Déplacement au Liban (30 juin au 3 juillet)

Samedi matin : À Beyrouth pour visiter de l’école orthodoxe Zarat El Ihsa

Matinée très émouvante pour moi avec une rencontre organisée par l’équipe de L’Œuvre d’Orient à l’école de la Confrérie du Rosaire, dirigée de main de maître par Sœur Anastasie. Une confrérie remarquable avec 6 implantations au Moyen-Orient (Liban, Palestine et Syrie) mais très durement éprouvée ces dernières années, par la guerre en Syrie (son école d’Alep ayant été totalement détruite) par l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 qui détruisit son hôpital face au port, et bien sûr par la crise financière terrible qui ravage le Liban (inflation à 165%, 80% de la population en dessous du seuil de pauvreté, beaucoup ne mangeant pas à leur faim).

Cette crise a des conséquences particulièrement graves sur l’éducation avec la déscolarisation de nombreux enfants, les familles étant incapables de payer les frais d’écolage et la crise entraînant ruptures familiales et violences. Les 350 écoles chrétiennes, soit 35% de toute l’offre scolaire du Liban scolarisent des enfants de toutes origines et confessions (« les petits musulmans participent à nos prières mais ne communient pas », me disait Sœur Anastasie) sont particulièrement touchées comme d’ailleurs nos écoles françaises homologuées (63 sur le territoire, 60 000 élèves dont 3200 Français – boursiers à 35% qui utilisent 20% de notre enveloppe globale de bourses, me confiait hier le Consul général)

C’est aujourd’hui une immense difficulté aujourd’hui pour ces Sœurs de continuer leur mission de scolarisation si indispensable dans ce pays brisé, avec certes des aides de l’Œuvre d’Orient, de la Région Île-de-France (Valérie Pécresse devait être présente mais a dû repartir suite aux émeutes des banlieues) et de l’ambassade (panneaux solaires pour réduire les frais d’électricité et de chauffage) mais qui restent insuffisantes face aux énormes besoins partout dans le Liban suite à l’effondrement du système public.

Ce matin, le collège du Rosaire avait préparé une très émouvante petite fête, débutée par les hymnes nationaux libanais et français, des saynètes, chants et danses (comme une danse orientale par une élève de CM2, vidéo ci-dessous). Merci à l’équipe administrative et pédagogique, parents et aux enfants pour leur chaleureux accueil et cette belle matinée durant laquelle j’ai remis à Sœur Anastasie la médaille du Sénat.

Merci surtout à l’Œuvre d’Orient que préside Monseigneur Gollnish (Prix du Rayonnement français en 2020) et à l’équipe sur place de Vincent Genot pour leur extraordinaire implication en soutien à la scolarisation des enfants du Liban. Nous devons les aider !

Samedi : À Baalbek pour son festival

Déplacement ce samedi à Baalbek, 80 km au Nord-Est de Beyrouth pour assister à la Première de son célèbre festival, créé en 1956 par le Président Chamoun. Depuis 2011, c’est Nayla de Freige, également présidente de l’excellent journal francophone L’Orient le Jour et Prix du Rayonnement Francophone 2022-2023, qui le dirige, avec une équipe soudée et dynamique, dont son vice-président l’architecte d’intérieur Jean-Louis Mainguy, longtemps Président de l’UFE et ancien élu des Français du Liban, Syrie et Jordanie à l’AFE. Leur courage doit être salué, puisqu’ils ne reçoivent plus aucune subvention de l’État libanais alors que la programmation se doit d’être excellente pour attirer les festivaliers dans le nord de la plaine de la Bekaa, région magnifique mais réputée dangereuse car lieu d’affrontements intercommunautaires. Parce que parlementaire française (et sans doute aussi parce que Présidente de l’AP OTAN), je n’aurais d’ailleurs l’autorisation de m’y rendre qu’à condition de ne pas rentrer de nuit et d’être escortée par les Forces spéciales libanaises, 6 personnes réparties en 3 voitures blindées, la mienne et les deux autres l’encadrant !

Mais il était très important pour moi de me rendre à Baalbek, d’une part parce que je rêve de m’y rendre depuis l’adolescence et que je l’avais promis depuis près de 20 ans à Jean-Louis Mainguy, mais aussi parce que je voulais manifester mon soutien à cette belle initiative dans une région qui a beaucoup souffert de la guerre, où l’exode des Chrétiens a été très important et où la Culture, notamment en tant que facteur de Paix et de tolérance doit continuer à se développer.

Et ce fut une soirée vraiment magique, avec ses jeux de lumières sous les étoiles et un Roberto Bolle éblouissant sur cette scène où avaient dansé avant lui Noureev et Béjart, mais aussi avec une humanité et une générosité le faisant s’effacer pour mieux mettre en valeur ses partenaires, comme dans ce “Strangers in the Night” de Sinatra.

Merci à Nayla de Freige de son accueil et de son travail inlassable pour le Festival, merci aussi à elle d’avoir cité ma présence, en hommage aux liens d’amitié entre la France et le Liban.

Avec Nayla de Freige après le Festival

Samedi soir : Arrivée à l’hôtel Palmyra

Un hôtel extraordinaire, hors du temps, le grand hôtel Palmyra. Construit en 1874, restauré en 1930, il semble que rien n’y ait été changé depuis. il accueillit tous les puissants de l’empereur Guillaume II au Général de Gaulle et au Shah d’Iran, les esthètes venant depuis assister au festival, les amoureux des vieilles pierres et les poètes. Jean Cocteau y passait tous les ans pour un mois dans la chambre 27 et y laissa de nombreuses traces de son passage comme ce « signe amical » laissé il y a 64 ans sur le mur face à son balcon où il trouvait sérénité et inspiration en admirant les colonnes dorées par le soleil couchant du Temple de Jupiter.
Quel privilège et quel bonheur de dormir dans cette chambre où rien n’a changé, où même la plomberie et l’électricité sont d’époque, mais d’où se dégage un suave mais indéfinissable parfum d’éternité et où, dans la nuit étoilée, on rêve que le Poète vient vous confier dans un murmure de doux secrets au goût de miel.

Dimanche : Visite des ruines des temples antiques de Balbeek

Baalbek, à 1150 m d’altitude au nord de la plaine de la Bekaa, cité phénicienne datant de plus de 5000 ans, construite en hommage au dieu Soleil (Baal) renommée Héliopolis dans la période grecque et ayant atteint son apogée sous la Rome impériale est un site archéologique exceptionnel, inscrit bien sûr au Patrimoine de l’UNESCO.
Ci-dessous quelques photos qui ne rendent pas justice à la magnificence de ce site mais qui vous donneront, je l’espère, envie de venir découvrir les merveilles des temples de Jupiter, Vénus et Bacchus, à la fois imposants (des colonnes de granit de 20 mètres de haut et des blocs de pierre de 800 tonnes !) mais aussi ciselés avec une finesse extrême.
Merci à Jean-Louis Mainguy, ancien élu des Français du Liban, d’avoir été un merveilleux guide, attentif et érudit avec le privilège d’une Acropole quasiment déserte tôt le matin, les seuls autres visiteurs présents sur cet immense site étant l’excellent guide officiel recruté par lui, deux autres amies de Jean-Louis et mes 6 officiers de sécurité libanais !

Lundi : Dernières réunions à Beyrouth avant de retourner en France

Réunions avec le ministre de la Défense libanaise, M. Maurice Sleem, ancien général de brigade puis avec le ministre des Affaires étrangères M. Abdallah Bouhabib.
Reconnaissance des Libanais pour notre coopération militaire qu’il faudrait encore développer et discussions franches sur la crise au Liban (80% population au-dessous seuil de pauvreté), les nouveaux enjeux géopolitiques, le conflit Israélo-Palestinien, la délicate question des 2 millions de réfugiés syriens, le poids de la diaspora libanaise à travers le monde et la possibilité de réformes constitutionnelles pour en faciliter la représentation.

Avec le ministre de la Défense libanaise, M. Maurice Sleem
Avec le ministre des Affaires étrangères M. Abdallah Bouhabib

Lors de chacun de mes déplacements à l’étranger, si court soit-il, je me fais toujours un devoir d’informer nos compatriotes élus du pays dans lequel je me rends et d’essayer d’avoir le plaisir de les voir. Il en allait donc évidemment ainsi au Liban et je les remercie de s’être à chaque fois tous déplacés (à l’exception de mon amie Denise Revers-Haddad qui se trouvait en France lors de mes deux derniers déplacements). Sur ces photos, en mars 2022 et il y a une semaine, on reconnait Lucas Lamah, Ghassan Ayoub, Ziad Nassour et on remarque sur la 2ème de 2023 un certain renouvellement avec l’arrivée d’une nouvelle élue, l’avocate Rola Assi, son prédécesseur ayant quitté le Liban pour La Réunion.