Fév 07 2013

Pharmacovigilance – ou quand la transparence est la clé de la sécurité

Mediator, pilules de 3e ou 4e génération, Diane 35… Combien faudra-t-il encore de scandales, combien de décès, pour que le dispositif de pharmacovigilance cesse de favoriser les lobbies pharmaceutiques au détriment du principe de précaution ?

Depuis 2008, j’interpelle les Ministres de la Santé successifs au sujet des traitements antiacnéiques à base d’isotrétinoïne (Roaccutane, Contracné, Curacné, Isotretinoïne Teva, Procuta), fortement suspectés d’entraîner chez certains patients des troubles psychiatriques graves, voire des suicides.

Il m’est régulièrement répondu que « des études sont en cours » et qu’il faudrait se satisfaire des mises en garde ajoutées dans les notices des médicaments et  des appels à la vigilance diffusés parmi les professionnels de santé… Je constate pourtant que l’absence d’une réelle prise de position de l’ANSM permet aux laboratoires pharmaceutiques de contester la véracité – et même la légitimité des alertes – quant à ces médicaments. Suite à ma question écrite de janvier 2011 et à mes interventions dans les médias à ce sujet, j’avais ainsi été violemment prise à partie par des dermatologues. Fin 2011, à la suite des Journées Dermatologiques Parisiennes, un article au titre (trop ?) rassurant était publié : « Le risque suicidaire sous isotrétinoïne reste exceptionnel ». Tant que l’ANSM ne rend pas publics les résultats de l’étude menée sur ces spécialités pharmaceutiques, le message reste brouillé, au détriment de la santé de milliers de patients.

La transparence est l’étape indispensable vers une meilleure application du principe de précaution et une responsabilisation accrue de tous les acteurs (le prescripteur, le patient et ses proches, le pharmacien, le médecin traitant, etc.).

Il serait également urgent de renforcer le dispositif de signalement des effets indésirables graves des médicaments. Un formulaire de signalement est certes en ligne sur le site de l’ANSM, mais il demeure sous-utilisé par les professionnels, les associations de patients et le grand public. Une meilleure information quant à son existence et son fonctionnement pourrait permettre d’en améliorer la performance.

→ Voir ma question écrite du 07/02/2013

→ Voir les réponses des Ministres à mes questions écrites du 27/11/2008 et 20/01/2011