Dans le contexte de crise internationale que nous devons surmonter, la France doit tenir ses objectifs de déficit et préserver son « triple A » notamment afin que le coût de la dette accumulée depuis près de 30 ans ne prenne pas des proportions inconsidérées. L’implication du Président de la République au niveau européen comme à l’occasion du récent G20 doit être saluée et soutenue, bien au-delà des clivages politiques habituels.
Aussi, les déclarations du candidat socialiste qui ramènent l’action de la présidence française du G20 à un simple rôle d’animation sont injustes et regrettables et je partage la remarque d’un observateur de la presse politique qui indiquait ce matin, à l’attention de François Hollande, « qu’il est un peu plus compliqué de gérer un changement de civilisation que d’inaugurer, (NDLR : comme il l’a fait ce week-end) la foire du livre de Brive-la-Gaillarde ! ». L’inexpérience ministérielle de l’intéressé et le fait qu’il n’a jamais eu à gérer une négociation au plan international devrait donc l’amener à plus de modestie.
De son côté, le Premier ministre, François FILLON, prend également ses responsabilités et vient de présenter un nouveau « plan d’équilibre des finances publiques ». Il chiffre à 18,6 milliards d’euros les mesures d’économies supplémentaires: 7 milliards en 2012 et 11,6 milliards en 2013. Celles-ci s’ajoutent à celles déjà annoncées le 24 août dernier car il faut prendre en considération la révision de la prévision du taux de croissance de 1,75% à 1% pour 2012.
Comme l’a indiqué le Premier Ministre, « la poursuite des efforts engagés depuis trois ans nous permettra, au cours des quatre années à venir, d’économiser près de 115 milliards d’euros et de ramener le déficit à zéro en 2016 ».
La France a, pour le moment, pour objectif, de réduire son déficit public à 4,5% du PIB en 2012, 3% en 2013 et 2% en 2014.
Les mesures emblématiques de ce nouveau tour de vis budgétaire sont donc :
- l’accélération à 2017 du passage à la retraite à 62 ans,
- le relèvement, à l’exception des produits de première nécessité, du taux réduit de la TVA, qui passe de 5,5% à 7% et s’aligne ainsi sur son équivalent allemand,
- la revalorisation plafonnée de prestations sociales,
- le rabotage supplémentaire de niches fiscales comme le prêt à taux zéro qui sera « recentré pour en limiter le coût » et le dispositif Scellier (réduction d’impôt sur certains investissements immobiliers locatifs) qui sera supprimé fin 2012
- la majoration « temporaire » de 5% de l’impôt sur les sociétés des grandes entreprises ayant un chiffre d’affaires supérieur à 250 millions d’euros.
- La hausse à 24%, contre 19% aujourd’hui, du taux d’imposition forfaitaire frappant les revenus de l’épargne et les dividendes.
- Le gel du barème de l’impôt sur le revenu et celui de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour les deux prochaines années.
Le plan présenté à la mi-journée portera également « pour un peu plus de la moitié » sur une réduction drastique des dépenses, ce qui fait du budget 2012 de l’Etat (hors dette et pensions) « l’un des plus rigoureux depuis 1945 ».
Enfin, le Premier ministre, François Fillon, a annoncé lundi la réduction des plafonds de dépenses des campagnes électorales, le gel des salaires du président de la République, mais aussi ceux des ministres.
Selon le professeur Stéphane Rozes, il y aurait trois conditions pour qu’un plan de rigueur soit accepté par les citoyens. «Le plan doit être cohérent. Il doit apparaître comme la seule politique possible et surtout prouver que la charge des efforts à fournir soit équitablement répartie». Gageons que l’action du Président de la République au plan international et la déclinaison des mesures économiques et budgétaires présentées par son Premier Ministre seront perçues comme telles.
L’époque ne se prête ni aux facilités ni à la démagogie… D’autant que la situation actuelle est due à l’accumulation de plus de 30 années de déficits budgétaires durant lesquelles les gouvernements de droite comme de gauche se sont succédé.
C’est donc, aujourd’hui, notre devoir d’hommes et de femmes politiques de chercher à corriger les erreurs du passé en trouvant de nouvelles sources d’économies et en veillant à freiner toutes les dépenses inutiles.