juin 2022

Juin 20 2022

Ukraine, Pologne, et Roumanie (16-22 mai) : AP-OTAN

À l’invitation du Sejm, une délégation de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN a séjourné à Rzeszów du 16 au 18 mai pour une visite essentiellement consacrée à la guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine et au caractère vital de l’aide apportée à cette dernière par la Pologne. Conduite par Michał Szczerba (Pologne), coprésident du Conseil interparlementaire OTAN-Ukraine (UNIC) et composée de 13 parlementaires de 10 pays alliés, la délégation a par ailleurs rencontré à Lviv des membres de la Verkhovna Rada pour la première réunion présentielle de l’UNIC depuis le début de la guerre. Les parlementaires alliés ont réaffirmé leur soutien et leur solidarité indéfectibles à l’égard de l’Ukraine.

« Chaque jour, l’Ukraine se bat pour les valeurs fondamentales propres à toutes les démocraties civilisées et pacifiques du monde », a souligné M. Szczerba. « Par conséquent, les nations démocratiques que nous sommes doivent se tenir à ses côtés. »

Les parlementaires ukrainiens étaient reconnaissants du soutien manifesté par les divers pays alliés et, entre autres, des engagements pris à la réunion que le Groupe consultatif pour la défense de l’Ukraine a tenue à Ramstein en avril. « Cette unité et ce soutien doivent être consolidés », a déclaré le coprésident ukrainien de l’UNIC, Oleksandr Korniyenko. « La Russie veut détruire l’Ukraine et les Ukrainiens. M. Korniyenko a reconnu que les Russes avaient plus d’hommes et de matériel ; toutefois, a-t-il ajouté, « nous sommes mieux équipés et plus déterminés et nos dirigeants sont plus compétents ».

« L’isolement de la Russie et les sanctions qui lui sont imposées doivent durer », a insisté Yehor Tcherniev, chef de la délégation de l’Ukraine auprès de l’Assemblée. M. Tcherniev a rappelé combien il était important de lutter contre la désinformation russe, y compris par l’infliction de sanctions aux propagandistes et aux particuliers associés à tous les niveaux aux médias de l’État, afin de « détruire de l’intérieur la machine de propagande ».

  1. Tcherniev ayant fait remarquer que la guerre coûtait actuellement à son pays 5 milliards de dollars par mois, M. Szczerba a préconisé l’élaboration d’un « plan Marshall » visant à satisfaire les besoins à long terme de l’Ukraine. Il a précisé une nouvelle fois que les parlements des pays alliés étaient prêts à aider la Verkhovna Rada.

À Lviv, les parlementaires alliés et leurs homologues ukrainiens ont également évoqué la question des besoins humanitaires pendant la visite d’un centre d’accueil de personnes déplacées internes, dont le nombre est estimé, pour la région de Lviv, à quelque 400 000, a-t-il été indiqué à la délégation.

À Rzeszów, les parlementaires ont rencontré le maire de la ville, Konrad Fijołek, d’éminents spécialistes polonais et des officiers de la 82e division aéroportée américaine. Les discussions ont eu pour thèmes la guerre en Ukraine et ses conséquences pour l’OTAN, l’aide remarquable de la Pologne aux Ukrainiens et le rôle crucial que joue ce pays dans la sécurité alliée.

La délégation comprenait, outre des membres de l’UNIC, Joëlle Garriaud-Maylam (France), vice-présidente de l’Assemblée, et Marcos Perestrello de Vasconcellos (Portugal), président de la sous-commission sur les partenariats de l’OTAN.

Depuis le début de l’invasion russe, l’Assemblée a multiplié activités et déclarations de soutien en faveur de l’Ukraine.

La visite se déroulait une semaine avant la session de printemps de l’Assemblée, qui devait avoir lieu à Kiev mais qui a été déplacée à Vilnius, en Lituanie. Des intervenants de haut niveau lituaniens et ukrainiens ainsi que des responsables de l’OTAN interviendront durant cette session, qui sera l’occasion d’adresser à l’Ukraine un nouveau et vibrant message de soutien et de solidarité et au cours de laquelle les participants examineront un projet de déclaration en soutien à l’Ukraine présenté par M. Szczerba.

Départ matinal pour l’Ukraine pour retrouver une petite délégation (13 parlementaires de 10 pays membres de notre assemblée parlementaire OTAN). Nous devions nous rendre dans le plus grand secret à Lviv, à la rencontre de nos collègues députés ukrainiens, venus spécialement de Kiev nous retrouver, afin de leur manifester tout notre soutien en cette période dramatique et de débattre avec eux des enjeux urgents et des prochaines étapes du conflit.

Ce déplacement était organisé dans la plus totale discrétion par nos collègues polonais, en particulier Michal Sczcerba, président du groupe de liaison parlementaire Ukraine-OTAN. Un missile russe était encore tombé la veille de notre arrivée juste à côté de Lviv, et des parlementaires OTAN en Ukraine auraient évidemment été une cible de premier choix pour les belligérants russes.

Ce fut une grande joie de pouvoir enfin serrer dans nos bras nos collègues ukrainiens, après tant de réunions par visio, tant d’inquiétude pour leur sort et tant d’admiration pour leur courage. Etaient notamment présents Oleksandr Korniyenko, vice-président du Parlement ukrainien, Yehor Cherniev, co-président du groupe de liaison interparlementaire Ukraine-OTAN , Oleksandr Merezhko, président de la commission des affaires étrangères du Parlement ukrainien et Solomiia Brobobska, secrétaire de la commission.

Réunis à l’université de Lviv sous la présidence de son doyen, nous avons pu débattre des avancées de la guerre et des enjeux le plus importants pour le pays. Le peuple ukrainien se bat avec un courage considérable pour son pays mais il manque de tout, et tout d’abord bien sûr d’armes qui puissent lui permettre de mieux résister. La solidarité internationale a été immédiate, mais le conflit coûte 5 milliards par jour à l’Ukraine et l’on craint une certaine “fatigue” des donateurs alors qu’il faut pouvoir aider tous ces Ukrainiens ayant dû quitter leurs villages, leurs maisons détruites et se retrouvant sans ressources.

Rzeszow , ville la plus proche de la frontière ukrainienne et base essentielle du soutien humanitaire et logistique aux Ukrainiens, j’ai pu admirer le professionnalisme des forces américaines de la 82ème Division aéroportée qui ont réussi en quelques heures à organiser l’arrivée de 5000 soldats et à s’installer dans un complexe adapté à proximité immédiate de l’aéroport civil de Rzeszow. J’ai pu également remercier le maire, Konrad Fijolek, et ses équipes pour la qualité exceptionnelle de leur engagement depuis le début de la guerre. Pas de dortoirs pour réfugiés ici mais un réel soutien pour l’accès à une vie “normale”. La Pologne a accueilli 3 millions d’Ukrainiens depuis le début de l’invasion russe du 24 février, dont 1 800 000 se trouvent encore dans le pays et tous sont traités non pas comme des “réfugiés” (le mot lui-même est proscrit) mais comme des “hôtes” ayant accès à l’ensemble des droits des citoyens polonais (logement, travail, scolarisation, allocations…) à l’exception bien sûr du droit de vote. Les Ukrainiens, peuple sérieux, travailleur sont d’ailleurs vus comme un atout dans ce pays de plein emploi où ils s’intègrent à la perfection.

Ceci m’a d’ailleurs été confirmé à Varsovie où j’ai eu le plaisir de retrouver l’Ambassadeur Fréderic Billet que j’avais rencontré et dont j’avais beaucoup apprécié l’action quand il était ambassadeur en Estonie au tout début des années 2010. Avec ses équipes, il a lui aussi beaucoup contribué à l’accueil, à l’orientation et à l’évacuation des réfugiés, notamment de nos compatriotes résidant en Ukraine chaque fois que nécessaire. Le hasard a voulu également que je me trouve à Varsovie en même temps que les membres de l’IHEDN et de son Directeur le général Benoît Durieux, ce qui nous a permis de faire un point sur les enjeux de l’institution avant notre prochain Conseil d’administration (auquel j’appartiens au titre du Sénat)

L’Ambassadeur m’a également permis d’avoir deux réunions importantes sur le dossier Frontex avec l’officier de liaison français avec Frontex le commandant Dominique Bott et le responsable de coopération internationale au sein de l’organisation Philippe Andrieux. Je suis enfin assez inquiète d’une certaine dérive de Frontex, semblant favoriser davantage des positions droitsdel’hommiste, certes très importantes qu’une dimension sécuritaire particulièrement importante aujourd’hui. Ainsi avais-je appris avec stupéfaction, à l’occasion d’une audition de Fabrice Leggeri, directeur français de Frontex au Sénat que la coopération avec l’OTAN avait été suspendue à la demande de la commission et du PE (l’OTAN n’apparaissant plus dans la liste des organismes avec lesquels Frontex pouvait contribuer dans le dernier règlement établi par la commission) alors que, lorsque j’avais organisé une réunion de ma commission parlementaire OTAN avec lui à Varsovie, cette coopération semblait aussi excellente que nécessaire. Une dérive qui a sans aucun doute contribué à la démission de Fabrice Leggeri que je regrette d’autant plus que nous avons un grand intérêt à renforcer l’influence et la rigueur françaises dans l’organisation en ces temps troublés…

Bravo aussi à l’ambassadeur pour le magnifique livre qu’il a préfacé et contribué à publier sur le soutien militaire à la Pologne par la France, par la création d’une armée polonaise sur le sol français dès 1917, l’armée bleue, et l’envoi de militaires français en Pologne – dont Charles de Gaulle au printemps 2019 pour protéger le pays des Bolcheviques. Il en emportera, comme l’écrivent les auteurs de ce splendide ouvrage, “la conviction que le sentiment national est l’élément fondateur de la vie, quand ce n’est de la survie, des Nations. Il en saura à jamais gré à la Pologne et aux Polonais” Une conviction qui l’a sûrement animé lors de l‘organisation de la Résistance via les Français Libres lors de la 2ème guerre mondiale et dont nous voyons chaque jour en Ukraine la pertinence !

Puis s’en est suivi un séjour à Bucarest débuté par un dîner à l’ambassade de France avec Madame Nicoleta Pauliuc, présidente de la commission de la Défense au Sénat roumain avec l’ambassadrice Laurence Auer, son Premier conseiller Philippe Wieber et l’attaché de défense, le colonel Daniel Parpaillon. Ce fut l’occasion de faire le point sur nos dossiers bilatéraux de défense à l’aune de la guerre en Ukraine et de notre indéfectible amitié, matérialisée par l’envoi de 550 militaires français du 27ème bataillon de chasseurs-alpins dans le cadre de la mission OTAN sur le front Est.

En outre,j’ai pu me rendre en compagnie de notre attaché de Défense et du Premier conseiller de l’ambassade à l’important salon de l’Armement de Bucarest, qui, notamment à cause du Covid, n’avait pas pu y être organisé en 4 ans. Inutile de dire qu’avec l’invasion russe de l’Ukraine et l’intensification de la perception de menaces dans tous les pays avoisinants, l’affluence était très importante et tous les industriels internationaux présents.

La France était bien sûr présente elle aussi et cela m’a donné l’occasion de rencontrer et manifester mon soutien à nos exportateurs et aux entreprises françaises de défense, innovantes, dynamiques et présentes sur le territoire roumain ( #Atos#Airbus#NavalGroup#MBDA#Arquus …) Nos produits français , qu’ils soient des missiles, des navires, des aéronefs, des véhicules blindés, sont tous excellents, innovants, parfaitement adaptés aux besoins et exigences de la Roumanie qui a d’ailleurs pris la décision stratégique de faire passer à 2,5% de son PIB son budget défense afin de protéger au mieux son territoire.

Mieux encore, plusieurs de nos industriels ont fait l’effort de s’implanter directement sur le sol roumain et d’y faire des transferts de technologie. Ainsi Atos emploie 3000 personnes en Roumanie. Airbus lui a créé en 2002 la jointventure Eurocopter Roumanie (aujourd’hui appelée Airbus Helicoptères Roumanie) et construit en 2017 une usine à Ghimbav pour un coût de 50 millions d’Euros, usine aujourd’hui encore quasiment vide, alors qu’il est urgent de renouveler la flotte roumaine d’hélicoptères, en produisant par exemple des hélicoptères de type H215 de la famille des Super Puma qui pourraient être intégralement construits en Roumanie puis exportés dans de nombreux pays où la demande civile et militaire est grande pour ce type de petit format. « The sky is the limit » m’autoriserez-vous à dire car Airbus serait prêt à créer aussi un centre de recherches par le biais du fonds européen de défense qui pourrait aussi travailler sur des produits destinés à l’Espace.

Mais le pays souffre encore aujourd’hui d’une bureaucratie et d’un cadre juridique très contraignants qui obèrent son développement et freinent souvent des avancées pourtant indispensables.

Mais la fortune souriant presque toujours aux audacieux, je ne doute pas que la Roumanie conclura bientôt avec la France ses projets en cours, en particulier l’achat des 4 corvettes ou frégates souhaitées par la Roumanie .

Et quoiqu’il en soit, nous ne pouvons que conclure en célébrant la coopération et l’indéfectible amité franco-roumaine.

Puis 8 heures de route pour observer à Isaccea l’excellente gestion des flux et de l’accueil des réfugiés ukrainiens via un bac sur le Danube.

Bravo à l’IGSU (organisme créé pour les situations d’urgence) sans oublier la police aux frontières roumaines, les ONG, Frontex, le personnel médical, les pompiers et volontaires, dont beaucoup de Français.

Juin 02 2022

Rotterdam, Pays-Bas (2 au 6 juin) – Congrès du Parti Populaire Européen (PPE)

Les 1er et 2 juin pour le 27ème Congrès du Parti Populaire Européen (PPE), avec plus de 2000 délégués et nombre de présidents, premiers ministres et ministres venus de toute l’Europe, le PPE regroupant les partis de centre-droit des États-membres de l’Union européenne, j’ai eu l’immense honneur de prononcer un discours en tant que présidente du groupe PPE de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, discours qui m’a notamment permis de rappeler la nécessité de renforcer notre soutien à l’Ukraine et d’accueillir au sein de l’OTAN la Suède ainsi que la Finlande.

Un Congrès fort intéressant en ces temps cruciaux et très difficiles pour l’Europe et pour le monde qui m’a permis de retrouver de nombreux amis et collègues, mais aussi de rencontrer Maïa Sandu, la Présidente de Moldavie (elle était aux États-Unis quand je m’étais rendue dans son pays avec l’AFD la semaine dernière) ou encore Sviatlana Tsihanouskaya , cette femme exceptionnelle qui s’était présentée aux élections présidentielles du Belarus en 2020 après que son mari y ait été arrêté et vit aujourd’hui en exil en Lituanie d’où elle dirige l’opposition démocratique à Lukashenko. J’ai eu le plaisir de rencontrer également, en compagnie de mon amie et collègue de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN l’ancienne ministre de la Défense lituanienne Rasa Juknevičiene, l’ancien ministre russe Vladimir Milov, aujourd’hui soutien d’Alexei Navalny et qui reçut d’ailleurs pour lui le Prix du Mérite du PPE.