Infolettre 2019-1

Avr 03 2019

« N’ayez pas peur » (éditorial janvier à mars 2019)

2019 a débuté dans un climat de grande incertitude. L’année 2018 s’était terminée dans les affres des manifestations des Gilets Jaunes  et des violences corollaires. La presse internationale relaie des images et des mots très durs. Nos compatriotes de l’étranger doivent se demander ce qui peut bien se passer en France. Comment en est-on arrivé là ?
Certes certaines maladresses et rigidités dans la politique gouvernementale peuvent expliquer l’exaspération populaire:  hausse du prix de l’essence, accumulation d’une série de taxes..  Mais le « ras le bol »  qui s’est exprimé au début du mouvement de protestation va bien au-delà d’une  simple réaction à la pression fiscale.  Beaucoup de nos compatriotes ont tout simplement l’impression de ne plus être entendus, d’avoir perdu le contrôle de leur destin.

La grande historienne de la Révolution française, Mona Ozouf, dans le premier numéro de l’excellente revue publiée par Eric Fottorino, Zadig, se penche sur les similitudes avec la Révolution Française, mettant en garde : « Les sans-culottes se disaient le peuple pur, par opposition aux représentants tenus pour impurs. Mais Michelet écrit très justement qu’en 1793, le peuple est rentré chez lui. Ce sont les activistes qui restent, pas le peuple… ». Mais le moteur de tout ceci est la peur. C’est une peur, une immense peur,  quasi irrationnelle, qui s’est exprimée.  Peur et violence vont souvent de pair. Dans un livre publié il y a près de 30 ans, Le Village des Cannibales,  l’historien Alain Corbin se penche sur l’affaire d’Hautefaye, quand le 16 août 1870 en pleine guerre franco prussienne, la population apeurée prend un homme pour un prussien et le lynche. On peut presque déceler cela peu de cela dans les actes de violence des Gilets Jaunes.

Face à ce mouvement venant des profondeurs du pays, l’exécutif est apparu totalement désarçonné. Quelle réponse apporter ? Quelles mesures prendre ?
Ces hommes et ces femmes, revêtus de leurs gilets jaunes campant sur les rond points  sont le visage d’une France délaissée depuis de très nombreuses années.  Les gouvernements successifs se sont inquiétés du destin de nos banlieues, mais qu’a-t-on fait pour cette France périphérique ? Nicolas Sarkozy avait perçu la nécessité de distinguer « ceux qui se lèvent tôt» pour travailler et dont le labeur est souvent mal récompensé. Défiscaliser les heures supplémentaires fut une mesure phare et judicieuse de son quinquennat  Mais la crise est passée et Nicolas Sarkozy a dû faire face à des urgences incontournables.  Son successeur, lui, a détruit ce qui avait été fait et a  détourné les yeux. Qu’a t-il fait pour ceux qu’il appelait les «  sans-dents » ?
Si François Hollande a négligé les « sans-dents »,  son successeur lui s’est réveillé avec de nouveaux « sans-culottes ».  La position du Président de la République est difficile.  Père de la Nation,  il doit écouter ceux qui crient leur souffrance et il doit panser les plaies. On attend de lui qu’il guérisse les écrouelles. «  Le Roi te touche, Dieu te guérit », cette formule immémorable prononcée par nos Rois après leur sacre, est ancrée dans l’inconscient de nombreux Français. Or le Roi est nu. Lui s’en rend compte. Lui sait que la dette publique au sens des critères de Maastricht s’élève aujourd’hui à 2 358,9 milliards d’euros. Nos compatriotes pas encore, habitués à tout attendre de l’Etat.

Chef de l’Etat, Emmanuel Macron  avait  aussi l’obligation de faire restaurer l’ordre. Le choix d’un grand débat national a été une réponse intelligente à cette exigence d’écoute, de reconnaissance, de dignité. Parlementaire des Français de l’étranger j’ai activement milité pour que nous y participions en tant que tels. Cette consultation qui n’était pas évidente à première vue, a finalement recueilli nombre de contributions. Merci à Jean-Yves Le Drian et à Jean-Baptiste Lemoyne pour leur écoute.

En ce début de printemps,  l’appel à la confiance prononcé le  22 octobre 1978  par un jeune pape polonais résonne encore en moi : «  N’ayez pas peur ! ». Aujourd’hui, alors que les populistes,  jouent sur les peurs  – immigration, mondialisation etc…  –  et animent les haines, l’appel du Pape Jean-Paul II à l’espérance et à l’audace  doit nous animer. Le pire n’est jamais certain. Il nous revient de construire et de montrer le chemin.

 

Joëlle Garriaud-Maylam, avril 2019

Mar 20 2019

Grand Débat National : participation des Français de l’Etranger

De nombreux Français de l’étranger s’étaient légitimement étonnés de l’absence d’informations concernant une éventuelle participation au ”Grand Débat” décidé par le Président Macron qui s’ouvrira très prochainement. J’ai donc déposé une question écrite (publiée au Journal Officiel du 10 janvier, page 84, et reproduite également ici) au Ministre de l’Europe et des affaires étrangères, qui concerne notamment 3 points concrets de mise en œuvre, relatifs aux spécificités de notre présence française à l’étranger :

  • la présence de cahiers de doléances dans les consulats
    • la disponibilité des outils numériques et méthodologiques
    • la participation aux conférences prévues dans le cadre du Débat -au minimum par visioconférence.

J’ai également envoyé copie de cette Question écrite par courrier au Ministre et au Président de la République.

Ce dernier a par la suite assuré que les Français de l’étranger seraient pris en compte, sans apporter plus de précisions.

Egalement informé, le Président du Sénat Gérard Larcher m’a réaffirmé son engagement pour que l’ensemble des Français soient effectivement consultés, et souligné le rôle crucial que le gouvernement devra jouer dans l’arbitrage des débats à venir.

–> Le site officiel du Grand Débat :https://www.gouvernement.fr/le-grand-debat-national

–> La réponse à la question

–> La réponse du Président du Sénat Monsieur Gérard Larcher

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Mar 15 2019

Un Brexit dur et inquiétant pour les expatriés

 

Un Brexit « dur » est de plus en plus probable et impacterait inévitablement les droits des expatriés français au Royaume-Uni ainsi que les Britanniques en France.

Le dossier n’avance pas, il recule. Le texte de Theresa May négocié depuis plus de 17 mois avec l’Union européenne a été repoussé par les parlementaires britanniques avec plus de 200 voix d’écart. Nous sommes désormais dans le pire des scénario possibles.

La Commission européenne a fait savoir qu’elle ne comptait pas renégocier l’accord sur le Brexit, tout comme Paris et Berlin. En attendant, Theresa May a demandé à son gouvernement d’accélérer les préparatifs pour une sortie sans accord de l’Union européenne au 29 mars 2019.

Mais, quelles en seraient les conséquences pour les 300.000 expatriés français résidant au Royaume-Uni ?

Le gouvernement britannique explique qu’en l’absence d’accord, le dispositif de résident « EU Settlement Scheme » permanent sera mis en œuvre du 29 mars 2019 jusqu’à la fin de la période de transition du Brexit, le 31 décembre 2020. Autrement dit, durant ce laps de temps, les anciens expatriés français et les nouveaux, bénéficieront des mêmes droits que les citoyens britanniques. À savoir : droit de séjourner au Royaume-Uni, d’y chercher un emploi, d’y travailler sans permis de travail, et d’y jouir d’une égalité d’accès aux soins de santé, aux pensions de retraite et autres prestations sociales. Les résidents français pourront également quitter le Royaume-Uni pendant cinq ans au maximum tout en conservant ces droits.

Mais une fois ce délai dépassé, ils seront soumis aux nouvelles règles migratoires encore floues pour les citoyens de l’Union européenne.

Pour conserver les mêmes droits que les citoyens britanniques, les expatriés français ont jusqu’au 30 juin 2021 pour demander un nouveau statut de résidence. Le premier, celui de résident permanent, concerne ceux installés depuis plus de cinq ans à la date du 31 décembre 2020. Le second, celui de résident provisoire, est attribué à ceux vivant depuis moins de cinq ans au Royaume-Uni à cette même date. Ce statut permet aux expatriés de rester jusqu’à atteindre les cinq ans de résidence et ainsi de bénéficier du statut de résident permanent. Attention, il faut tout de même avoir vécu au minimum six mois consécutifs au Royaume-Uni à la date du 31 décembre 2020 pour espérer obtenir le statut de résident provisoire.

Le gouvernement britannique assure que « le processus d’application est conçu pour être simple. La plupart des personnes auront uniquement à prouver leur identité, montrer qu’ils vivent ici, et déclarer qu’ils n’ont pas de condamnation pénale ». Et d’ajouter : « Nous allons également consulter les relevés d’emploi et de prestations sociales dont nous disposons au sein du gouvernement, ce qui signifie que pour de nombreuses personnes, la preuve qu’ils résident en Angleterre sera automatique ». Finalement, la demande de statut se fera en ligne via un formulaire où il faudra renseigner des informations personnelles. Il en coûtera 65 livres sterling pour les plus de 16 ans et 32,50 livres pour les moins de 16 ans. Ceux qui ont déjà un document de résidence permanente pourront l’échanger gratuitement contre leur document de résident permanent.

Cependant, pour des experts en migration (de l’université d’Oxford), certains expatriés rencontreront des difficultés dans leurs démarches. Et quant aux expatriés arrivant en Angleterre après la période de transition, à partir du 1er janvier 2021, le ministère de l’intérieur britannique planche en ce moment sur un plan d’immigration post-Brexit. Il reste encore à finaliser et à être approuvé par le gouvernement britannique.

Le gouvernement français doit prendre en compte ces 300 000 Français et les milliers de potentiels expatriés dans le futur. Les expatriés n’ont pas eu la chance de prendre part au référendum, ils ne doivent pas payer les politiques politiciennes et les guerres d’égo. C’est pour ceci, que je propose une commission interparlementaire (Sénat – Assemblée nationale – La Chambre des communes) pour que les parlementaires travaillent sur une proposition « d’assurance expatriée » quel que soit l’issue du Brexit. Après la mise en œuvre du Brexit, cette même commission pourrait traiter tous les cas délicats que ce processus déclenchera.

https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-16-janvier-2019

Mar 07 2019

Athènes (du 3 au 6 mars)

Dans le cadre de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, je me suis rendue du 3 au 6 mars 2019 au Parlement d’Athènes pour toute une série de réunions autour de deux sujets ;

  1. Les problématiques de défense
  2. La sécurité frontalière et celle des migrants et réfugiés en Mer Egée

La République hellénique, présidée par M. Prokopis Pavlopoulos, compte 10 700 000 habitants, dont 98% d’orthodoxes.

Avec un PIB par habitant de 16 952 €, contre 34 200 € en France, la Grèce traverse une crise économique sans précédent, ayant portée le taux de chômage à plus de 20%, et affectant lourdement ses relations commerciales bilatérales avec son principal client (l’Italie) et ses principaux fournisseurs (l’Allemagne et la Corée du Sud). Pour autant, la France demeure un partenaire commercial et politique solide, ayant importé pour 630,7 millions d’euros de marchandises en 2017 depuis la Grèce. Le solde commercial bilatéral s’élève ainsi à un volume annuel moyen d’1,5 milliard d’euros,

Forte de 10 080 inscrits sur les listes consulaires en 2017 (30 000 présents estimés), dont 54% de binationaux, la communauté française établie en Grèce est représentée par quatre conseillers consulaires ; Mme Chantal PICHARLES (siégeant également à l’Assemblée des Français de l’Etranger), M. Basile DELIVORIAS, Mme Françoise DESCHAMPS et Mme Nelly MULLER.

Ce déplacement m’a donné l’occasion, dans ce berceau de la démocratie, de féliciter nos collègues grecs pour leur ratification, le 25 janvier, de l’accord de Prespa, sur le nom de son voisin, “République de Macédoine du Nord”, après 28 ans de conflits sur ce sujet identitaire. Les relations greco-turques, avec notamment l’excellente coopération entre garde-côtiers des deux pays, s’améliorent nettement avec, comme l’a souligné le Commandant Christianios, leur responsable en Grèce. Les réunions régulières avec son homologue l’amiral Ahmed Kadir en attestent.

J’ai en revanche souligné mon exaspération de constater que, malgré l’arrestation de 420 passeurs par la Grèce, nous n’arrivons toujours pas à démanteler les réseaux mafieux de coordination de passeurs, ces criminels qui extorquent des sommes considérables de pauvres hères (à 51% des Afghans, puis des irakiens, Pakistanais, de moins en moins de Syriens mais de plus en plus de migrants africains, notamment camerounais et congolais) rêvant d’un avenir meilleur dans une Europe idéalisée.

Il ne faut pas non plus négliger l’importance de la prévention, avec comme exemple d’outil particulièrement utile la plate-forme « Info-migrants », mise en place en 2017 sur une initiative de France Media Monde en coopération avec la Deutsche Welle et avec le soutien de l’UE. Il s’agit d’une plateforme en cinq langues avec 10 millions de connexions (en 6 mois seulement, plus de 100 000 connections en langue pachtoune).

 

 

 

 

Après les réunions du 5 mars au matin, j’ai eu l’occasion de me rendre au camp de réfugiés d’Elaionas, camp établi en 2016 dans une zone industrielle et défavorisée d’Athènes pour y accueillir temporairement les réfugiés syriens. Ils ne devaient y rester qu’une nuit ; ce camp accueille aujourd’hui 1500 personnes – dont un tiers d’enfants – de 38 nationalités (à majorité syrienne et afghane). Le camp est très bien entretenu, avec des services médicaux administratifs et sociaux efficaces et les façades multicolores lui confèrent un aspect agréable, au regard de ceux que j’ai pu visiter au Moyen-Orient.

Les enfants vont à l’école (une petite kurde de Kobané nous a confié qu’elle travaillait dur pour devenir médecin), les hommes s’occupent avec des petits boulots, comme dans un atelier de fabrication de meubles basiques, ou encore en repeignant les murs.

Malgré la crise économique terrible qu’elle a traversée, la Grèce a su venir en aide à ces migrants et leur assurer un minimum de normalité.

 

Il aurait été dommage d’être en Grèce pour y débattre de la problématique des migrants sans voir sur le terrain (ou plus exactement sur les eaux de la Mer Egée) le travail de ceux qui ont pour mission de protéger les 18000 kms de côtes grecques, de lutter contre les trafics en tous genres, mais qui n’hésitent pas non plus à se porter au secours des migrants en difficulté en les sauvant de la noyade, les passeurs refusant de leur donner des gilets de sauvetage, trop encombrants quand on peut vendre très cher des places sur des embarcations de fortune.

Le commandant Georgios Christianos, responsable du commandement intégré de surveillance maritime et des garde-côtes, nous a permis d’embarquer sur le Gavdos (du nom de l’île la plus méridionale de Grèce -et d’Europe-, au sud de la Crète), et de tester en haute Mer les qualités indéniables de ce patrouilleur ultra-moderne de 57 mètres avec une vitesse de 32 noeuds, construit en 2015 dans les chantiers navals néerlandais et financé à 82,5% par l’Union européenne pour être affecté aux activités de police des mers et de recherche et sauvetage dans les eaux territoriales grecques.

 

En rentrant au Pirée sur le navire patrouilleur, nous aperçûmes avec étonnement (l’attaché naval de l’ambassade nous ayant dit la veille que les bateaux de la marine nationale n’accostaient quasiment plus dans le Péloponnèse mais essentiellement en Crète) le drapeau français sur une majestueuse frégate. Avec mes collègues Philippe Folliot, député du Tarn et Sonia Krimi, députée de Cherbourg, nous décidâmes aussitôt de nous y rendre. Belle surprise pour moi, il s’agissait de la frégate de lutte anti-sous-marine Latouche-Tréville que je connaissais déjà pour y avoir célébré un 14 juillet à Londres il y a une vingtaine d’années. J’y retrouvais d’ailleurs un Major, qui lui aussi se souvenait très bien de ce 14 juillet sous le Tower Bridge, lorsque le très regretté amiral Yves de Kersauson était encore notre attaché naval et de défense en Grande-Bretagne…

 

 

Il me faut remercier tout particulièrement le Président du Parlement grec Nikolaus Voutsis pour son accueil, ainsi que les ministres présents, notamment Evangelos Apostolakis, nouveau ministre de La Défense grecque après avoir été Chef d’Etat-major des Armées. Les différents intervenants (dont notre compatriote Philippe Leclerc, représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés -HCR) ont permis de tenir d’excellents débats. Sans oublier notre ambassadeur de France en Grèce, Christophe Chantepy, qui a accueilli la délégation française (4 députés et moi pour le Sénat) pour un petit-déjeuner de travail avant le début de nos travaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

Fév 20 2019

Bruxelles (18 et 19 février)

 

Le 18 février au matin, notre commission permanente de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN s’est réunie dans l’environnement hyper-sécurisé de son ultra-moderne et splendide nouveau siège.

Etaient présents : le Secrétaire Général Jens Stoltenberg et ses adjoints, les ambassadeurs des pays-membres auprès de l’OTAN (Helene Duchêne pour la France), les responsables de délégations nationales ou présidents de commission (Christian Cambon et moi pour la France) et, parmi les autres parlementaires la Présidente du Parlement américain (House of Representatives) Nancy Pelosi, une femme dont j’ai toujours admiré le courage et la ténacité face à Trump. On peut également noter que des représentants d’un pays observateurs étaient présents pour la première fois (République de Macédoine du Nord, dont le protocole d’accession à l’OTAN a été signé quelques jours avant, le 6 février).

Une réunion passionnante et franche sur les enjeux actuels de la sécurité Euro-Atlantique et les manières d’y faire face par une adaptabilité et une réactivité accrues ; notamment par le respect des 2% budgétaires dont 20% seraient consacrés à la recherche et au développement technologique.


Le soir du 18 février fut ensuite consacré à un dîner de travail et d’échanges de notre délégation parlementaire française avec nos deux ambassadrices, S.E. Madame Claude-France Arnould notre ambassadeur de France en Belgique, et S.E. Madame Hélène Duchêne ambassadrice de France auprès de l’OTAN.

Hélène Duchêne, normalienne et énarque, a eu un parcours assez diversifié au sein du ministère des affaires étrangères avant d’en devenir directrice des affaires stratégiques, de la sécurité et du désarmement, trois ans avant de prendre en 2016 son poste d’Ambassadrice auprès de l’OTAN.

Claude-France Arnould, elle aussi normalienne et énarque, a eu pour sa part une carrière très axée sur les questions de Défense, en tant que directrice exécutive de l’Agence européenne de Défense, envoyée spéciale pour l’Espace au Service européen pour l’action extérieure, directrice des questions de Défense du Conseil de l’Union européenne, Secrétaire générale de l’ENA et directrice des affaires internationales et stratégiques au Secrétariat général de La Défense nationale.


Signe que les Femmes commencent enfin à prendre toute leur place en matière de géopolitique et de Défense (mais à une vitesse que nous souhaiterions tous voir augmenter), ce sont trois autres femmes qui ont occupé les devants de la scène le 19 février au matin pour notre réunion de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN.

Quel plaisir d’avoir pour la première fois comme présidente de notre assemblée une femme et une amie, Madeleine Moon, députée britannique travailliste, élue à l’automne dernier. Pour information, il faut savoir que la Présidence de l’Assemblée Parlementaire de l’OTAN tourne entre trois grandes formations politiques ; droite et centre (1), gauche (2) et bloc nord-américain (3).

La seconde femme était Nancy Pelosi, présidente (“Speaker”) du Parlement américain (et donc troisième personne de l’Etat, amenée à être Présidente des Etats-Unis en cas de double intérim (D. Trump et M. Pence)

La troisième n’était autre que Federica Mogherini, Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Je l’avais rencontrée dans un séminaire parlementaire OTAN à Kiev à la mi-février 2014. Nous étions à peine une quinzaine de participants (j’étais la seule française présente) et j’avais beaucoup apprécié cette jeune femme, ancienne étudiante Erasmus à Aix et passionnée elle aussi par le dossier ukrainien. Dix jours plus tard elle était nommée ministre des affaires étrangères d’Italie, avant de commencer à occuper huit mois plus tard son poste actuel…

Fév 05 2019

Trois dîners-débats autour de l’Europe du Brexit

 

Début janvier 2019, j’ai pris part à trois dîners-débats qui m’ont permis de rencontrer des acteurs importants de l’amitié franco-britannique, qui ont pris le parti de ne pas céder aux tentations isolationnistes.

 

Le 24 janvier, le Sénat accueillait un premier dîner, celui du CHEE, le Cycle des Hautes études européennes de l’ENA, autour de Clément Beaune, le Conseiller Europe et G20 du président Macron. L’occasion d’accueillir les membres de la dernière promotion – du nom de la Présidente d’Estonie Kersti Kaljulaid (j’avais quant à moi appartenu à la toute première, la Promotion Simone Veil) et surtout de débattre des enjeux européens actuels, notamment dans la perspective d’un Brexit dur ou de NoDeal. Un débat d’autant plus riche, instructif et passionnant qu’il se faisait à huis-clos, sous la règle de Chatham House (interdiction de citer à l’extérieur les propos de l’intervenant) – et donc sans langue de bois – avec un des meilleurs responsables français des questions européennes, homme de l’ombre mais jeune, brillant et efficace.


Deux jours après, le 26 janvier, j’ai animé en tant que présidente et marraine le dîner-débat organisé par l’English Speaking Union pour ses membres et ceux de l’Oxford and Cambridge Debating Society. Le dîner a eu lieu en la présence du Baron Renwick of Clinton, qui fait partie de ces grands diplomates britanniques dont la finesse et l’élégance morale font honneur à leur pays et leur permettent de jouer un rôle majeur dans les soubresauts de l’Histoire. Ancien ambassadeur aux Etats-Unis et en Afrique du Sud (de 1987 à 1991, années cruciales pour ce pays et au cours desquelles il joua un rôle déterminant pour la fin de l’apartheid et la libération de Mandela dont il devint un ami très proche) ancien conseiller de Margaret Thatcher, Lord Renwick a écrit de nombreux livres, sur l’Afrique du Sud notamment, qui ont été unanimement salués par la critique. Il est aussi un remarquable conteur et ce fut un délice de l’écouter nous relater avec un humour bien britannique les complexités de la politique sud-africaine et leur dimension humaine.



Enfin, le 29 janvier, l’ambassadeur du Royaume-Uni en France, Sir Edward Llewelyn est venu débattre à l’invitation de la Fondation de la SNCF et de son président Frédéric Saint-Geours. Le débat, animé par Claude Sérillon, a été ponctué par l’annonce de l’adoption par la Chambre des Communes de l’amendement du député Brady demandant de trouver de « nouvelles alternatives » au backstop irlandais ; toutefois, ce dernier s’avère sans autre précision et sans grande chance d’aboutir. Il est en effet quasiment inconcevable que l’on arrive à un deal d’ici le 29 mars ; il faudrait sans doute pouvoir prolonger le bénéfice de l’article 50, mais à condition que le Royaume-Uni fasse des propositions acceptables par l’Union Européenne.

 

 

 

 

Fév 05 2019

Rome (1 au 3 février)

Dans le cadre du « Mercator European Dialogue », je me suis rendue à Rome du 1er au 3 février 2019. Le « Mercator European Dialogue » est un séminaire européen de parlementaires visant à débattre des moyens de sortir l’Union européenne de la crise de sens, de représentativité et de fonctionnement qu’elle traverse actuellement.

Les relations entre la France et l’Italie sont profondément enracinées dans les cultures de chacun des deux pays, et soutenue par un solide partenariat commercial, avec un volume global d’échanges qui s’élève à 76,6 Mds€, la France étant le deuxième client et fournisseur et premier investisseur de l’Italie (stock d’IDE de 66,6 Mds € fin 2017) tandis que l’Italie est le troisième client et fournisseur et le huitième investisseur de la France. Le sommet franco-italien de Lyon de 2017 a permis d’acter une alliance dans le domaine militaire entre Fincantieri et Naval Group.

Dès mon arrivée le vendredi, un dîner-débat consacré à la politique italienne et à la question des migrants s’est tenu, autour de journalistes et parlementaires italiens, dans le Museo dell’Ara Paci, construit autour de l’ « Autel de la Paix », monument de la Rome antique édifié sur le Champ de Mars en l’honneur de Pax, déesse de la Paix, par le premier empereur romain Auguste entre 13 et 9 av. JC.

Avec 73 sièges sur 751, l’Italie est un membre fondateur essentiel à l’UE, dépositaire des traités de Rome, et contribue à hauteur de plus de 13 milliards annuels à son budget, en échange de 11,5 milliards de redistribution (45% au titre de la politique régionale, 45% au titre de l’agriculture et du développement rural). Pourtant, depuis deux années particulièrement, des voix eurosceptiques s’élèvent sur le territoire, notamment portées par La Ligue et le Mouvement 5 étoiles. Ce pays jour pourtant un rôle moteur, avec la France et l’Allemagne, dans la relance du projet européen.

En participant à 14 des 15 missions et opérations PSDC, l’Italie engage 700 personnels militaires et civils aux côtés de la France, et partage notre vision ambitieuse de la Coopération Structurée Permanente (à laquelle elle participe) et du Fonds européen de défense.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mon collègue letton du Bureau de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN , Ojars Eriks Kalnins

Avant de partir le dimanche, Christian Masset, ambassadeur de France à Rome, m’a accordé un entretien qui fut l’occasion d’évoquer la relation diplomatique franco-italienne en cette période tendue, et les grands dossiers relatifs au maillage de notre présence française dans le pays ; élus consulaires, consulats, instituts et lycées. L’année 2019, commencée avec une “Nuit des Idées” très réussie, devrait être particulièrement riche en événements majeurs, comme l’anniversaire des 100 ans de l’Institut français de Naples ou bien sûr le 500ème anniversaire de la mort de Léonard de Vinci.

 

Fév 02 2019

Audition de la Secrétaire Générale aux Affaires étrangères

Le premier février, la Secrétaire générale aux affaires européennes Sandrine Gaudin a confirmé tout l’intérêt qu’elle voyait dans ma proposition, en cas de No Deal, d’un comité bilatéral composé de parlementaires ainsi que représentants des deux gouvernements et de la société civile. Ce dernier pourrait être amené à exercer des missions de veille et de médiation eu égard à toutes les difficultés que les citoyens Français de Grande-Bretagne et Britanniques de France ne manqueront pas de rencontrer…

 

Fév 02 2019

Coup de gueule

Les Commissions, Délégations et Groupes (d’amitié, de suivi, etc.) sénatoriaux ne partagent pas encore d’agenda commun établi en fonction des pourcentages de présence et de la superposition des agendas de chaque Sénateur.

La matinée du 31 janvier est l’exemple parfait de ce problème : le jeudi matin est en effet réservé aux délégations et groupes de travail, mais il s’y greffe souvent des examens de textes en hémicycle. Ainsi, comment faire quand, comme moi, on appartient à la fois à la commission des affaires européennes et à une délégation (pour moi celle aux droits des femmes et à l’égalité des chances) qui se réunissent quasiment toujours à la même heure le jeudi matin ? Et ce matin du 1er février, se réunissaient aussi le groupe de suivi du Brexit et un groupe de travail de la commission des affaires culturelles sur l’audiovisuel extérieur dont je suis rapporteur.

Impossible donc de tout faire, sauf à avoir le don d’ubiquité.

Pour faire face à cet enjeu, des solutions numériques d’organisation logistique sont possibles, la bonne gestion de la ressource « temps » constituant la matière première de tout travail (parlementaire ou non) efficace.

 

Jan 25 2019

Chrétiens d’Orient, minorités… Aider l’Irak à rendre justice

Le 22 janvier, je suis intervenue en séance afin de défendre la proposition de résolution européenne de mon collègue Bruno Retailleau, visant à assurer un mécanisme de justice transitionnelle en Irak.

vidéo de mon intervention

 

 

Très engagée en faveur des Chrétiens d’Orient, pour lesquels j’avais lancé un appel parlementaire en 2014 cosigné par une soixantaine de collègues, et à destination desquels j’avais fléché des fonds au titre de la réserve parlementaire, j’ai tenu à aller à leur rencontre à Erbil, au Kurdistan irakien, en avril 2015. Là-bas, j’ai pu constater par moi-même les terribles stigmates laissés par ces conflits armés lors desquels les populations civiles ont été touchées très lourdement. Ces stigmates sont de plusieurs natures ; humains, psychologiques, infrastructurels, économiques, politiques…

Les élections législatives du 12 mai dernier donnent un signe d’espoir, que M. Adel ABDEL-MAHDI est à même de saisir et de consolider : pour autant, rien ne sera simple, car la structure entière de l’Etat et de la société irakienne a ainsi été bouleversée, abîmée, endommagée en profondeur, et il faut y créer les conditions favorables à une restructuration profonde.

Ces conditions passent d’abord par l’exercice d’une justice stricte mais surtout méthodique, qui ne laisse rien passer mais ne sombre pas non plus dans la démesure. Seule cette justice respectueuse du droit international pourra amener à la réconciliation entre groupes ethniques et religieux, à la reconstruction sociétale, et à terme, comment ne pas en formuler le vœu : au renforcement démocratique et à la prospérité économique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jan 24 2019

Renforcer l’attractivité de la France pour les étudiants internationaux

J’ai décidé d’évoquer en séance les bourses d’études accordées aux étudiants internationaux durant le débat sur la politique d’attractivité de la France à leur égard tenu le 16 janvier au Sénat. Je suis prête à accepter la très forte augmentation des frais d’écolage à condition que cela serve à augmenter les bourses pour les étudiants les plus méritants. Mme la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche y a apporté une réponse complète et rassurante.

➡️ Le texte de mon intervention, ainsi que la réponse de Mme la Ministre Frédérique Vidal

Pour mieux comprendre le contexte qui m’a poussé à poser cette question, il faut connaître quelques éléments statistiques.

La France a accueilli plus de 343 400 étudiants au cours de l’année 2017-2018. Ces étudiants viennent de toutes les régions du Monde.

La masse mondiale d’étudiants ne cesse d’augmenter.

Pourtant, les grandes écoles et universités françaises peinent à capter ce nouveau « marché », et ont enregistré un décrochage de 2,4 points en 10 ans.

Notre pays ne peut plus rester en retrait de ce mouvement massif. Il faut développer une politique d’excellence, seule à même d’éveiller la curiosité des meilleurs étudiants, et d’en faire à terme des ambassadeurs de qualité portant haut les couleurs de la recherche et de l’enseignement supérieur français, et travaillant pour la France, y compris sur le territoire national.

La stratégie affichée par le gouvernement est apparemment ambitieuse ; mais elle comporte trop de zones d’ombres. Il n’a pas su, à l’heure actuelle, créer les conditions de cette équation qui bénéficierait pourtant à tous, notamment en raison ;

– du flou général sur les modalités d’attribution des bourses et exonérations
– de la mise en précarité des Alliances françaises par le tarissement du soutien financier
– des difficultés d’accès aux stages et premiers emplois pour ces étudiants
– de l’hypercomplexité des démarches …

Par ailleurs, le fonds d’amorçage « Bienvenue en France » ne doit pas être cantonné à un simple effet d’annonce sans réelle augmentation des budgets alloués…

Jan 14 2019

Londres (du 10 au 13 janvier)

 

Bruno Retailleau est venu le 10 et 11 janvier 2019 à la rencontre des Français expatriés à Londres et plus largement au Royaume-Uni. J’ai eu le plaisir de l’accompagner lors de trois réunions-débats ce qui nous a permis de rencontrer un large public.

La première réunion-débat était organisé par Artus Galiay dans le cadre d’une rencontre politique du groupe Les Républicains. La seconde, qui se déroulait au domicile de mes amis Jo et Béatrice Keighley, était organisé pour Force Républicaine par Jean-Hugues de Lamaze. Enfin la troisième réunion se déroulait autour d’un petit-déjeuner à l’Oxford and Cambridge Club de Pall Mall. Organisée par Philippe Chalon, elle réunissait les membres du Cercle Outre-Manche, un think-tank d’un quinzaine d’années, de Français à Londres créé par Arnaud Vayssié et Pascal Boris pour réfléchir aux moyens de faire avancer les réformes économiques indispensables à la France.

Ces trois réunions ont été passionnantes. Bruno Retailleau a su, avec sa simplicité, sa sincérité, sa lucidité et sa force de conviction habituelles, donner une grille d’analyse et faire passer des messages forts sur les crises actuelles de nos sociétés en France et en Europe. Nous avons évoqué plusieurs moyens d’y remédier, notamment par l’engagement autour des valeurs de responsabilité et d’éthique. Evidement, les réformes économiques indispensables pour la France ont été abordées pour les préparer au mieux.

Les discussions ont été aussi passionnées que passionnantes et ont redonné confiance aux participants : oui la droite est plurielle, oui elle est bien vivante, oui elle a des idées et oui, elle travaille !