Le Conseil franco-britannique a organisé au Foreign Office une réunion de préparation de son programme de travail 2013-2014, suivie d’un débat avec les ministres des affaires européennes Thierry Repentin et David Lidington.
Créé en 1972, au moment de l’adhésion du Royaume-Uni à la Communauté européenne, d’une initiative commune du Président Georges Pompidou et du Premier ministre Edward Heath, le Conseil franco-britannique a pour mission de favoriser le dialogue entre des personnalités des deux pays, dans des domaines aussi variés que l’économie, l’environnement, la défense ou la culture, à travers l’organisation de rencontres en principe non ouvertes au public.
J’avais régulièrement été invitée aux réunions de cette instance avant même mon entrée au Sénat, à l’époque où j’étais élue des Français de Grande-Bretagne et d’Irlande au Conseil Supérieur des Français de l’étranger.
La rencontre du 17 juillet s’est articulée autour de trois grands thèmes : la politique énergétique européenne, la diversité sociale et la défense. Membre de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, j’ai plus spécialement travaillé sur les questions de défense, pour lesquelles l’articulation entre une étroite collaboration franco-britannique et la construction d’une défense européenne apparaît plus délicate que jamais.
Si, des années 1960 aux années 2000, la France s’était plutôt tournée vers l’Allemagne que vers l’Angleterre pour ses programmes de coopération militaire, les accords de Lancaster House, signés par Sarkozy et Cameron le 2 novembre 2010 ont marqué l’entrée de la coopération franco-britannique de défense dans une nouvelle ère… à tel point que nombre d’autres partenaires européens se sont inquiétés que la densité de cette relation ne « cannibalise » les autres coopérations bilatérales et multilatérales de défense en Europe.
Il faut dire qu’à elles seules, la France et la Grande-Bretagne représentent la moitié de toutes les dépenses de défense en Europe (elles sont les deux seules à avoir consacré ces dernières années entre 1,6 % et 1,8 % de leur PIB aux dépenses de défense), et les deux tiers des crédits de recherche et développement. Leur participation conjointe à l’opération de l’OTAN en Libye a démontré l’efficacité sur le terrain de cette coopération bilatérale. Reste à concrétiser les promesses d’échanges et les efforts de mutualisation prévus par les traités de 2010… et à les utiliser comme socle pour développer un « Eurogroupe » de défense ouvert à d’autres partenaires (Allemagne, Italie, Pologne, Espagne…), comme cela est prôné par l’excellent rapport « Pour en finir avec l’Europe de la défense – Vers une défense européenne » de mes collègues sénateurs Daniel Reiner, Jacques Gautier, André Vallini et Xavier Pintat.
Outre son intérêt géostratégique évident, la mutualisation des capacités de défense en Europe permettrait des économies budgétaires particulièrement bienvenues.