Avr 24 2020

Confinement face au Coronavirus : des femmes et des enfants en danger

Le confinement, décidé par le gouvernement pour lutter contre l’épidémie de Covid-19,  et devenu nécessaire de par l’absence de masques et de moyens de dépistage massif, fait peser sur chacun de nos concitoyens la lourdeur d’un quotidien privé de liberté. Pour certains Français, à cette privation de liberté s’ajoute une véritable violence du quotidien, exacerbée par la promiscuité et dont ils ne peuvent échapper. Ainsi, des femmes et enfants sont confrontés à des violences intra-familiales.

Le 16 janvier dernier, j’alertais le gouvernement sur la progression alarmante des violences conjugales. En effet, de nombreuses associations ont dénoncé le fait qu’elles n’avaient toujours aucune précision concernant le financement de 1 000 places d’hébergement d’urgence annoncées par le gouvernement pour mettre à l’abri les femmes victimes de violences. Ces 1 000 nouvelles places d’hébergement avaient été annoncées par le Premier ministre lors du Grenelle contre les violences conjugales, lancé le 3 septembre 2019.

Pour faire suite à l’annonce d’un plan de continuité pour protéger les victimes de violences conjugales, par la secrétaire d’État chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre la discrimination, Marlène Schiappa, je me suis mobilisée avec une centaine d’autres sénateurs dans une tribune publiée par le journal Libération : « Coronavirus et confinement : femmes et enfants en danger ». Dans celle-ci, nous rappelons que le confinement peut être un piège terrible quand il enferme une famille dans la terreur permanente des insultes, des cris et des coups.

Ensemble, nous souhaitons faire passer solennellement ce message : « Nous, sénatrices et sénateurs, demandons solennellement au gouvernement de continuer à assurer la protection, en cette période de crise sanitaire majeure, des femmes et des enfants victimes de violences, que l’exigence de confinement expose à des dangers encore plus graves. Malgré l’épreuve exceptionnelle que traverse notre pays, les femmes et les enfants qui subissent des violences ne doivent en aucun cas être sacrifiés. » Vous pouvez retrouver cette tribune datée du 28 mars ici.

Notre mobilisation a payé. Marlène Schiappa a annoncé à la toute fin mars plusieurs mesures pour venir en aide aux femmes victimes de violences à leur domicile. En s’appuyant sur les chiffres très inquiétants du ministère de l’Intérieur, indiquant que les violences conjugales avaient augmenté de plus de 30 % depuis le début du confinement en France, la secrétaire d’État a lancé des points d’accueil devant une vingtaine de supermarchés, en début de mobilisation, en lien avec des associations. Un système d’alerte auprès des pharmaciens a également été créé. Enfin, Marlène Schiappa a assuré que près de 20 000 nuitées d’hôtel seront financées, « pour que les femmes puissent fuir l’homme violent mais aussi pour écarter immédiatement du domicile des conjoints violents ».

Avr 09 2020

Question écrite sur la fracture numérique et la continuité pédagogique en période de confinement

Ci-dessous, copie de ma question écrite à Cédric O, secrétaire d’État auprès du ministre de l’économie et des finances et du ministre de l’action et des comptes publics, chargé du numérique, datée du jeudi 9 avril 2020, que vous pouvez également retrouver sur le site du Sénat.

Mme Joëlle Garriaud-Maylam interroge M. le secrétaire d’État auprès du ministre de l’économie et des finances et du ministre de l’action et des comptes publics, chargé du numérique, sur le risque de rupture de continuité pédagogique pour les élèves français de familles défavorisées n’ayant qu’un accès réduit et parfois même inexistant à internet.

Elle lui rappelle que le mardi 10 mars 2020 sur une chaîne d’information, il avait invité les entreprises du numérique à « se mobiliser dans cette crise » leur demandant « qu’elles fassent en sorte de mettre leurs services à disposition, soit de manière gratuite, soit avec des tarifs réduits ».

Or il semble qu’aucun progrès n’ait été fait en ce domaine.

Elle souligne que la généralisation du confinement à l’ensemble du territoire national entraîne pourtant un accroissement de la fracture numérique entre les Français pouvant se doter d’un abonnement internet illimité et les personnes les plus défavorisées qui ne peuvent en aucun cas se l’offrir.

Le maintien d’un accès à internet est indispensable pour éviter une rupture d’égalité entre les élèves français, et le décrochage de certains d’entre eux, faute de possibilité de soutien à distance. Outre le maintien de la continuité pédagogique, un meilleur accès internet leur permettrait de garder des relations sociales indispensables en période de confinement et de pouvoir accéder à la lecture ou, plus généralement, à la culture.

Elle tient ainsi à exprimer son soutien à l’appel lancé aux fournisseurs d’accès internet par l’association ATD Quart monde afin que ces fournisseurs fassent un effort, dans l’intérêt général, et jusqu’à la fin du confinement, pour ces familles défavorisées. Les enfants doivent être à même de poursuivre leur éducation malgré leur confinement dans des espaces souvent très réduits et surchargés. Ainsi, une mise à disposition des familles défavorisées d’un volume internet d’au moins 10 Go éviterait aux enfants de décrocher et maintiendrait la continuité pédagogique par un soutien à distance, inenvisageable autrement. Elle leur permettrait également d’avoir accès aux services administratifs. De même l’attribution de cartes pré-payées illimitées, valables en France jusqu’à la fin du confinement, serait d’un grand secours.

Elle insiste donc pour que le secrétaire d’État en charge du numérique pèse de tout son poids auprès des grands fournisseurs d’accès Internet pour que de telles mesures soient mises en place au plus vite et qu’elles subsistent jusqu’à la fin du confinement. Il en va de l’avenir – notamment scolaire – de centaines de milliers de jeunes Français. Elle le remercie également de l’informer des mesures mises en place.