Interview publié par Le Petit Journal Dubai :
Madame la Sénatrice, vous êtes très impliquée dans la Francophonie, Comment les Alliances Françaises portent-elles cette belle idée, fédératrice d’un idéal culturel et linguistique?
Les Alliances françaises sont un fleuron de la culture française et la pierre d’angle de la francophonie. La France est en effet la première nation à avoir mis sur pied un tel réseau culturel à l’étranger, qui a ensuite été une source d’inspiration pour les Goethe Institut allemands, les Instituts Cervantès espagnols, les British Council britanniques ou encore, depuis une dizaine d’années, les Instituts Confucius chinois.
Très attachée à la francophonie et au rayonnement de la France – en faveur duquel j’ai fondé un Prix – j’ai toujours été admirative de l’ingéniosité déployée par les directeurs d’Alliance, dans un contexte de restrictions budgétaires croissantes, pour donner un nouvel élan à notre influence culturelle, linguistique – mais aussi économique, dans leurs pays de résidence. Ils portent haut les couleurs d’une francophonie qui ne se limite pas à la diffusion d’une langue et à un nombre de locuteurs, mais qui cherche toujours à se renouveler et à convaincre. J’ai une immense estime pour eux, leurs qualités personnelles, leur engagement et leur travail.
Un directeur a donc un parcours lié à la Francophonie ?
Effectivement, un directeur d’Alliance a pour mission de promouvoir la diversité culturelle, la culture et la langue française, et la francophonie. C’est là un vrai défi et un enjeu essentiel puisque, selon les projections, nous devrions être 700 millions de francophones dans le monde en 2050. Mais encore faut-il que ces millions de locuteurs s’approprient cette francophonie dans toutes ses dimensions, notamment culturelles ou artistiques, bien au-delà du simple apprentissage de la langue.
Quelle vision de la francophonie les Alliances promeuvent-elles ?
De par leur mode de gouvernance – des associations de droit local, en lien étroit avec des partenaires et avec une co-direction franco-locale – les Alliances françaises diffusent une conception de la francophonie fondée sur le dialogue des cultures et l’échange. Il est pour moi très important de ne pas transmettre notre culture d’une manière qui pourrait être perçue comme paternaliste, arrogante ou condescendante mais de la faire rayonner à travers des échanges constructifs et des partenariats concrets.
A l’heure où les contraintes budgétaires poussent trop souvent la France à se séparer un peu précipitamment de fleurons de notre patrimoine à l’étranger, les Alliances Françaises démontrent que des solutions innovantes peuvent permettre non seulement de conserver ces témoins de notre Histoire, mais aussi de leur offrir une nouvelle jeunesse ! Il ne s’agit pas ici de conservatisme ou de sentimentalisme, mais bien d’une stratégie d’influence.
Partout dans le monde, les Alliances françaises sont bien souvent la toute première vitrine de la France et l’accueil se doit donc d’y être irréprochable afin d’offrir la meilleure image possible de notre pays.
Depuis sa création en 1883, l’Alliance Française est devenue la plus grande ONG culturelle du monde que le Général De Gaulle présentait comme « l’une des plus grandes ambassadrices de la pensée française ».
Quel est le rôle de la Fondation Alliance ?
La création de la Fondation Alliance française en juillet 2007 a décuplé la présence et l’impact de ce beau réseau culturel en facilitant la mutualisation de services et l’échange de bonnes pratiques et d’idées lumineuses. Présidée par Jérôme Clément- qui est d’ailleurs membre du jury du Prix du Rayonnement – elle apporte son soutien à plus de 800 Alliances Françaises, présentes dans 132 pays, avec plus de 500 000 étudiants ! Grâce à la Fondation Alliance française, notre rayonnement linguistique et culturel ne s’appuie pas simplement sur une multitude de centres dispersés de par les 5 continents, mais sur un réseau international unique au monde, cohérent et créateur de nouvelles dynamiques.
La Fondation travaille avec ses équipes, ses directeurs, au projet Alliance 2020 qui devrait donner un nouvel élan à ce réseau que le monde nous envie, et par là, à la Francophonie.
L’Alliance Française se développe grandement dans cette belle mégapole qu’est Dubai, les événements y sont nombreux et de grande qualité. Son directeur achève la rénovation des locaux, projette des antennes …
Je le suis depuis Mexico, une Alliance qu’il développait d’une manière exceptionnelle, tant dans le réseau des Alliances françaises que lors de sa mission de Conseiller pour les sciences à la Commission nationale de l’UNESCO où j’ai moi-même l’honneur de représenter le Sénat.
Partout où il passe, il réussit admirablement à promouvoir notre langue et notre culture en lien avec nos Ambassades et un réseau de partenaires de plus en plus large : de partenaire culturel du Sommet de la Francophonie de Moncton en 2001 et des jeux de la Francophonie qui suivirent à Ottawa, jusqu’à Malaga où il ouvrit des antennes à Almería, Nerja et même à Melilla au Maroc. Ensuite il a piloté avec maestria l’achat et la rénovation d’un immeuble dans le centre historique, dans lequel ont été rassemblés l’Alliance Française, le Consulat honoraire et la Chambre de commerce française – une Maison de la France, créatrice de synergies – un ancrage fort, appuyé par l’Ambassade de France, des qualités qui ont aussi abouti à l’ouverture en 2011 du premier musée français hors de l’hexagone, le Centre Pompidou Málaga, grâce aux liens amicaux tissés avec les autorités locales et la confiance et l’appui de son Service culturel. J’ai eu le plaisir de lui remettre les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur donnés par le Secrétaire d’Etat pour son action en faveur de la Francophonie qui sont le témoignage de la reconnaissance de la République Française pour ses mérites éminents, son travail, son engagement.
Vous avez aussi pour missionla Délégation aux Droits des Femmes et à l’égalité des chances entre Femmes et Hommes, les Alliances Françaises défendent elles ces valeurs ?
Oui bien sûr, des Seychelles à Colombo, de Buenos Aires à Rio, de Melbourne à Accra, en passant par la Fondation Alliance Française qui avait organisé son 2èmeconcours photo international sur le thème « Planète femmes »,beaucoup le font et ce principe d’égalité sous-tend nombre de leurs actions. Dans certains pays, les Alliances sont des espaces de liberté où les femmes peuvent, outre l’apprentissage de notre langue et de notre culture, se familiariser à de « bonnes pratiques » qui peuvent les aider à devenir plus autonomes. Là encore nous pouvons faire la différence ! A Dubai, Bernard Frontero a justement mis en place, avec des partenaires professionnels – IWPA et Antidote notamment –un magnifique concours mondial de femmes photographes qui tourne dans le Moyen Orient et en Europe. L’exposition sera cet automne à Marseille pour le Festival du film de Femmes…une belle réussite encore pour notre directeur…