Le Laos, petit pays de 6,5 millions d’habitants, encore largement méconnu, sans accès à la mer et enclavé entre des Etats de poids bien plus important, est un des pays les plus pauvres d’Asie du Sud-Est. Riche d’une histoire et d’une culture complexe et séculaire, mais sorti exsangue des conflits du XXème siècle, le Laos a décidé de s’affranchir de son passé socialiste, de s’ouvrir à l‘économie de marché et de devenir un carrefour routier et ferroviaire de l’Asie du Sud Est. Il jouit depuis plusieurs années d’une croissance économique forte et constante (7% en 2011), reposant en grande partie sur ses ressources naturelles (hydroélectricité et mines) et leur exportation vers les pays voisins.
La France, partenaire de longue date du Laos, l’accompagne dans son développement, à travers un soutien à la francophonie et aux secteurs de la santé, de l’agriculture et du patrimoine, notamment grâce à l’action de l’AFD qui intervient dans le pays depuis 1993. Un Institut Pasteur, destiné à la lutte contre les maladies infectieuses vient d’être ouvert. Des chercheurs de l’IRD (Institut de Recherche et de développement) conduisent actuellement des missions en matière d’aide à l’agriculture (déforestation, érosion des sols etc.) La Secrétaire d’Etat chargée de la jeunesse Jeannette Bougrab a également signé à l’occasion de son passage en novembre dernier 4 conventions du Fonds Social de Développement (FSD) en faveur d’associations laotiennes travaillant sur la mise en place de la biodiversité, la lutte contre l’épilepsie, l’aide aux sourds et malentendants et la préservation du théâtre d’ombres laotien pour un montant total de 282 000 dollars.
Le Laos, de son côté, est aussi très ouvert à un renforcement de nos liens y compris commerciaux. La compagnie nationale Lao Airlines a ainsi acheté à la France deux Airbus A 320, le premier ayant effectué son vol inaugural le 9 novembre dernier.
La communauté française du Laos
Au premier Janvier 2012, 1903 Français étaient inscrits au registre des Français établis hors de France. On estime en fait le nombre de Français établis au Laos à environ 2 200. La communauté française, qui a doublé en moins de dix ans, est la plus importante des communautés étrangères occidentales établies dans ce pays, et la troisième population étrangère du pays après les Thaïlandais et les Vietnamiens. Près de 80% des ressortissants français résident à Vientiane, l la région de Luagn Prabang en accueillant 7,5%.
Cette communauté française est très concentrée autour des institutions françaises (Institut Français au Laos, Lycée Français Josué Hoffet , Ambassade, Agence française de développement, Ecole Française d’Extrême Orient, Institut de recherche et de développement, Centre de coopération internationale en recherche agronomique – CIRAD, Institut Français de médecine tropicale, Agence universitaire de la Francophonie, ONG).
Les grandes entreprises françaises étant peu implantées au Laos ou ayant recours au personnel laotien, la majorité des Français présents dans le secteur privé travaillent pour de très petites entreprises. Une centaine de PME françaises sont présentes au Laos, elles interviennent dans le secteur des services (hôtellerie, tourisme, restauration, assurance, conseil, architecture, distribution), de l’agriculture (café, fleurs, fruits, plantes aromatiques), et de l’industrie (hydroélectricité). Les Français d’origine laotienne représentent un peu moins du tiers de la communauté française. Néanmoins, la majorité des nouveaux immatriculés viennent directement de France et sont d’origine laotienne. Ils espèrent y développer de petites affaires, y prendre leur retraite ou répondent simplement à l’appel des familles restées au pays. Par ailleurs, certains de nos compatriotes ne souhaitent pas être inscrits, notamment quelques « double nationaux », la double nationalité n’étant pas reconnue au Laos. Les Français d’origine laotienne sont tentés de demander leur réintégration dans la nationalité laotienne et de renoncer à leur nationalité française pour pouvoir hériter des biens de leurs parents, ou transmettre leurs biens à leurs enfants. Une grande partie de nos compatriotes a des revenus réduits, vivent de leur retraite ou d’une pension, et ne disposent d’aucune couverture sociale. Ils s’en remettent pour le paiement des soins ou d’une hospitalisation à leur famille, à leur employeur, ou à leurs proches.
Luang-Prabang Dimanche 18 et lundi 19 mars
Arrivant du Bangladesh un week-end, j’en ai profité pour me rendre à Luang Prabang. Membre de la Commission nationale française pour l’UNESCO, je souhaitais pouvoir évaluer le travail réalisé dans cette ville inscrite depuis 1995 à son patrimoine mondial et dans la restauration de laquelle la France et l’AFD ont joué un rôle particulièrement important.
Je savais bien sûr que Luang Prabang, « la ville royale où réside le Prabang » (la statue du Boudha portant ce nom installée là par Fa Ngum, fondateur du royaume de Lan Chang -le royaume du Million d’éléphants- au milieu du 14ème siècle, ancienne capitale du Laos, autrefois résidence de la famille royale, était une jolie ville coloniale lovée sur les rives du Mékong et du Nam Hou. Mais je ne m’attendais pas à voir une ville si magnifiquement préservée, au charme indéfinissable, mélange d’une certaine indolence mais aussi d’une spiritualité qui se ressent à chaque coin de rue.
Luang Prabang, ville royale et coloniale, est un vrai joyau, écrin de végétation luxuriante pour des dizaines de splendides pagodes en bois peint et des petites maisons coloniales merveilleusement restaurées. Il y règne une paix et une harmonie à peine dérangée par les touristes qui essaiment les rives du Mékong et l’artère principale de la ville, siège le soir d’un sympathique marché où se retrouvent les paysans et artisans de la région, tisseurs de soie, sculpteurs sur bois et orfèvres.
La présence française à Luang-Prabang
Je ne sais s’il s’agit d’un mirage, mais partout il me semble humer un certain parfum de France, depuis les témoignages, dans le palais royal, des affinités de la famille royale pour la France jusqu’aux panneaux AFD qui indiquent –en français aussi ! – à chaque coin de rue les travaux entrepris et la date de fin escomptée pour le pavage des petites rues de la ville.
C’est en 1861 que le jeune naturaliste et explorateur français Henri Mouhot (le « découvreur » d’Angkor Vat) se rend au Laos et y rencontre le roi Chanthakuman (1853-1868). Il y est rejoint 5 ans plus tard par la mission d’exploration du Mékong dirigée par Doudard de Lagrée et Francis Garnier.
Mais la bille peine à résister aux tentatives répétées d’agression, d’occupation ou d’annexion de ses voisins birmans et thaïs. La région du nord et de l’est de Luang-Prabang est occupée par les Thaïs,et des pillards Hô brûlent et saccagent Luang-Prabang en 1887.
Auguste Pavie, jeune employé des postes et télégraphes en Cochinchine, parti faire une mission d’exploration géographique, réussit à convaincre les autorités coloniales de la nécessité d’établir un consulat français dans ce lieu qui avait toujours été « le centre le plus riche et le siège de la puissance la plus solide de l’Indochine septentrionale (..) au point de rencontre de toutes les races indochinoises » selon le rapport du Consul de France à Bangkok en juin 1885. Son action sauve sans doute alors le Laos de la disparition. Devenu vice-consul en 1885 puis Consul en 1889, Auguste Pavie, obtient le ralliement des Laotiens et de leur roi à la France. Deux traités de protectorat avaient été signés dans la péninsule indochinoise, au Cambodge en 1863 et au Vietnam en 1885. L’action de Pavie permet la signature d’un troisième traité établissant un protectorat français au Tonkin. Le 3 octobre 1893 est signé un traité franco-siamois. Le Siam acceptera d’évacuer la rive gauche du Mékong et de reconnaitre le protectorat de la France sur le Laos.
Lors de la deuxième guerre mondiale, le Laos passe sous l’emprise japonaise qui, après la défaite, tuera ou déportera une bonne partie des expatriés français du pays.
Royaume unifié en 1946 le Laos devient un Etat autonome en 1949 puis un Etat indépendant en 1953 dans le cadre de l’Union française. La France y engage de très gros travaux d’aménagement (création d’écoles, développement du réseau routier). Mais le Laos continue d’être l’objet de bien des convoitises, et c’est le souci de défendre le Laos contre les infiltrations viêt-minhs qui est à l’origine de la bataille de Diên-Biên-Phu . La victoire vietnamienne à Diên-Biên-Phu en 1954 marque la fin du protectorat français. En 1975, le roi abdique et la République Démocratique du Laos est proclamée.
Cette histoire partagée, si elle a laissé nombre de charmantes maisons coloniales que l’UNESCO et la France ont sauvé d’une ruine certaine, a sans doute constitué aussi le ferment de cette francophilie marquée.
C’est ainsi qu’une ravissante maison coloniale, toute blanche et ocre, des dragons sculptés veillant sur elle, accueille l’Institut français de Luang-Prabang. Sous la direction de Madame Carla Jorge, cet Institut français, appelé avant la réforme de 2011 Centre Culturel Lao-Français de Luang-Prabang , développe l’enseignement de notre langue et est le relais sur place de notre action culturelle, en accueillant par exemple dans ses jardins de belles expositions photos (la dernière sur le thème de l’eau). Autre clin d’œil de l’histoire contemporaine, il s’agit de la maison où l’humoriste Pierre Desproges a passé plusieurs années de son enfance, son père enseignant alors le français à l’école tout proche.
Le Directeur du Département du Patrimoine mondial de Luang-Prabang, Monsieur Boungnang Phongphichith, dont les bureaux occupent l’ancienne maison des douanes édifiée du temps du protectorat, francophone, m’accueille dans ses services pour une présentation exhaustive du développement de Luang Prabang et des programmes de restauration à l’œuvre, avec force statistiques à l’appui. Aucune démolition n’est autorisée, et les travaux de restauration doivent obligatoirement se faire avec des matériaux locaux.
J’apprends aussi que le tourisme français à Luang-Prabang n’a cessé de croitre ces dernières années, passant de la 5ème position en 2007 à la seconde position, derrière les thaïlandais, mais, avec 26 000 visiteurs en 2011, devant les Etats-Unis (45 000 visiteurs français pour l’ensemble du Laos en 2010, en hausse de66% par rapport à l’année précédente)
La France participe largement à la préservation du patrimoine matériel et immatériel du pays, notamment à travers le projet FSP (fonds de Solidarité Prioritaire) « Vat Phu Champassak » : mise en valeur du patrimoine et développement (2007-2012).
Mais les besoins restent très importants, et M. Phongphichith exprimera bien sûr le souhait que la France s’implique encore davantage dans la restauration de Luang-Prabang..
J’ai également l’immense privilège de rencontrer à Luang-Prabang Francis Engelman, grand spécialiste du Laos, qui me fera découvrir nombre d’aspects inattendus de cette ville et des riches civilisations qui s’y sont succédées. Francis a été un des artisans de l’inscription de Luang Prabang au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1995. Aujourd’hui, s’il est fier du travail accompli en matière de restauration du patrimoine bâti, il s’interroge sur les conséquences en matière de préservation du patrimoine culturel immatériel (sujet qui m’est cher et sur lequel j’avais été rapporteur pour la commission des affaires étrangères en 2005 (mon rapport sur le patrimoine immatériel)
De plus en plus d’habitants de Luang-Prabang tendent en effet à profiter du boom immobilier apporté par l’inscription à l’UNESCO pour quitter la ville et les petites maisons coloniales au charme suranné sont peu à peu transformées en «guest-houses » , cafés ou boutiques. Conséquence plus grave encore, les bonzes, qui dépendaient pour leur alimentation des dons faits par les habitants lors de leurs processions rituelles à l’aube, ont eux aussi tendance à quitter leurs monastères et à s’installer plus loin, là où subsistent de vraies communautés pouvant mieux les aider. Le défi de Luang-Prabang est désormais de préserver les traditions spirituelles qui font le charme de cette ville et d’éviter un tourisme de masse qui pourrait détruire son fragile équilibre.
Vientiane du lundi 19 au mercredi 21 mars
Partant le lundi soir à Vientiane, je suis accueillie à l’aéroport par le Premier Conseiller de l’Ambassade Guillaume Habert, que j’ai un très grand plaisir à retrouver, l’ayant rencontré quand il représentait le Ministère des Affaires étrangères à la CNEMA (Commission nationale pour l’élimination des mines anti-personnel) moi-même y représentant le Sénat.
Un nouvel ambassadeur, Jean-René Géhan, a pris tout récemment ses fonctions à Vientiane, mais je n’aurai pas la chance de le rencontrer en ces deux jours de visite, lui-même se trouvant à Bangkok pour une réunion des Ambassadeurs de la Région.
Francophonie et Culture
Le soir même de mon arrivée, le COCAC (Conseiller d’action et de coopération culturelle), Jean-Pierre Galland organisait un dîner très sympathique à son domicile des bords du Mékong avec les responsables de son service et leurs conjoints. Un décalage total entre ce cadre enchanteur, la nuit étoilée permettant de distinguer depuis le jardin les rives de la Thaïlande toute proche, et la teneur des discussions, empreintes d’inquiétude quant à l’avenir de notre présence culturelle dans ce pays si proche de la France, mais où, du fait des restrictions budgétaires, nous ne pouvons être aussi présents ou réactifs que nous le souhaiterions, face à l’entrisme de la Chine. Comme souvent, je m’aperçois que la réforme de nos structures et leur regroupement au sein de l’Institut français n’est pas toujours très bien comprise et que l’on craint une centralisation excessive. J’essaie quant à moi d’expliquer les nécessités de la rationalisation et de l’harmonisation des pratiques dans un souci d’économies budgétaires. Mais je partage bien sûr les frustrations relatives aux restrictions budgétaires. Nous avons des équipes de personnes remarquables, très motivées, à l’écoute des aspirations de ce pays qu’il nous faut aider et qui pourrait être un appui considérable pour nous dans cette zone d’Asie en pleine expansion.
La Francophonie constitue en effet un vecteur d’affirmation de l’identité du Laos, le français est la deuxième langue obligatoire à partir du collège. Notre dispositif culturel s’articule autour des deux Instituts français (Vientiane et Luang Prabang), un lycée français et l’Ecole Française d’Extrême Orient.
Le Lycée français Josué Hoffet
Le lendemain, c’est la visite des superbes locaux du Lycée Josué Hoffet, suivie par des entretiens avec l’équipe de direction et les enseignants.
Fondée en 1986 par un groupe de parents d’élèves désireux d’offrir un enseignement français de qualité à leurs enfants, l’école française Hoffet, du nom du géologue et paléontologue qui découvrit en 1936 des os de dinosaures au Laos, devenue Lycée Josué Hoffet en 2007 est conventionnée avec l’Agence pour l’enseignement du français à l’étranger (AEFE)
Elle accueille aujourd’hui 470 élèves de la maternelle à la terminale.
Près d’un tiers des enfants scolarisés au Lycée Français sont boursiers, et certaines familles, notamment franco-laotiennes sont dans des situations très difficiles. Je félicite le proviseur Olivier Decloittre pour son respect exemplaire de la loi du 11 février 2005 relative à l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées et la générosité de son attitude, avec notamment l’accueil d’un jeune élève gravement handicapé. Autre bel exemple, le lycée organise par ailleurs des cours de soutien et des activités périscolaires permettant une mise à niveau des élèves dont la langue maternelle n’est pas le français.
Après la visite du Lycée, c’est un déjeuner qui m’attend à l’Ambassade, organisé par Guillaume Habert avec une vingtaine d’entrepreneurs, responsables consulaires ou associatifs (ADFE et UFE). Tous s’accordent à reconnaître le potentiel géostratégique du Laos, pays francophone et francophile et la nécessité d’y renforcer nos positions.
l’Institut français du Laos (IFL) où j’ai assuré une permanence afin d’y rencontrer les membres de la communauté française souhaitant me faire part de leurs difficultés, est situé dans un spacieux et élégant bâtiment d’époque coloniale, point de convergence des francophones de la ville.
Sous la direction de Laurent Montillet il assure, outre sa mission première d’enseignement de la langue française, la promotion de notre action culturelle extérieure et propose des activités variées et innovantes dans les domaines du livre, du cinéma, du spectacle vivant et de la promotion des savoirs. A l’occasion de la journée de la francophonie du 20 mars étaient par exemple prévus un défilé de mode, avec des créations réalisées au sein même de l’Institut, et un récital de chansons françaises par des chanteurs et chanteuses laotiens de tous âges, sélectionnés parmi les apprenants ou enseignants de français après un processus d’échanges et de travail de plusieurs mois, des cours de chant étant donnés aux talents sélectionnés.. Un événement destiné à devenir le rendez-vous incontournable des amoureux de la langue française et qui pourrait servir d’exemple à nombre d’Alliances françaises ou d’Instituts français de par le monde.
Le Laos et les armes à sous-munitions
Le Laos est le pays le plus touché par les armes à sous-munitions suite aux bombardements subis par le pays pendant la guerre du Vietnam. De 1964 à la fin 1973, plus de 260 millions de ces bombes ont été déversées sur le Laos (soit plus de la moitié du total des bombes à sous-munitions déversées sur la planète monde depuis 1965). Il est estimé qu’environ 30% de ces bombes n’ont pas explosé au moment de l’impact. Elles continuent à tuer ou blesser 300 personnes par an au Laos, souvent dans des contrées très reculées, avec des conséquences lourdes en termes de handicap, de pauvreté, et de famine, certaines zones ne pouvant être cultivées, ou l’accès à l’eau étant impossible parce que toujours non dépolluées.
Les bombes à sous-munitions (BASM) sont, rappelons-le, composées d’un conteneur (bombe, obus, missile, roquette) regroupant, parfois par centaines, des mini-bombes explosives (appelées « sous-munitions »). Elles sont larguées par voie aérienne (avions, hélicoptères…) ou tirées par voie terrestre (canons, véhicules de combat, lance-roquettes, etc.) : le conteneur s’ouvre dans les airs et éjecte les sous-munitions qui explosent, en principe, au contact du sol ou de l’objectif visé (voir plus d’informations sur mon rapport d’information de 2006 au Sénat sur le sujet ainsi que mon rapport législatif de 2009 pour la ratification par la France de la Convention d’Oslo).
Les autorités laotiennes ont été parmi les premières à signer et ratifier le Traité d’interdiction des armes à sous-munitions et ont accueilli la première conférence des Etats parties à cette convention en novembre 2010.
Le rôle des ONG est fondamental dans l’aide apporté à ce pays si touché. Handicap International a ainsi mené ses premières actions dans le pays en 1996-1997, en réalisant la première enquête nationale sur l’impact socio-économique des engins de guerre non explosés (UXO), puis en apportant son soutien à UXO Lao, organisme national de déminage (ou de «débombage», dans ses opérations dans la province de Savannakhet, l’une des plus affectées du pays. Handicap International mène également des opérations à la fois de déminage avec ses propres équipes d’une part et de sensibilisation des populations aux risques des mines et engins de guerre non explosés. L’organisation a aussi contribué à renforcer les services de réadaptation.
Ayant longtemps travaillé sur cette problématique avec Handicap international au sein de la CNEMA, j’ai été particulièrement heureuse de rencontrer les responsables locaux de leur initiative « Ban Advocates » programme lancé par la section de Belgique en septembre 2007. Il s’agit de constituer un réseau de grands témoins, représentants de pays affectés par les sous-munitions,, notamment l’Afghanistan, l’Albanie, la Croatie, l’Ethiopie, le Liban, la Servie, le Tadjikistan et le Vietnam.
En Janvier 2010 le Laos a rejoint ce mouvement, constituant un groupe de huit personnes sévèrement affectées par ces armes, handicapés à vie. Venant souvent de villages très reculés, ces grands témoins, comme ce garçon de 17 ans dont la vie a basculé le jour où il a voulu ramasser une de ces armes, contribuent à développer des mesures d’information et de prévention sur tout le territoire, pour que d’autres ne subissent pas le même sort par ignorance. Ils travaillent aussi à attirer l’attention sur les difficultés de ce combat au Laos.
Quant à COPE (Cooperative Orthodic and Prosthetic Enterprise) , il s’agit d’une organisation admirable, qui s’est donné pour mission depuis 1997 de fournir des prothèses et aides à la mobilité (fauteuils roulants et vélos adaptés) pour les personnes qui en ont besoin. COPE fournit également une formation et un soutien auprès du personnel local afin de fournir un service de haute qualité.
Sous la direction de Madame Rouve Kiev, COPE a également créé un petit musée sur les armes à sous-munitions, afin de mieux faire connaître au grand public ce terrible fléau, et de lever des fonds pour développer leur assistance aux victimes.
La mobilisation sur un sujet aussi sensible ne doit donc pas faiblir. Si les victimes ont été au cœur des négociations, les sous-munitions polluent toujours 31 Etats et territoires dans le monde et le Laos en particulier. Des centaines de milliers de personnes vivent au quotidien sous la menace de ces armes et sont autant de nouvelles victimes potentielles.