Un an après la suppression de la gratuité dans les lycées français à l’étranger, la réforme du dispositif des bourses scolaires a-t-elle permis une meilleure répartition des aides à la scolarité ? Le fardeau budgétaire des familles a-t-il été allégé ?
Les premiers chiffres issus de la Commission Nationale des Bourses et les auditions menées par la Commission des Affaires culturelles et de l’Enseignement de l’AFE permettent d’en douter.
Aujourd’hui, 80% des élèves français scolarisés dans le réseau de l’Agence pour l’Enseignement du Français à l’étranger (AEFE) ne bénéficient d’aucune bourse, 11% ont une bourse partielle et seulement 9% voient leurs frais de scolarité entièrement pris en charge par l’État.
Pour l’immense majorité des familles, l’année 2012-2013 aura pourtant été celle de l’explosion du budget scolaire, avec une stagnation des bourses ou une augmentation trop faible pour compenser la hausse des frais de scolarité réclamés par les établissements. Les familles monoparentales sont les premières victimes du nouveau système – même le ministère des affaires étrangère en convient. Le nouveau système nuit également à la capacité des ménages d’intégrer des frais scolaires pourtant de plus en plus élevés à leur prévision de budget.
L’année qui s’ouvre ne s’annonce pas meilleure, loin de là. Le nombre total de boursiers devrait repasser en dessous de son niveau de 2012 : ils ne seraient que 23 157, contre 24 732 lors de la dernière année d’existence de la PEC (sans compter qu’il y avait alors près de 8 000 lycéens non comptabilisés comme boursiers mais scolarisés gratuitement). En l’espace d’une seule année, le pourcentage de familles bénéficiant d’une bourse totale va chuter de 60% à 44%, tandis que le montant total des bourses perdra plus de 10%.
Dans ce contexte d’arbitrages douloureux, la participation des élus locaux aux commissions locales des bourses est d’autant plus importante. Malheureusement, ces commissions ne bénéficient d’aucune marge de manœuvre : leur rôle se borne à distribuer une enveloppe budgétaire fixée en amont, à l’occasion d’un dialogue de gestion auquel les élus ne participent pas (malgré le vœu de l’AFE voté au printemps dernier).
Nous sommes, certes, en période de crise économique et chacun est appelé à contribuer aux efforts de redressement. Mais il faut alors regarder la dure réalité en face et non continuer à l’enrober sous de belles promesses de « sanctuarisation budgétaire » adossées sur des chiffres ambigus.
La réforme de la prise en charge des frais de scolarité à l’étranger n’aura été qu’un alibi pour masquer les coupes budgétaires. Drôle de manière de concrétiser la priorité accordée à la jeunesse !
→ Voir le rapport de la Commission des Affaires Culturelles, de l’Enseignement et de l’Audiovisuel
→ Consulter le bilan de la Commission nationale des Bourses