Déc 17 2009

Commission nationale française pour l’UNESCO

Question écrite n° 11460 de Mme Joëlle Garriaud-Maylam (Français établis hors de France – UMP) publiée dans le JO Sénat du 17/12/2009

Mme Joëlle Garriaud-Maylam interroge M. le ministre des affaires étrangères et européennes sur les menaces pesant apparemment sur l’avenir de la Commission nationale française pour l’UNESCO (CNFU).

Elle rappelle que cette commission a été constituée il y a 60 ans en application de l’Acte constitutif de l’UNESCO, traité international qui prévoit la création dans les États membres de comités de coopération intellectuelle. Ses missions sont la promotion des influences réciproques de la France à l’Unesco et de l’UNESCO en France, ainsi que la fédération et la mise en œuvre des coopérations internationales dans les domaines de compétence de l’organisation, conformément aux priorités françaises.

La CNFU a été à l’origine des grandes avancées mondiales dans tous les domaines de compétence de l’UNESCO, de la convention sur la protection du patrimoine mondial (1972) à celles pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (2003), sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (2005) et sur la bioéthique et les droits de l’homme (2005). Son action s’est aussi avérée décisive lors des grandes réunions internationales touchant au secteur de l’éducation, dont le rôle vital est inscrit dans les objectifs mêmes du Millénaire pour le développement.

Or, depuis trois ans, les crédits alloués par le gouvernement français subissent une réduction drastique. La mise à disposition par le ministère de l’éducation nationale des trois agents du secrétariat général (le secrétaire général et deux conseillers techniques) prendra fin au 31 décembre de cette année. La non-application du décret promulgué depuis plus d’un an, qui visait à modifier la composition de la CNFU, empêche la nomination de nouveaux membres, alors même que le mandat de l’ancienne commission devait cesser fin mars 2007. Sans objectifs assignés ni moyens d’action, la commission aura du mal à continuer d’assurer ses responsabilités. Face à cette crise, son président, M. Jean Favier, a décidé de remettre sa démission à la fin de ce mois.

Cette situation est d’autant plus regrettable que d’autres pays membres de l’UNESCO, tels que le Sénégal, disposent de commissions nationales dûment constituées, et dotées de moyens financiers d’une toute autre importance.
Elle souligne qu’une dissolution de la CNFU, ou son affaiblissement, constituerait un signal particulièrement négatif, tant vis-à-vis de la nouvelle direction de l’UNESCO que des organismes de la société civile impliqués grâce à elle dans des projets de coopération internationale. Il serait paradoxal et déroutant pour nos partenaires étrangers que la France affaiblisse sa commission nationale, au moment où l’UNESCO – organisation internationale dont le siège se trouve à Paris et dont la nouvelle directrice est francophone – connaît un nouveau tournant, comme en témoigne notamment son rôle dans la conférence de Copenhague. Elle lui demande de bien vouloir lui indiquer quelles mesures pourraient être prises, dans les plus brefs délais, par les différents ministères concernés pour éviter la disparition ou la paralysie, à court terme, de cet organisme.

Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée dans le JO Sénat du 18/02/2010

La Commission nationale française pour l’UNESCO a été créée en 1946, en application de l’article 7 de l’acte constitutif de l’UNESCO qui prévoit que chaque État membre prendra les dispositions appropriées pour associer aux travaux de l’organisation les principaux groupes nationaux qui s’intéressent aux problèmes d’éducation, de recherche scientifique et de culture, de préférence en constituant une commission nationale où seront représentés les gouvernements et ces différents groupes. Elle joue un rôle majeur, non seulement dans la conception et la mise en oeuvre des programmes de l’UNESCO en France, mais aussi comme laboratoire d’idées et de propositions françaises au sein de l’organisation et, enfin, comme maillon essentiel des relations de celle-ci avec la société civile. Le Gouvernement français, conscient de son importance, s’est toujours employé à fournir à la Commission nationale les moyens nécessaires à l’accomplissement de sa mission et s’est toujours montré soucieux d’accompagner sa nécessaire évolution. C’est la raison pour laquelle il a procédé à une réforme en profondeur de la commission, entérinée par le décret n° 2008-1400 du 19 décembre 2008 relatif à la Commission nationale pour l’éducation, la science et la culture. Par ce nouveau décret, les cinq ministères concernés, les ministères de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de l’aménagement du territoire, des affaires étrangères et européennes, de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, et de la culture et de la communication ont souhaité diminuer la taille de la commission, renforcer son efficacité, favoriser son renouvellement et préciser son rôle et la nature de ses relations tant avec eux qu’avec la délégation permanente française auprès de l’UNESCO. En application de ce nouveau décret, le processus interministériel de renouvellement des membres de la commission a été immédiatement lancé. L’établissement de la liste des institutions et des personnalités pressenties a fait l’objet d’un travail de coordination entre les cinq ministères qui est désormais achevé. En tenant compte du délai nécessaire pour la prise de l’arrêté de nomination par le Premier ministre, la nouvelle commission devrait être en place dans les tout prochains mois. La question des ressources humaines et financières mises à disposition de la commission est centrale. Dans un contexte budgétaire très contraint, l’ensemble des ministères concernés sont et resteront attentifs à garantir ses moyens de fonctionnement, en adéquation avec les missions qui lui sont dévolues. L’élection de la nouvelle directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova, offre une opportunité dont il convient de tirer le meilleur parti pour promouvoir les intérêts et l’influence intellectuelle de la France au sein de l’organisation, mais aussi pour diffuser les valeurs et accompagner l’action de l’UNESCO au sein de la société française. Le Gouvernement est et restera particulièrement attentif à la situation de la Commission nationale afin que celle-ci puisse continuer à remplir son rôle avec la sérénité et l’efficacité requises.