Première fois en 23 ans que je n’assiste pas à l’ouverture de la Conférence des Ambassadeurs à l’Elysée. Il faut dire que je m’étais engagée il y a déjà longtemps à intervenir à la 32ème session de la Conférence Parlementaire de la Mer Baltique qui se tenait au Bundestag. L’occasion de revoir la présidente du Bundestag Bärbel Bas et de rencontrer la future présidente du Bundesrat (le Sénat allemand) Manuela Schwesig.
Ce fut aussi l’occasion de rencontrer ce soir le Président de la République fédérale d’Allemagne Frank-Walter Steinmeier au Château Bellevue, après une après-midi passée dans l’ancien Quartier Napoléon qui accueillit les troupes françaises de 1945 à 1994. C’est aujourd’hui le siège du tout nouveau commandement territorial allemand, décidé en octobre 2022 et dont le patron est le Général Bodemann (no2 du Chef d’Etat-Major des armées) .
Merci à lui et à ses équipes pour des réunions passionnantes sur cette nouvelle organisation, ses enjeux et ses moyens au cœur de toutes les problématiques actuelles de défense et de sécurité.
Immense tristesse à l’annonce du décès d’Hélène Carrère d’Encausse, première femme Secrétaire perpétuel de l’Académie française, historienne et analyste dont j’ai toujours admiré les travaux – moi qui, lorsque j’étais étudiante, m’étais beaucoup intéressée au Pacte de Varsovie et aux relations des pays d’Europe de l’Est avec la Russie.
Mais, outre son érudition, c’est surtout sa simplicité attentive et bienveillante qui me frappait chaque fois que j’avais l’occasion de la rencontrer ou de la croiser. Je me souviens en particulier d’un long échange à Dakar, à l’occasion de l’ouverture du XVème Sommet de la Francophonie en novembre 2014, alors que nous attendions patiemment les Présidents Hollande et Macky Sall (ils avaient plus d’une heure de retard !) pour une cérémonie en souvenir des Tirailleurs sénégalais au cimetière de Thiaroye. Nous avions alors beaucoup échangé sur l’attractivité et l’influence de la France à l’international et j’avais été très touchée par la force de son amour pour notre pays, elle qui bien que née à Paris et apatride, n’avait obtenu la citoyenneté française qu’à 21 ans, et par son désir de le faire rayonner partout dans le monde.
Son décès est une très grande perte pour notre pays mais je pense plus particulièrement à sa famille, ses enfants et l’ensemble de ses proches à qui j’adresse mes très sincères condoléances.
Le pouvoir russe allie l’affront à l’indécence en condamnant aujourd’hui Alexeï Navalny, objecteur de conscience et champion de la lutte contre la corruption, déjà victime d’une tentative d’empoisonnement, à 19 années supplémentaires de détention (un premier jugement l’avait condamné à 9 ans) dans une colonie pénitentiaire.
Déjà au printemps 2021 je m’inquiétais de ses conditions de détention alors qu’il était gravement malade et appelais à sa libération. En vain bien sûr…
Heureux 100ème anniversaire à la doyenne de nos élus et anciens élus des Français de l’étranger, notre très chère Renée Blandin !
« Il faut aimer les autres, il faut aimer rendre service, et vous en tirerez beaucoup de joie«
Ce conseil, dans lequel beaucoup d’élus se reconnaîtront, je l’espère, est celui que donnait Renée Blandin lors d’un entretien avec des élèves du lycée français du Caire où elle a enseigné plusieurs décennies. Cette joie de servir, cette joie de donner un peu de soi aux autres fait toujours pétiller son regard ; notre toute jeune centenaire continue d’ailleurs de la vivre au quotidien, beaucoup de Français de l’étranger venant aujourd’hui encore lui demander des conseils…
Biographie de Renée Blandin
C’est donc le 27 juillet 1923 que naît à Paris un beau bébé que l’on prénommera Renée. Un bébé déjà facétieux puisque la sage-femme dira que c’était le premier bébé qu’elle voyait venir au monde sans crier, mais avec une petite grimace qui semblait très amusée. Comme si elle savait qu’on lui changerait sa date de naissance : Renée était en fait née le 26 juillet, mais son père ingénieur des mines étant absent ce jour-là, le service d’état-civil proposera de décaler au lendemain sa date “officielle” de naissance…
30 ans élue des Français de l’étranger :
Renée Blandin, qui fête donc officiellement aujourd’hui son centième anniversaire, est la doyenne des élus des Français de l’étranger.
Présidente pour l’Égypte de la Fédération des Professeurs français de l’étranger, elle est nommée en 1977 au CSFE (Conseil supérieur des Français de l’étranger) en tant que “membre désigné”, à une époque où les femmes y étaient très rares (la seule l’ayant précédée étant Paulette Brisepierre, entrée en 1972 comme représentante des Français du Maroc et devenue sénatrice en 1989). Et c’est en tant qu’élue des Français d’Égypte, d’Éthiopie, du Soudan et de Somalie qu’elle y fait à nouveau son entrée en 1984, soit deux ans après la première élection des membres du CSFE au suffrage universel direct.
Elle sera ensuite réélue sans discontinuer au CSFE puis à l’Assemblée des Français de l’étranger (qui succéda au CSFE en 2004). Elle sera également suppléante d’un de nos plus grands sénateurs, Jacques Habert, lors de son dernier mandat de 1989 à 1998.
Ce n’est qu’en 2014 qu’elle se retirera de l’AFE, à l’âge de 91 ans…
L’Égypte et le Levant, une passion de 70 ans
C’est en 1950 que Renée découvre l’Égypte, pays qu’elle aimera toujours passionnément. Une amie de sa mère, épouse d’un professeur de philosophie au Caire, s’inquiète de la pâleur et de la faiblesse de Renée, atteinte par une sérieuse typhoïde et propose de l’accueillir en Égypte pour sa convalescence. Renée y passera six mois et profitera de cette période pour écrire un petit livre “festival égyptien”. De retour à Paris, elle se passionne pour l’archéologie copte qu’elle étudie avec le jésuite Pierre du Bourguet, responsable du département copte au Louvre, et apprend parallèlement la langue arabe à l’Institut Catholique de Paris.
Très vite, son petit livre “Festival égyptien” rencontre un grand succès, son éditeur lui demande d’en écrire d’autres, notamment sur la Jordanie, et ce à la demande expresse du Roi Hussein, désireux de faire connaître son pays aux francophones. Le livre de Renée « Jordanie » sera d’ailleurs le tout premier livre publié en français sur le royaume Hachémite. Et Renée continuera à beaucoup écrire sur ce pays, comme bien sûr sur l’Égypte, la Syrie ou le Liban…
Mais c’est en France, au consulat général d’Egypte à Marseille, qu’elle rencontre en 1954 celui qui deviendra son époux, Hussein al-Hadidi, officier de marine formé en Angleterre et cousin du Consul général. En 1955, elle l’épouse et s’installe avec lui à Port-Tewfik, au bord du Canal de Suez où son époux avait été affecté comme pilote des grands bateaux remontant le canal. Un an plus tard, c’est la nationalisation du canal de Suez par Nasser. Les relations diplomatiques entre la France et l’Égypte sont rompues (elles le resteront jusqu’en 1963) mais Renée et son époux resteront à Port-Tewfik avec leurs deux filles, Annie et Nadia jusqu’au déclenchement de la guerre en 1967.
De retour au Caire en 1967, Renée se voit proposer d’enseigner au Service culturel français, puis au Lycée où elle entre en 1970 et restera jusqu’à sa retraite, adorée de ses élèves pour sa bienveillance, son humeur toujours rieuse et son humour (il faut la voir se délecter de cette anecdote sur la visite de l’ambassadeur Couve de Murville au Lycée en 1954 en compagnie du Consul général Pons : les lycéens avaient écrit au tableau « Bienvenue au Lycée à nos invités : Le consul pond et l’ambassadeur couve » !)
L’Égypte était alors un véritable paradis nous raconte Renée. Alors que la France et la Grande-Bretagne se reconstruisaient peu à peu, l’Égypte, qui avait échappé à la deuxième guerre mondiale, vivait elle dans l’opulence. La livre égyptienne était plus cotée que la livre britannique ou la Française, la mode y était très développée et la Comédie-Française y donnait des représentations tous les 15 jours. Plus de 40 000 Français y résidaient. Et bien sûr, tout le monde (en-tout-cas toute la « bonne société » égyptienne) parlait le français…
Des jours plus difficiles devaient arriver, et Renée elle-même n’échappa pas aux tragédies, notamment avec le décès de sa fille cadette Nadia à Milan en 2007, à l’âge de 44 ans (nous ne répéterons jamais combien fumer est dangereux !), l’époux de Renée étant lui décédé en 1989 à l’âge de 66 ans. Mais Renée s’efforça toujours de ne pas laisser les drames personnels obérer son travail au service des autres, s’attachant particulièrement, tout au long de ses mandats, à la promotion de l’enseignement français à l’étranger et à la défense des intérêts des Français de l’étranger, notamment en matière sociale et à la protection des plus faibles.
Profondément croyante, Renée n’a jamais caché ses convictions, comme par exemple lors de cette cérémonie de 1991 où l’ambassadeur Leclercq lui remit sa croix de chevalier du mérite (elle est aujourd’hui Officier du Mérite depuis 2003 et Chevalier de la Légion d’honneur depuis 2014) et où elle cita sa devise, inspirée par Sainte Thérèse « Je voudrais être cette petite fleur que l’on sème et qui fleurit partout dans le monde » (« une grande première que de parler religion sous les Ors de la République » lui répondit l’Ambassadeur…)
Une petite fleur qui fête aujourd’hui ses 100 ans avec toute la fraîcheur et le dynamisme de ses 20 ans. Un anniversaire qu’elle passera à Aix, entourée de l’affection des siens et notamment de sa fille Annie, venue des États-Unis où elle réside avec son époux.
Merci et très heureux anniversaire, chère Renée. Puissiez-vous en fêter beaucoup d’autres encore en gardant toutes ces qualités d’humilité, de sagesse, d’humour, de droiture et de bienveillance que vous incarnez si bien…
Heureux 14 juillet ! Je suis aujourd’hui à Londres pour le 14 juillet, sous la pluie, mais dans la bonne humeur.
Toujours autant de monde, mais une différence notable cette année. Depuis 35 ans que j’assiste en tant qu’élue (d’abord comme représentante des Français du Royaume-Uni et d’Irlande au Conseil supérieur des Français de l’étranger – CSFE – puis depuis 2004 comme sénatrice), on n’avait jamais vu autant de femmes sur l’estrade… Une grande première puisqu’avant 1988, il n’y avait jamais eu que deux femmes maximum élues des FdE au Royaume-Uni et aucune femme ambassadrice…
Cette année outre l’Ambassadrice Hélène Duchêne, nous avions en effet l’ambassadrice auprès de l’Organisation Maritime Internationale maritime – OMI – Geneviève Jean-Van Rossum et deux femmes ministres, l’une Laurence Boone étant Secrétaire d’État aux Affaires européennes, l’autre, Anne-Marie Trevelyan, étant Ministre d’Etat britannique aux Affaires étrangères.
Vive la République, vive la France et vive l’amitié franco-britannique !
Au Sommet de l’OTAN où, en tant que Présidente de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, j’ai eu l’immense honneur de m’adresser à l’ensemble des Chefs d’État et de Gouvernement en ouverture du Sommet (pas sûre de pouvoir en publier des photos, cette partie du Sommet étant à huis-clos !). Journée très dense, avec interviews, participation à une Conférence du NATO Public Forum (avec deux sénateurs américains Jeanne Shaheen, sénatrice du New Hampshire et Thom Tillis, sénateur de Caroline du Nord et la Présidente du Parlement lituanien, débat animé par Shashank Joshi, le spécialiste Défense de The Economist, réunions bilatérales (par exemple avec le Président de Roumanie Klaus Iohannis et le ministre de la défense Allemand Boris Pistorius) et rencontres passionnantes (photos avec le Premier ministre du Canada, le ministre de la Défense britannique Ben Wallace et le Premier ministre de Lettonie)
Ce soir dîner avec l’ensemble des Chefs d’État et de Gouvernement au Palais Présidentiel. Très impressionnée par la ferveur des Lituaniens, massés devant mon hôtel pour ovationner Jens Stoltenberg qui y réside lui aussi.
Avec Justin Trudeau, Premier ministre du Canada
Splendide soirée au Palais de la Présidence de Lituanie. Une soirée gastronomique et musicale réservée aux Chefs d’État et de Gouvernement et à leurs conjoints à laquelle j’ai eu le grand privilège d’être invitée, après mon discours de l’après-midi en introduction des débats du Sommet OTAN et en soutien à l’Ukraine.
Photo de famille des chefs d’État et de gouvernement de l’OTAN avant le dîner organisé par le Président de la République de Lituanie, Gitanas Nauséda.
Photo de famille des Chefs d’État et de Gouvernement des 31 États-membres, avec le Premier ministre de Suède (bientôt notre 32ème membre) le Président de Corée Yoon Suk Yeol, le Président Zelinsky (Ukraine) harles Michels, Ursula van der Leyen et moi-même (au 2ème rang à droite, à côté du Premier ministre néerlandais Mark Rutte et juste derrière Emmanuel et Brigitte Macron) Ma photo préférée – un peu floue hélas – est celle que j’ai prise de la discussion au cocktail entre le président turc Reycep Erdogan et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis et de leurs femmes. Sur le côté le Premier ministre belge Alexander de Croo, de dos le Premier ministre canadien Justin Trudeau.
« Avec des chants, nous avons fait des miracles et nous avons gagné des guerres » Edgars Rinkēvičs, Président de Lettonie, 9 juillet 2023.
Ce fut un immense privilège que d’être invitée par le Président du Parlement de Lettonie Edvards Smitēns (à l’instigation de ma collègue à l’AP-OTAN Irma Kaljina) au célèbre Festival de Chants et de Danses de Lettonie, un festival unique au monde qui se déroule tous les cinq ans, inscrit au patrimoine de l’UNESCO depuis 2003, et qui célébrait cette année son 150ème anniversaire. Pas le temps évidemment d’assister à tout le festival, mais comme les fêtes de clôture se déroulaient le week-end précédant le Sommet de l’OTAN à Vilnius, 300kms de là, j’ai accepté avec un très grand plaisir de retourner dans cette superbe ville qui fêtera le mois prochain son 822ème anniversaire.
Ce festival, qui a été créé en 1873 à une époque où la Lettonie était sous domination étrangère, a joué un rôle immense dans le maintien de l’identité et de la cohésion des Lettons face à l’oppresseur (Le drapeau créé en 1873 pour le lancement du Festival est toujours apporté solennellement et salué debout par tous les participants. Aujourd’hui encore, c’est une occasion unique pour les Lettons de célébrer et promouvoir, dans la joie, leur langue et leur patrimoine culturel, beaucoup de Lettons de la Diaspora revenant spécialement à Riga pour cet événement. Le point d’orgue de la semaine du festival est le concert de clôture dans un immense théâtre de plein air au milieu d’une superbe forêt de pins, d’érables et de chênes. Y participaient cette année 20 000 choristes (5 000 de plus que lors du dernier festival en 2018) et 60 000 personnes (les chanceux ayant pu être invités ou acheter une place, les listes d’attente étant énormes…)
Y assistaient le nouveau Président de la République lettone tout juste élu la veille (Edgars Rinkēvičs était jusqu’alors ministre des Affaires étrangères), le Premier Ministre Krisjanis Karins, le Président du Parlement letton Edvards Smiltēns, les Présidents des Parlements des États baltes (Lituanie, Estonie, mais aussi Norvège, Suède, Finlande et moi-même donc, en tant que Présidente de l’Assemblée parlementaire de l’ OTAN.
Ce concert est vraiment un évènement incroyable, avec ces dizaines de milliers de Lettons en costume traditionnel, de somptueuses couronnes de fleurs, d’épis de blé ou de feuillages sur les cheveux des jeunes femmes et surtout un sentiment de communion incroyable, une immense ferveur partagée dans l’expression de l’amour de la Patrie, de la liberté recouvrée en 1991 et de la solidarité avec l’Ukraine (pour marquer les 500 jours de l’agression par la Russie, ce sont 14 000 choristes qui ont chanté le 6 juillet l’hymne national ukrainien…
Avec le tout nouveau Président de Lettonie Edgars Rinkēvičs
Riga, une ville magnifique
Quelques photos supplémentaires de cette très attachante capitale de Lettonie où culture, chants et danses se vivent à chaque coin de rue, surtout bien sûr à l’occasion de ce splendide festival.
Il est très rare d’avoir 3 femmes sur un plateau, surtout sur des questions de Défense ! Ce fut pourtant le cas ce jeudi après-midi au théâtre des Sablons à Neuilly, à l’invitation du CEPS, think-tank spécialisé en stratégie et en prospective que dirige Loïc Tribot La Spière, dans le cadre des Entretiens de Gouvieux. Une journée de colloque consacrée aux sujets de Défense et ouverte par le Général Thierry Burkhard, Chef d’État-major des Armées, avec la participation de très nombreux spécialistes de haut niveau.
Heureuse d’y avoir participé avec deux femmes remarquables, la Générale de brigade Claire Nestier, chef-adjoint de la représentation militaire française auprès de l’OTAN et ma collègue députée Sabine Thillaye, ancienne présidente de la commission des Affaires européennes de l’OTAN et largement à l’origine de la création de l’Assemblée parlementaire franco-allemande (dont le Sénat et le Bundesrat ne font pas partie, les différences entre les deux systèmes ayant été jugées trop importantes). Modérés par Cédric Bonamigo et Olivier Petros, les débats s’avérèrent riches, constructifs, pragmatiques et sans langue de bois.
Samedi matin : À Beyrouth pour visiter de l’école orthodoxe Zarat El Ihsa
Matinée très émouvante pour moi avec une rencontre organisée par l’équipe de L’Œuvre d’Orient à l’école de la Confrérie du Rosaire, dirigée de main de maître par Sœur Anastasie. Une confrérie remarquable avec 6 implantations au Moyen-Orient (Liban, Palestine et Syrie) mais très durement éprouvée ces dernières années, par la guerre en Syrie (son école d’Alep ayant été totalement détruite) par l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 qui détruisit son hôpital face au port, et bien sûr par la crise financière terrible qui ravage le Liban (inflation à 165%, 80% de la population en dessous du seuil de pauvreté, beaucoup ne mangeant pas à leur faim).
Cette crise a des conséquences particulièrement graves sur l’éducation avec la déscolarisation de nombreux enfants, les familles étant incapables de payer les frais d’écolage et la crise entraînant ruptures familiales et violences. Les 350 écoles chrétiennes, soit 35% de toute l’offre scolaire du Liban scolarisent des enfants de toutes origines et confessions (« les petits musulmans participent à nos prières mais ne communient pas », me disait Sœur Anastasie) sont particulièrement touchées comme d’ailleurs nos écoles françaises homologuées (63 sur le territoire, 60 000 élèves dont 3200 Français – boursiers à 35% qui utilisent 20% de notre enveloppe globale de bourses, me confiait hier le Consul général)
C’est aujourd’hui une immense difficulté aujourd’hui pour ces Sœurs de continuer leur mission de scolarisation si indispensable dans ce pays brisé, avec certes des aides de l’Œuvre d’Orient, de la Région Île-de-France (Valérie Pécresse devait être présente mais a dû repartir suite aux émeutes des banlieues) et de l’ambassade (panneaux solaires pour réduire les frais d’électricité et de chauffage) mais qui restent insuffisantes face aux énormes besoins partout dans le Liban suite à l’effondrement du système public.
Ce matin, le collège du Rosaire avait préparé une très émouvante petite fête, débutée par les hymnes nationaux libanais et français, des saynètes, chants et danses (comme une danse orientale par une élève de CM2, vidéo ci-dessous). Merci à l’équipe administrative et pédagogique, parents et aux enfants pour leur chaleureux accueil et cette belle matinée durant laquelle j’ai remis à Sœur Anastasie la médaille du Sénat.
Merci surtout à l’Œuvre d’Orient que préside Monseigneur Gollnish (Prix du Rayonnement français en 2020) et à l’équipe sur place de Vincent Genot pour leur extraordinaire implication en soutien à la scolarisation des enfants du Liban. Nous devons les aider !
Samedi : À Baalbek pour son festival
Déplacement ce samedi à Baalbek, 80 km au Nord-Est de Beyrouth pour assister à la Première de son célèbre festival, créé en 1956 par le Président Chamoun. Depuis 2011, c’est Nayla de Freige, également présidente de l’excellent journal francophone L’Orient le Jour et Prix du Rayonnement Francophone 2022-2023, qui le dirige, avec une équipe soudée et dynamique, dont son vice-président l’architecte d’intérieur Jean-Louis Mainguy, longtemps Président de l’UFE et ancien élu des Français du Liban, Syrie et Jordanie à l’AFE. Leur courage doit être salué, puisqu’ils ne reçoivent plus aucune subvention de l’État libanais alors que la programmation se doit d’être excellente pour attirer les festivaliers dans le nord de la plaine de la Bekaa, région magnifique mais réputée dangereuse car lieu d’affrontements intercommunautaires. Parce que parlementaire française (et sans doute aussi parce que Présidente de l’AP OTAN), je n’aurais d’ailleurs l’autorisation de m’y rendre qu’à condition de ne pas rentrer de nuit et d’être escortée par les Forces spéciales libanaises, 6 personnes réparties en 3 voitures blindées, la mienne et les deux autres l’encadrant !
Mais il était très important pour moi de me rendre à Baalbek, d’une part parce que je rêve de m’y rendre depuis l’adolescence et que je l’avais promis depuis près de 20 ans à Jean-Louis Mainguy, mais aussi parce que je voulais manifester mon soutien à cette belle initiative dans une région qui a beaucoup souffert de la guerre, où l’exode des Chrétiens a été très important et où la Culture, notamment en tant que facteur de Paix et de tolérance doit continuer à se développer.
Et ce fut une soirée vraiment magique, avec ses jeux de lumières sous les étoiles et un Roberto Bolle éblouissant sur cette scène où avaient dansé avant lui Noureev et Béjart, mais aussi avec une humanité et une générosité le faisant s’effacer pour mieux mettre en valeur ses partenaires, comme dans ce “Strangers in the Night” de Sinatra.
Merci à Nayla de Freige de son accueil et de son travail inlassable pour le Festival, merci aussi à elle d’avoir cité ma présence, en hommage aux liens d’amitié entre la France et le Liban.
Avec Nayla de Freige après le Festival
Samedi soir : Arrivée à l’hôtel Palmyra
Un hôtel extraordinaire, hors du temps, le grand hôtel Palmyra. Construit en 1874, restauré en 1930, il semble que rien n’y ait été changé depuis. il accueillit tous les puissants de l’empereur Guillaume II au Général de Gaulle et au Shah d’Iran, les esthètes venant depuis assister au festival, les amoureux des vieilles pierres et les poètes. Jean Cocteau y passait tous les ans pour un mois dans la chambre 27 et y laissa de nombreuses traces de son passage comme ce « signe amical » laissé il y a 64 ans sur le mur face à son balcon où il trouvait sérénité et inspiration en admirant les colonnes dorées par le soleil couchant du Temple de Jupiter. Quel privilège et quel bonheur de dormir dans cette chambre où rien n’a changé, où même la plomberie et l’électricité sont d’époque, mais d’où se dégage un suave mais indéfinissable parfum d’éternité et où, dans la nuit étoilée, on rêve que le Poète vient vous confier dans un murmure de doux secrets au goût de miel.
Dimanche : Visite des ruines des temples antiques de Balbeek
Baalbek, à 1150 m d’altitude au nord de la plaine de la Bekaa, cité phénicienne datant de plus de 5000 ans, construite en hommage au dieu Soleil (Baal) renommée Héliopolis dans la période grecque et ayant atteint son apogée sous la Rome impériale est un site archéologique exceptionnel, inscrit bien sûr au Patrimoine de l’UNESCO. Ci-dessous quelques photos qui ne rendent pas justice à la magnificence de ce site mais qui vous donneront, je l’espère, envie de venir découvrir les merveilles des temples de Jupiter, Vénus et Bacchus, à la fois imposants (des colonnes de granit de 20 mètres de haut et des blocs de pierre de 800 tonnes !) mais aussi ciselés avec une finesse extrême. Merci à Jean-Louis Mainguy, ancien élu des Français du Liban, d’avoir été un merveilleux guide, attentif et érudit avec le privilège d’une Acropole quasiment déserte tôt le matin, les seuls autres visiteurs présents sur cet immense site étant l’excellent guide officiel recruté par lui, deux autres amies de Jean-Louis et mes 6 officiers de sécurité libanais !
Lundi : Dernières réunions à Beyrouth avant de retourner en France
Réunions avec le ministre de la Défense libanaise, M. Maurice Sleem, ancien général de brigade puis avec le ministre des Affaires étrangères M. Abdallah Bouhabib. Reconnaissance des Libanais pour notre coopération militaire qu’il faudrait encore développer et discussions franches sur la crise au Liban (80% population au-dessous seuil de pauvreté), les nouveaux enjeux géopolitiques, le conflit Israélo-Palestinien, la délicate question des 2 millions de réfugiés syriens, le poids de la diaspora libanaise à travers le monde et la possibilité de réformes constitutionnelles pour en faciliter la représentation.
Avec le ministre de la Défense libanaise, M. Maurice Sleem
Avec le ministre des Affaires étrangères M. Abdallah Bouhabib
Lors de chacun de mes déplacements à l’étranger, si court soit-il, je me fais toujours un devoir d’informer nos compatriotes élus du pays dans lequel je me rends et d’essayer d’avoir le plaisir de les voir. Il en allait donc évidemment ainsi au Liban et je les remercie de s’être à chaque fois tous déplacés (à l’exception de mon amie Denise Revers-Haddad qui se trouvait en France lors de mes deux derniers déplacements). Sur ces photos, en mars 2022 et il y a une semaine, on reconnait Lucas Lamah, Ghassan Ayoub, Ziad Nassour et on remarque sur la 2ème de 2023 un certain renouvellement avec l’arrivée d’une nouvelle élue, l’avocate Rola Assi, son prédécesseur ayant quitté le Liban pour La Réunion.
Avec les élus des Français établis hors de France – Juillet 2023Avec les élus des Français établis hors de France – Mars 2022
Très satisfaite de l’adoption de 5 de mes amendements, dont 3 directement au profit des Français établis à l’étranger, lors des débats au Sénat sur la nouvelle Loi de Programmation Militaire (LPM) pour les années 2024 à 2030.
Seule élue des Français de l’étranger à intervenir dans la discussion générale, j’ai tenu durant mon intervention à rappeler notamment que les Français établis hors de France demeurent la vitrine de notre pays à l’international, notre premier relais d’influence dans les pays d’accueil ainsi que d’indispensables ambassadeurs de notre savoir-faire et de nos valeurs.
J’ai également insisté sur le caractère tout à fait essentiel des journées défense et citoyenneté (JDC) pour nos jeunes Français établis à l’étranger, dossier sur lequel je me bats depuis de nombreuses années : alors qu’ils sont déjà exclus du SNU, il me paraît extrêmement regrettable qu’ils ne puissent toujours pas bénéficier – ou si rarement ! – de cette journée pour acquérir, encadrés par des animateurs civils ou militaires, les connaissances nécessaires à la bonne compréhension des grands enjeux géopolitiques, sécuritaires ou citoyens touchant notre pays.
Il avait été décidé il y a plusieurs années « pour raisons budgétaires » de les supprimer (alors qu’elles ne coûtent quasiment rien !) Une responsable consulaire avait même eu le culot de me dire dans une réunion consulaire qu’il faudrait choisir entre vote des FdE et JDC !
À force de protester et d’emm… tous les responsables du Quai d’Orsay et du Ministère des Armées qui croisaient mon chemin ou venaient au Sénat, j’avais obtenu – fait rarissime – que le Quai revienne sur sa décision initiale de suppression totale, mais ce fut fait dans la plus grande discrétion… Au lieu d’encourager la tenue de ces JDC, si essentielles au lien Armées-Nation, le Quai se contentait de laisser leur organisation au bon vouloir des postes diplomatiques et consulaires, sans même les informer de leur rétablissement. Inutile de vous dire que les candidats n’étaient pas légion…
J’avais pourtant déjà fait adopter lors de la précédente LPM en 2018 un amendement (ci-dessous et sur le site du Sénat) – introduisant l’obligation de communiquer chaque année aux élus des Français à l’étranger une liste recensant les journées défense et citoyenneté organisées : mais 5 années se sont écoulées depuis l’inscription de cet amendement dans le Code du Service national , et malgré ma question écrite à ce sujet, aucun bilan ne nous a été partagé…
J’ai donc décidé d’introduire un nouvel amendement venant lui aussi modifier directement le code du Service National : les postes consulaires ou diplomatiques ne pourront désormais plus déprogrammer la JDC sauf “circonstances exceptionnelles” (ci-dessous et ici).
En cas de grandes difficultés organisationnelles du poste, celui-ci pourrait offrir une version en ligne, comme ce fut le cas pour les jeunes résidents français durant la pandémie du Covid19. Dès que j’avais appris cette initiative par le Général Ménaouine, Directeur général du SNU à ouvrir cette possibilité aux jeunes Français de l’étranger. Il avait reconnu le bien-fondé et l’intérêt de cette mesure simple et m’avait promis de la mettre en place pour les jeunes FdE dès le 1er janvier 2021 (cf. mon post FB à ce sujet le 16 février 2020). Mais hélas nous n’avions pas prévu l’inertie de certains au Quai qui se contentent de réitérer les mêmes promesses de semestre en semestre…
Ce mardi 27 juin un grand pas a été franchi, puisque lors de l’examen de mon amendement – déjà adopté plus tôt par notre commission des Affaires étrangères et de la Défense – la ministre Patricia Mirallès remplaçant au banc Sebastien Lecornu, a réaffirmé par trois fois (je l’ai fait répéter à dessein) que les « JDC étaient obligatoires »…
Lors de l’examen du rapport annexé, deux autres de mes amendements m’ont également permis de réaffirmer la place centrale des Français de l’étranger en lien avec les enjeux de veille géostratégique et de soutien à notre Défense nationale, en incitant d’une part à continuer le développement de la réserve citoyenne à l’étranger – ce qui peut par exemple être d’une très grande utilité lorsque nos postes consulaires doivent faire face à des cas de crise majeure affectant nos compatriotes, et au travers de modules de sensibilisation aux enjeux et à l’esprit de défense qui seront intégrés dans les formations habituellement dispensées par les chambres de commerce et d’industrie française à l’international.
Mes amendements 243 et 244 à retrouver également sur le site du Sénat.
Enfin, mes derniers amendements adoptés en séance publique m’ont permis de défendre les recommandations émises dans mon avant projet de rapport à l’Assemblée Parlementaire de l’OTAN – “La Russie en Guerre contre la vérité”, et de faire inscrire dans la LPM la nécessité que pour nos institutions civiles et militaires de mener des évaluations régulières et approfondies de leur capacité de réaction face aux campagnes de désinformation, et que des actions de formation seront mis en place auprès des publics les plus jeunes pour les aider à faire face aux nouvelles menaces de type hybride. Les campagnes de désinformation représentent en effet un risque sécuritaire majeur, mais aussi démocratique pour notre société. Il devient vraiment urgent de prendre des mesures fortes pour s’en prémunir.
Mes amendements 188 et 189 relatifs à la lutte contre la désinformation adoptés par le Sénat