Mar 29 2013

Prostitution : Pour le Sénat, c’en est fini du délit de racolage (La Gazette des Communes)

Le Sénat a adopté en première lecture jeudi 28 mars proposition de loi abrogeant le délit de racolage. Mais si elle a été votée assez largement, elle a fait apparaître des divergences sur la prostitution au sein de la majorité.

Jeudi 28 mars, les groupes socialiste, écologiste, communiste et radical ont voté au Sénat en faveur de La proposition de loi d’Esther Benbassa (EE-LV) abrogeant le délit de racolage passif. L’UDI s’est abstenue, tandis que l’UMP a voté contre.

Dissensions chez les socialistes – Mais, même si la majorité s’est exprimée à l’unanimité en faveur de ce texte, son examen aura permis de dévoiler les dissensions qui existent à ce sujet. Ainsi, d’un côté il y a les  » abolitionnistes « , qui prônent l’éradication de la prostitution en pénalisant les clients notamment. Cette idée a germé sous la précédente majorité, et ma ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem en a fait une « piste de réflexion ». Pour Jean-Pierre Godefroy (PS), cette proposition de loi « présente une caractère prématuré » : « le racolage dans notre pays sera libre. Je pense que c’est en totale contradiction avec la position abolitionniste de la France. »

De l’autre côté, il y a ceux qui affirment que ce serait vain et qu’il faut mieux protéger les prostituées. Le rapporteur (PS) de la proposition, Virginie Klès, le pense et affirme que le délit de racolage a « fragilisé » les prostituées, « alors qu’ils faudrait les protéger ». Elle ajoute qu’elles ne doivent plus être vues en « délinquantes ».

Ils s’accordent par contre tous pour dire que le délit de racolage n’a eu que des effets néfastes. Esther Benbassa a cité des conséquences relatées par des rapports publiés sur le sujet :  » Dégradation de l’état de santé des prostituées et des conditions de pratique de la prostitution, augmentation de l’isolement et de la clandestinité « .

L’UMP sur la défensive – Dans les rangs de l’UMP, on a globalement défendu la mesure, instaurée en 2003 dans La première loi de sécurité intérieure, alors que Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur. Joëlle Garriaud-Maylam a ainsi affirmé que le délit de racolage était  » certainement insuffisant « , mais qu’il avait  » le mérite d’exister « .

Seul son de cloche différent, le sénateur (UMP) Michel Savin a affirmé qu' » il ne faut pas viser l’éradication de cette activité, car une bonne partie des clients (y) ont recours pour répondre à des besoins sexuels non satisfaits ou qui sont en détresse sexuelle « .

Des associations qui divergent – Le 22 mars, dénonçant cette abrogation, arguant qu’elle mettrait à mal  » la construction d’une politique globale et abolitionniste  » si elle intervenait seule.

Le syndicat des travailleurs du sexe, le STRASS, a quant à lui mis en exergue le  » mépris  » du collectif envers les prostituées.  » alors que les travaux parlementaires sont toujours en cours, les putes, elles, tous les soirs, continuent de subir arrestations, humiliations, viols et expulsions « , expliquait le syndicat dans un communiqué, demandant le maintien du votre de l’abrogation.