Déc 30 2012

Lettre de fin d’année à François Hollande

Drôle de fin d’année pour vous et votre gouvernement, Monsieur le Président, avec cette censure par le Conseil constitutionnel de la taxe à 75%, mesure emblématique de votre campagne présidentielle et qui a certainement beaucoup contribué à votre élection en mai dernier.

Cette censure était prévisible et attendue. Nous avions initié avec mes collègues sénateurs et députés UMP le recours auprès du Conseil constitutionnel. Car juridiquement et techniquement, le projet gouvernemental était entaché d’erreurs manifestes, qu’un minimum de réflexion préalable aurait pu empêcher et qui posent question sur le professionnalisme de leurs auteurs. Mais au-delà du cafouillage juridique, le problème est beaucoup plus grave. Proposer une taxe à 75% est profondément démagogique. Cela permet certes de gagner une élection, car il est facile de transformer les riches en boucs émissaires et cela permet d’éviter de parler des vrais problèmes. C’est surtout totalement contre-productif, car au-delà du cas de Depardieu, c’est un signal terrible en direction de tous ceux qui aiment la France mais en ont assez d’être pris pour des « pigeons » et de constater que leurs compétences, leurs talents, leur soif de progrès et de réussite ne sont pas encouragés ou reconnus dans notre pays.

On aurait pu espérer qu’une fois élu, vous sauriez faire preuve de réalisme et prendre les mesures courageuses indispensables au redressement du pays. Après tout, vous êtes un homme intelligent, et vous avez dû voir ce qu’a accompli, avec tant de succès, Schroeder en Allemagne. Hélas il n’en est rien. Toute votre énergie semble s’être concentrée sur le détricotage des mesures qui avaient été prises par votre prédécesseur et qui étaient pourtant indispensables, comme celles sur la retraite – et .. sur le souci d’améliorer votre communication et votre popularité. Mais on ne peut berner indéfiniment le peuple français en le berçant de belles promesses dont on sait pourtant qu’elles sont irréalisables. La popularité ne se décrète pas, pas plus que le respect. Les Français savent que notre pays s’enfonce dans la crise. Ils savent que nous n’en sortirons pas par des mesures anecdotiques ou sociétales mais par de profondes réformes structurelles.

Certes nous voulons de la solidarité pour les plus faibles et les plus démunis d’entre nous, mais notre système d’aide sociale est profondément vicié. Est-il normal que la Sécurité sociale –dont le coût a progressé de 56% ces dix dernières années – continue à prendre entièrement en charge des opérations de changement de sexe – pour un coût de plusieurs dizaines de milliers d’euros chacune- , ou trois semaines de séjour en station thermale (frais de déplacement et hôtels inclus) pour des personnes qui n’en ont guère besoin ?

Ne serait-il pas temps de dire enfin que nous ne pouvons plus nous permettre une telle générosité ? Ne serait-il pas temps de faire un inventaire des gabegies qui sévissent dans notre pays et de mettre fin aux fraudes –dont un rapport de l’IFRAP estime le montant entre 15 et 20 milliards d’euros par an? Ne serait-il pas temps d’encourager le travail et la création d’entreprises plutôt que l’assistanat ?

Hélas, le gouvernement semble s’enfoncer un peu plus chaque jour dans les faux-semblants et le déni. Et cela atteint durement notre crédibilité internationale. Tous les jours, la presse internationale s’alarme ou se gausse de notre situation. Un article du Sunday Times d’aujourd’hui citait l’économiste Christian Saint Étienne selon lequel la France « est au bord d’une défaite économique et industrielle aussi ignominieuse que celle subie en 1940 ».

Alors un peu de courage, Monsieur Hollande. Ne nous dites pas une fois de plus que la situation est difficile, endossez les habits d’un Homme d’État, agissez, réduisez les dépenses publiques inutiles, réhabilitez l’éthique et remettez la France au travail. Tous ceux qui aiment la France n’attendent que cela.