité. Même si la Guinée n’a pour l’instant pas été visée par des attentats terroristes, les autorités prennent la menace très au sérieux au vu de l’actualité régionale. Outre les mesures récemment prises par le Président de la République, il importe que les ressortissants français se montrent vigilants.
Plus encourageante, la thématique de l’accroissement des échanges commerciaux. Grâce aux efforts du MEDEF et de la confédération du patronat de Guinée, plusieurs projets d’investissement français en Guinée se sont récemment concrétisés ces dernières années, notamment en matière de traitement des déchets urbains et de restructuration du réseau d’eau. Les entreprises françaises sont particulièrement présentes dans le secteur de la logistique et dans celui des services. On compte également – et c’est une vraie richesse qui pourrait être mieux valorisée – une multitude de petites entreprises de droit local, appartenant à des personnes physiques françaises, associées ou non à des partenaires guinéens.
Les opportunités pour la France, tant sur le plan commercial qu’en matière de rayonnement culturel et de politique d’influence, sont riches et variées, et le rôle de nos compatriotes établis sur place est particulièrement crucial pour les concrétiser.