Conduite par Joëlle Garriaud-Maylam (France) et Gianni Vernetti (Italie), une délégation composée de 32 parlementaires de 13 pays de l’OTAN et d’un pays partenaire, s’est rendue en Turquie du 24 au 27 avril. Les membres de deux Sous-commissions de l’Assemblée – la Sous-commission sur la gouvernance démocratique et la Sous-commission sur la coopération et la convergence économiques Est-Ouest – ont rencontré des hauts responsables des ministères des Affaires étrangères, de la Défense nationale, de l’Economie, de l’Energie et des Affaires européennes. La délégation s’est également entretenue avec des professeurs et des étudiants de l’université Bilkent à Ankara et de l’université Galatasaray à Istanbul.Les interlocuteurs de la délégation ont indiqué que, dans le contexte du réveil du monde arabe, la politique étrangère proactive et pluridimensionnelle de la Turquie était davantage mise en avant dans la diplomatie multilatérale. Le projet d’aboutir à « zéro problème avec les pays voisins » demeure un élément essentiel de la façon dont le pays conçoit sa politique étrangère. Cependant, à la suite du printemps arabe, les dirigeants turcs ont élargi cette approche afin d’y englober également les relations de la Turquie avec les populations de la région et plus uniquement celles avec leurs gouvernements. Cette réorientation de la politique étrangère a été un thème central des discussions tout au long de la visite.
Les responsables turcs ont également profité de l’occasion pour souligner leur détermination à renforcer les institutions démocratiques, la société civile et les réformes du marché bien que le rythme des négociations d’adhésion à l’UE ne les satisfasse pas. A cet égard, Egemen Bagis, le négociateur en chef turc pour l’adhésion à l’UE, a exprimé sa frustration quant à ce qu’il qualifie de traitement injuste de la Turquie dans les négociations. Celles-ci sont actuellement bloquées en grande partie à cause du problème de Chypre. M. Bagis a déclaré que la Turquie était prête à permettre aux deux parties de Chypre de négocier une solution à la division actuelle de l’île, mais il a également indiqué que la candidature de la Turquie était désormais victime d’un processus sur lequel elle avait très peu de contrôle. Certains membres de l’AP-OTAN ont cependant signalé qu’une résolution n’était possible que si les deux parties étaient prêtes à faire des compromis.
Sur le plan économique, la délégation a été informée que la Turquie a répondu à la crise économique mondiale avec des politiques fiscales et monétaires essentiellement keynésiennes. Par conséquent, l’économie croît très rapidement. Les parlementaires ont remarqué que la réponse turque à la crise avait été diamétralement opposée à celle des pays de l’UE et que le taux de croissance actuel de la Turquie semblait donner raison aux politiques monétaires et budgétaires de relance d’Ankara. Des membres de la délégation ont néanmoins exprimé leurs inquiétudes quant aux défis que représentent l’inflation et les déficits des comptes courants relativement élevés de la Turquie ainsi que la vulnérabilité du pays face à un revirement de la confiance des investisseurs internationaux.
Enfin, la délégation a salué la contribution indispensable de la Turquie aux opérations de l’OTAN ainsi que la décision du pays d’accueillir l’élément radar d’un système de défense antimissile conçu pour dissuader les menaces que représentent les missiles en provenance du Moyen-Orient. |