Question écrite n° 05817 adressée à M. le ministre de l’éducation nationale, publiée au JO Sénat le 11/04/2013 :
Mme Joëlle Garriaud-Maylam attire l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale sur l’opportunité d’une reconnaissance de la langue thaï au baccalauréat.
La liste des langues vivantes étrangères pouvant être choisies comme LV1 ou comme LV2 au baccalauréat est fixée par deux arrêtés modifiés du 15 septembre 1993 relatifs l’un, aux épreuves du baccalauréat général (article 6-2) et l’autre, aux épreuves du baccalauréat technologique (article 2-2).
Parmi la vingtaine de langues vivantes pouvant être choisies au titre des épreuves obligatoires de langue du baccalauréat, figurent notamment l’arménien (sept millions de locuteurs), le finnois (six millions de locuteurs) et le danois (cinq millions de locuteurs). Parmi les langues pouvant être présentées en tant qu’épreuves facultatives figurent notamment le slovène (deux millions et demi de locuteurs), le macédonien (quatre millions de locuteurs) ou le laotien (cinq millions de locuteurs). Il est donc surprenant que le thaï, qui compte une soixantaine de millions de locuteurs dans le monde, ne puisse être choisi ni au titre des épreuves obligatoires, ni même au titre des options facultatives.
Cette situation porte notamment préjudice au lycée français de Bangkok qui offre un enseignement de thaï mais, malgré un taux de 100 % de réussite au bac, souffre d’un déficit de fréquentation des enfants thaïlandais, rebutés par l’impossibilité de présenter le thaï comme langue vivante au baccalauréat.
Les relations entre la France et la Thaïlande, fortes de cinq siècles d’histoire, connaissent depuis une décennie un nouvel essor. Les échanges bilatéraux dans les domaines culturels, scientifiques et économiques se développent considérablement. Environ 10 000 Français (dont la majorité ont moins de 40 ans) vivent en Thaïlande et 500 000 la visitent chaque année. Près de 400 entreprises françaises sont implantées dans le pays, second partenaire commercial de la France dans la région. La Thaïlande qui présente un taux de croissance particulièrement élevé et constitue d’ores et déjà la deuxième destination des exportations françaises en Asie est, de surcroît, en train de devenir pour les Français une porte d’entrée vers l’ASEAN, vaste ensemble régional de 500 millions d’habitants.
L’accroissement du nombre de Français capables de communiquer en thaï devrait donc faire partie des objectifs stratégiques de la France pour développer son influence en Asie du Sud-Est.
Réponse de M. le ministre de l’éducation nationale (JO du 26/09/2013, p. 2808) :
Le ministre de l’éducation nationale est particulièrement attaché à la diversité et à la variété de l’offre de langues vivantes au baccalauréat. Actuellement, 46 langues étrangères sont offertes au choix des élèves candidats au titre des épreuves obligatoires ou facultatives. Cette palette très étendue place la France dans une situation particulièrement favorable par rapport à l’ensemble des pays de l’OCDE.
Cette forte diversité a cependant un coût non négligeable qui s’ajoute à celui induit par le grand nombre d’options non linguistiques offertes au choix des élèves du baccalauréat français (enseignements artistiques et sportifs notamment). Le coût de cette diversité en termes de dépense publique constitue un élément de contrainte supplémentaire de l’examen du baccalauréat dont la complexité et la lourdeur sont soulignées depuis de nombreuses années tant par les acteurs du système éducatif que par des observateurs extérieurs. C’est ce que met en évidence un rapport de décembre 2011 de l’inspection générale de l’éducation nationale et de l’inspection générale des finances intitulé « Propositions pour une évolution du baccalauréat ». L’offre de langues vivantes pouvant être évaluées au baccalauréat est en effet génératrice de difficultés importantes, tant au niveau de la conception des sujets des épreuves écrites, que de la recherche d’examinateurs, notamment pour les langues non enseignées dans le système éducatif qui peuvent être choisies à l’examen.
Le rapport met également en exergue la disproportion entre ces coûts et l’utilisation effective que font les candidats de cette large offre linguistique. Une part importante des langues n’est en effet choisie que par un nombre très faible de candidats : ainsi 66 % des langues offertes sont choisies par moins de 200 candidats et seulement 11 langues sont choisies par plus de 1 000 candidats.
À ce stade, le Gouvernement n’envisage donc pas d’élargir plus encore la palette des langues qui peuvent être choisies à l’examen du baccalauréat.