Juil 27 2023

Joyeux 100ème anniversaire à Renée Blandin ! (27 juillet)

Heureux 100ème anniversaire à la doyenne de nos élus et anciens élus des Français de l’étranger, notre très chère Renée Blandin !

« Il faut aimer les autres, il faut aimer rendre service, et vous en tirerez beaucoup de joie« 

Ce conseil, dans lequel beaucoup d’élus se reconnaîtront, je l’espère, est celui que donnait Renée Blandin lors d’un entretien avec des élèves du lycée français du Caire où elle a enseigné plusieurs décennies. Cette joie de servir, cette joie de donner un peu de soi aux autres fait toujours pétiller son regard ; notre toute jeune centenaire continue d’ailleurs de la vivre au quotidien, beaucoup de Français de l’étranger venant aujourd’hui encore lui demander des conseils…

Biographie de Renée Blandin

C’est donc le 27 juillet 1923 que naît à Paris un beau bébé que l’on prénommera Renée. Un bébé déjà facétieux puisque la sage-femme dira que c’était le premier bébé qu’elle voyait venir au monde sans crier, mais avec une petite grimace qui semblait très amusée. Comme si elle savait qu’on lui changerait sa date de naissance : Renée était en fait née le 26 juillet, mais son père ingénieur des mines étant absent ce jour-là, le service d’état-civil proposera de décaler au lendemain sa date “officielle” de naissance…

30 ans élue des Français de l’étranger :

Renée Blandin, qui fête donc officiellement aujourd’hui son centième anniversaire, est la doyenne des élus des Français de l’étranger.

Présidente pour l’Égypte de la Fédération des Professeurs français de l’étranger, elle est nommée en 1977 au CSFE (Conseil supérieur des Français de l’étranger) en tant que “membre désigné”, à une époque où les femmes y étaient très rares (la seule l’ayant précédée étant Paulette Brisepierre, entrée en 1972 comme représentante des Français du Maroc et devenue sénatrice en 1989). Et c’est en tant qu’élue des Français d’Égypte, d’Éthiopie, du Soudan et de Somalie qu’elle y fait à nouveau son entrée en 1984, soit deux ans après la première élection des membres du CSFE au suffrage universel direct.

Elle sera ensuite réélue sans discontinuer au CSFE puis à l’Assemblée des Français de l’étranger (qui succéda au CSFE en 2004). Elle sera également suppléante d’un de nos plus grands sénateurs, Jacques Habert, lors de son dernier mandat de 1989 à 1998.

Ce n’est qu’en 2014 qu’elle se retirera de l’AFE, à l’âge de 91 ans…

L’Égypte et le Levant, une passion de 70 ans

C’est en 1950 que Renée découvre l’Égypte, pays qu’elle aimera toujours passionnément. Une amie de sa mère, épouse d’un professeur de philosophie au Caire, s’inquiète de la pâleur et de la faiblesse de Renée, atteinte par une sérieuse typhoïde et propose de l’accueillir en Égypte pour sa convalescence. Renée y passera six mois et profitera de cette période pour écrire un petit livre “festival égyptien”. De retour à Paris, elle se passionne pour l’archéologie copte qu’elle étudie avec le jésuite Pierre du Bourguet, responsable du département copte au Louvre, et apprend parallèlement la langue arabe à l’Institut Catholique de Paris.

Très vite, son petit livre “Festival égyptien” rencontre un grand succès, son éditeur lui demande d’en écrire d’autres, notamment sur la Jordanie, et ce à la demande expresse du Roi Hussein, désireux de faire connaître son pays aux francophones. Le livre de Renée « Jordanie » sera d’ailleurs le tout premier livre publié en français sur le royaume Hachémite. Et Renée continuera à beaucoup écrire sur ce pays, comme bien sûr sur l’Égypte, la Syrie ou le Liban…

Mais c’est en France, au consulat général d’Egypte à Marseille, qu’elle rencontre en 1954 celui qui deviendra son époux, Hussein al-Hadidi, officier de marine formé en Angleterre et cousin du Consul général. En 1955, elle l’épouse et s’installe avec lui à Port-Tewfik, au bord du Canal de Suez où son époux avait été affecté comme pilote des grands bateaux remontant le canal. Un an plus tard, c’est la nationalisation du canal de Suez par Nasser. Les relations diplomatiques entre la France et l’Égypte sont rompues (elles le resteront jusqu’en 1963) mais Renée et son époux resteront à Port-Tewfik avec leurs deux filles, Annie et Nadia jusqu’au déclenchement de la guerre en 1967.

De retour au Caire en 1967, Renée se voit proposer d’enseigner au Service culturel français, puis au Lycée où elle entre en 1970 et restera jusqu’à sa retraite, adorée de ses élèves pour sa bienveillance, son humeur toujours rieuse et son humour (il faut la voir se délecter de cette anecdote sur la visite de l’ambassadeur Couve de Murville au Lycée en 1954 en compagnie du Consul général Pons : les lycéens avaient écrit au tableau « Bienvenue au Lycée à nos invités : Le consul pond et l’ambassadeur couve » !)

L’Égypte était alors un véritable paradis nous raconte Renée. Alors que la France et la Grande-Bretagne se reconstruisaient peu à peu, l’Égypte, qui avait échappé à la deuxième guerre mondiale, vivait elle dans l’opulence. La livre égyptienne était plus cotée que la livre britannique ou la Française, la mode y était très développée et la Comédie-Française y donnait des représentations tous les 15 jours. Plus de 40 000 Français y résidaient. Et bien sûr, tout le monde (en-tout-cas toute la « bonne société » égyptienne) parlait le français…

Des jours plus difficiles devaient arriver, et Renée elle-même n’échappa pas aux tragédies, notamment avec le décès de sa fille cadette Nadia à Milan en 2007, à l’âge de 44 ans (nous ne répéterons jamais combien fumer est dangereux !), l’époux de Renée étant lui décédé en 1989 à l’âge de 66 ans. Mais Renée s’efforça toujours de ne pas laisser les drames personnels obérer son travail au service des autres, s’attachant particulièrement, tout au long de ses mandats, à la promotion de l’enseignement français à l’étranger et à la défense des intérêts des Français de l’étranger, notamment en matière sociale et à la protection des plus faibles.

Profondément croyante, Renée n’a jamais caché ses convictions, comme par exemple lors de cette cérémonie de 1991 où l’ambassadeur Leclercq lui remit sa croix de chevalier du mérite (elle est aujourd’hui Officier du Mérite depuis 2003 et Chevalier de la Légion d’honneur depuis 2014) et où elle cita sa devise, inspirée par Sainte Thérèse « Je voudrais être cette petite fleur que l’on sème et qui fleurit partout dans le monde » (« une grande première que de parler religion sous les Ors de la République » lui répondit l’Ambassadeur…)

Une petite fleur qui fête aujourd’hui ses 100 ans avec toute la fraîcheur et le dynamisme de ses 20 ans. Un anniversaire qu’elle passera à Aix, entourée de l’affection des siens et notamment de sa fille Annie, venue des États-Unis où elle réside avec son époux.

Merci et très heureux anniversaire, chère Renée. Puissiez-vous en fêter beaucoup d’autres encore en gardant toutes ces qualités d’humilité, de sagesse, d’humour, de droiture et de bienveillance que vous incarnez si bien…