Oct 27 2011

Egypte, Tunisie, Libye,… La France doit rester vigilante sur le respect des droits de l’Homme en général et ceux de la femme en particulier

La percée du parti conservateur islamiste Ennahda aux élections à l’Assemblée constituante en Tunisie et les déclarations précipitées des nouveaux dirigeants libyens sur une application stricte de la Charia ont quelque peu refroidi les espoirs qui accompagnaient depuis quelques mois le mouvement appelé « Printemps arabes » à travers lequel, de l’Egypte au Maroc, en passant par la Tunisie, la Lybie et même l’Arabie Saoudite, la rue arabe a exprimé, parfois les armes à la main, son envie de démocratie et de liberté.

Ces révolutions populaires sont une réelle opportunité pour qu’enfin, plus de droits aux femmes arabes et musulmanes soient accordés. Mais, en même temps, le risque est grand que, sous couvert de la légitimité que confère l’organisation d’élections démocratiques, des partis religieux, mieux organisés et plus facilement identifiables que leurs concurrents naissants et éparpillés, ne prennent le pouvoir.

Or, il n’y aura pas de démocratie sans les femmes. Et celles-ci ne réclament pas de droits spécifiques, mais simplement une citoyenneté à part entière, à l’égal des hommes et dans tous les domaines : politiques, économiques, juridiques et familiaux.

Je me réjouis donc que le Président de la République ait rappelé à l’occasion du dernier Conseil des Ministres que « tout l’enjeu des printemps arabes était de sortir de cette fausse alternative qui existe entre dictature et intégrisme » et que  « la France serait vigilante sur le respect des droits de l’Homme et des principes démocratiques, notamment la diversité culturelle et religieuse et l’égalité des hommes et des femmes ».

Heureusement des signes positifs nous permettent encore de garder l’espoir. Au Maroc, la nouvelle constitution adoptée le 1er juillet, appelle à un projet pour établir un « partage équitable entre les hommes et les femmes ». Le souffle des réformes a même porté jusqu’en Arabie Saoudite, puisque le roi Abdallah vient d’accomplir un geste historique en accordant, enfin, le droit de vote aux Saoudiennes. Elles auront également le droit de se présenter aux élections municipales, ainsi que de faire leur entrée au Majlis al-Choura, un conseil consultatif… En attendant mieux !

Au-delà du poids des religions et des traditions, l’émancipation de la femme reste donc possible et il n’est peut-être pas si éloigné le temps où les pays arabes pourront, enfin, ratifier à l’ONU la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) A nous de développer nos forces de persuasion et de rester vigilant(e)s.