« Nous sommes en guerre ». Lors de son allocution du lundi 16 mars, le président Emmanuel Macron a placé la lutte contre l’épidémie de Covid-19 dans un cadre guerrier. Mais une guerre ne se fait pas sans approvisionnement. Et c’est sur ce terrain-là que les Français mesurent les nécessités. La pénurie de masques, en priorité pour les soignants, fait vivement réagir. Les retours du terrain donnent envie de compléter les propos du président de la République, car c’est à une « guerre des masques » que nous assistons.
6 millions de masques FFP2, à destination de l’Allemagne ont ainsi « disparu » au Kenya fin mars. Entre la République tchèque et l’Italie, nous avons frôlé l’incident diplomatique pour ces masques qui semblaient avoir si peu de valeur hier.
En France, « le gouvernement amorce un virage à 180 degrés » sur le port du masque, titre Le Monde le 6 avril. Le méli-mélo communicationnel du gouvernement sur la pénurie de masques n’a rien arrangé. « Ils disent que les masques ne servent à rien car on n’en a pas ». Ce raisonnement a fait le tour de la toile et participe grandement à la crise de confiance à l’encontre du gouvernement.
Nous sommes passés d’une prétendue inutilité du port du masque à une possible obligation de port du masque, sinon sur l’ensemble du territoire, au moins dans certaines communes.
Pénurie de masques, communication désordonnée, décisions prises toujours sur le tard : les errements du gouvernement dirigé par Édouard Philippe coûtent déjà beaucoup à chaque Français, qu’il vive sur notre sol ou qu’il se soit établi à l’étranger. Un coût en vies perdues, avec toujours trop de morts à déplorer, en activités nécessairement délaissée suite à l’annonce du confinement ; un coût économique pour tant d’artisans, de restaurateurs, de commerçants, d’entreprises dont l’activité est ramenée à zéro.
Les tentatives de chiffrage des conséquences économiques de l’épidémie et des mesures prises pour lutter contre celle-ci affichent des résultats bien incertains. Il y a au moins consensus sur l’inconnu du coût total pour notre économie nationale, et pour l’Union européenne. Comme toujours, il y a ce qu’on voit, et ce qu’on ne voit pas. Et donc qu’on ne mesure pas.
Au défi sanitaire immédiat succédera sans doute une crise de confiance sans précédent dans notre Ve République. Sur ce point, gouvernement, membres de l’opposition et journalistes semblent au moins d’accord. Le Premier Ministre a d’ailleurs choisi un discours d’humilité depuis quelques jours. Exemple suivi par notre ministre de la Santé, Olivier Véran. Chacun pressent que le confinement terminé et la crise sanitaire passée, le combat politique sera féroce.
Mais au-delà de ces oppositions entre forces politiques, notre attention doit se porter sur la crise de confiance qui se durcit entre les Français et le gouvernement. Si cette perte de confiance devait s’étendre à l’ensemble de la représentation nationale, nous pourrions faire face à une véritable crise de la représentation. Soyons attentifs à ce qu’une crise ne succède pas à une autre.