Mar 21 2014

Prochaine audience dans 6 mois à Sainte-Lucie pour le cagnois Eric Sommer (Nice-Matin)

Deux minutes. Deux petites minutes, toujours devant le même juge, dans cette même salle de la High court de Castries, la capitale de Sainte-Lucie. Deux minutes. Rien que deux infimes minutes pour sceller, une fois de plus, le sort d’Eric Sommer. Et l’enfoncer dans cet enfer qui est sien depuis bientôt deux ans. « Non, il n’y aura pas d’audience aujourd’hui. Nouvelle date le 22 septembre. »

Pour la 18e fois, hier, ce Cagnois, qui va fêter ses 50 ans, a été extirpé de sa geôle de Sainte-Lucie pour une nouvelle audience, qui n’aura encore servi à rien. Sauf à donner un furtif espoir à cet homme à bout. « Eric est KO. Il n’a pas compris. Il ne comprend plus. Ils l’ont fait attendre des heures, une fois de plus dans la cellule du rez-de-chaussée du tribunal. Ils l’ont monté et cette fois, ils n’ont même pas donné de raison pour ce énième report », chuchote André Sommer, son père, qui cherche désespérément de la force pour continuer à se battre au côté de son fils. Et qui a de plus en plus de mal à en trouver.

André Sommer et Louis Nègre ont été reçus au Quai d’Orsay par le bras droit de Laurent Fabius, la semaine dernière. Mais, aujourd’hui, les mots « rassurants » d’Alexandre Ziegler passent mal. « Il nous avait dit que tout était favorable. » Et rien ne l’a été. Et tout a été pire… Car cette fois, Eric Sommer devra attendre six mois avant de repasser devant le tribunal !

Le 12 mai, cela fera deux ans que cet aventurier a été jeté en prison, accusé de meurtre. Celui d’un bandit local qu’il a découvert à bord de son bateau qui mouillait dans Rodney bay et qu’il a repoussé à la mer « sans brutalité ». L’intrus est décédé à l’hôpital après avoir été repêché par la police locale… vivant. Depuis ce jour-là, l’horizon d’Eric, ce baroudeur des mers épris de liberté et connu de tous les marins du coin, se résume aux quatre murs d’une cellule. Pouilleuse et fétide. Indigne. Surpeuplée. Une cellule sans lumière, sans toilettes. Où il a été tabassé au tout début de sa détention. Où il dort par terre. Où il ne mange pas à sa faim. Où on vient tout juste de lui soigner les dents, à vif, après 6 mois de douleurs épouvantables sans médicaments… Depuis ce 12 mai, il y a deux ans, Eric Sommer tente de survivre, s’accroche à la vie en attendant d’être jugé équitablement. « C’est tout ce que l’on demande, un procès équitable et rapide », ajoute le père.

Pour la rapidité, on repassera.

Mais où en est l’instruction ? Comment fonctionne la justice sur cette île ? Une île où des meurtriers attendent à l’extérieur d’être jugés un jour, et où de simples voleurs croupissent des années en cellule sans avoir de procès ?

Une sénatrice tape du poing sur la table

Joëlle Garriaud-Maylam, sénateur représentant les Français établis hors de France, sollicitée par Louis Nègre, a envoyé une lettre au Haut commissaire pour Sainte-Lucie à Londres, Ernest Hilaire.

Elle se montre plus ferme que personne ne l’a jamais été avant elle. Elle écrit : « Il semblerait utile de mettre enfin un terme aux nombreux reports d’audience qui ont déjà marqué le traitement de ce dossier depuis maintenant 20 longs mois ». La sénatrice poursuit : « Je ne cherche en rien à m’immiscer dans une affaire en cours, mais je souhaiterais vivement que les droits de ce justiciable soient pleinement respectés. » Humainement, elle insiste : « Vous le savez l’éloignement accroît la difficulté de l’incarcération. Alertée par la famille, par Louis Nègre et par les articles de presse qui font état d’indifférence et d’iniquité de la part des autorités, j’envisage un déplacement à Sainte-Lucie (…) ».

Une nouvelle bouée de sauvetage à laquelle va s’accrocher André, le père d’Eric, pour éviter de couler…

Source : Nice-Matin