L’audit que le Premier Ministre avait commandé à la Cour des comptes le 18 mai dernier devait démontrer que la droite avait très mal géré les finances publiques. Elle aurait ainsi pu faire porter aux prédécesseurs la responsabilité du décalage qui va maintenant apparaitre aux Français entre les promesses de la gauche lors des campagnes présidentielle et législatives et les mesures de rigueur auxquelles le gouvernement ne pourra se soustraire sous peine d’engager la crédibilité française..
Mais le rapport que Didier Migaud, ancien député PS et premier président de l’institution de contrôle des finances publiques a rendu hier est bien loin du réquisitoire attendu. Il n’y a qu’1,5 milliard d’aléas budgétaires (pouvant être facilement compensés par la réserve de précaution de 4 milliards mise en place par le gouvernement Fillon).
Et la seule confirmation notable provenant des « sages » de la rue Cambon porte, en effet, sur des « recettes publiques, considérablement amoindries par une croissance en berne »… On s’en doutait !
L’embarras est palpable au gouvernement comme à l’Elysée, d’une part parce que certains ministres avaient tenu des propos outranciers et mensongers (la veille de la publication Moscovici accusait la majorité sortante de n’avoir « rien foutu » pour réduire les déficits ( !), et d’autre par parce que le respect du programme de stabilité transmis par Paris à Bruxelles, avec un déficit public ramené à 4,4% du PIB, exige des corrections drastiques et immédiates, à savoir des » mesures fiscales nouvelles rapides et d’un montant significatif » (entre 6 et 10 milliards d’Euros). Et les magistrats enfoncent le clou lorsqu’ils déclarent, à l’opposé du discours de François Hollande selon lequel il ne toucherait pas au niveau global des effectifs de la fonction publique, que » seule une baisse des effectifs donne des marges de manoeuvre en matière salariale « .
Le traditionnel discours de politique générale que doit prononcer le Premier Ministre, cet après-midi devant les députés et demain devant les sénateurs, sera donc, quoi qu’il en dise et même s’il joue sur les mots en appelant cela « des efforts » ou « un redressement dans la justice », un véritable programme de rigueur où les coupes budgétaires vont se poursuivre et les impôts continuer d’augmenter…
Je regrette d’ailleurs, qu’à l’issue de son discours au Sénat, le Premier Ministre n’ait pas prévu, comme ce sera le cas à l’Assemblée nationale, un vote des parlementaires. Il craint sans doute l’étroitesse de sa majorité au Palais du Luxembourg et sait certainement que nos collègues sénateurs écologistes et communistes font déjà grand bruit de leur mécontentement…