La vague migratoire engendrée par les conflits au Moyen-Orient, d’ampleur inédite depuis la seconde guerre mondiale, met nos sociétés à rude épreuve. Je suis intervenue à la tribune du Sénat dans le débat demandé sur ce sujet par le groupe des Républicains.
La « jungle de Calais » nous interroge sur notre capacité à accueillir dignement ceux qui fuient la guerre et la misère et à les mettre à l’abri des mafias. La porosité est en effet grande entre les réseaux de passeurs et ceux spécialisés dans la traite des êtres humains – exploitation sexuelle et par le travail.
Mais il faut garder en tête que l’afflux que nous subissons est sans commune mesure avec celui auquel doit faire face la Grèce, où des dizaines de milliers de migrants sont bloqués, suite à la quasi-fermeture des frontières des Etats balkaniques. Au-delà de la détresse humanitaire, c’est la cohésion européenne qui est mise à l’épreuve, avec un risque réel d’effondrement du principe de Schengen de libre-circulation des biens et des personnes, pilier fondamental de la construction européenne et enjeu économique énorme.
N’oublions pas non plus qu’au Liban ou en Jordanie, les réfugiés pèsent désormais pour un quart de la population. Il est indispensable d’aider ces pays, notamment au travers de notre aide au développement. Il faut de nouveaux accords de Bretton Woods.
La situation est explosive. Pour relever ces défis, la coopération européenne et internationale est indispensable. Sachons discerner les priorités. Ne laissons pas les égoïsmes triompher, alors même que la violence obscurantiste est à nos portes. Notre pays, patrie historique des droits de l’homme, se doit d’être leader en Europe sur cette question. C’est un devoir pour nous tous.