Quelle tristesse, quelle colère aussi ce matin, à la descente de l’avion qui me ramenait du Laos, en apprenant le rejet par la Cour suprême mexicaine de la demande de libération de Florence Cassez. Une décision d’autant plus révoltante qu’elle faisait suite à une intervention publique du Président Felipe Calderon – signal inquiétant pour l’indépendance de la justice mexicaine.
Je pense aujourd’hui à la douleur de Florence, mais aussi de ses parents Charlotte et Bernard, et de tous ceux qui les soutiennent inlassablement depuis près de sept ans – notamment Jean-Luc Romero, le président de son comité de soutien.
Dès ma première étude du dossier, dès mon premier échange avec son avocat mexicain, dès la première de mes deux rencontres avec Florence dans sa prison de Tepepan, j’avais été convaincue de son innocence.
Lorsque je lui conseillais lors de ma première visite de janvier 2009 de demander son transfèrement, j’avais été frappée par son courage et sa détermination. Pour elle, le transfèrement était inenvisageable car il aurait impliqué qu’elle était coupable, et elle voulait à tout prix prouver son innocence, se laver des soupçons envers elle de la société mexicaine traumatisée par ce fléau national que sont les enlèvements. Surtout, les dysfonctionnements de la procédure (mise en scène télévisuelle de l’arrestation, violation des droits consulaires), désormais établis, discréditent entièrement l’accusation.
La déception et la colère ne doivent toutefois pas nous empêcher de percevoir quelques évolutions positives de cette affaire. Jusqu’alors complètement diabolisée, Florence bénéficie désormais de soutiens jusque dans la société civile mexicaine. Les magistrats mexicains commencent eux aussi à évoluer. Il y a quelques jours, le juge Arturo Zaldivar, chargé du rapport sur cette affaire, préconisait une « libération immédiate et absolue ». La Cour suprême, elle-même, bien que défavorable à une libération immédiate, reconnaît « qu’il y a eu des violations des procédures d’un procès équitable ». Si deux de ses juges ont voté contre la libération immédiate de la Française, deux ont voté pour et le cinquième s’est prononcé en faveur d’un procès en révision, jugeant donc également la première condamnation peu satisfaisante, et ce malgré des pressions très importantes.
En l’absence de majorité, un nouveau rapporteur doit être désigné pour rédiger un rapport qui sera à nouveau soumis aux juges de la première chambre. Tout n’est donc pas perdu pour Florence Cassez et je continue à penser que nous arriverons bientôt à une issue positive, non seulement pour elle et sa famille, mais aussi pour tous les Mexicains qui réclament un système judiciaire plus indépendant, impartial et efficace.