Mai 24 2013

Bureau de l’AFE : point sécurité

photo Olivier Bolvin / MAE

C’est un appel à la vigilance et à la responsabilité qu’à lancé Didier Le Bret, Directeur du Centre de Crise du Ministère des Affaires étrangères, devant le bureau de l’Assemblée des Français de l’étranger.

Ces derniers mois, notre réseau diplomatique – le plus étendu dans le monde après celui des États-Unis – a été la cible de plusieurs tentatives d’attaques ou d’attentats, comme le 2 octobre 2012 à Téhéran, le 26 décembre 2012 à Bangui ou le 23 avril à Tripoli. La menace, tangible, s’étend aujourd’hui bien au-delà de l’arc sahélien, y compris en Europe et dans nos représentations dans les pays de l’OCDE et nous incite à la plus grande prudence.

Didier le Bret a souligné que l’État, en tant qu’employeur, devait en premier lieu développer la sécurité de ses locaux diplomatiques et consulaires. 20 millions d’euros vont être mobilisés en ce sens – financés notamment par la vente de locaux diplomatiques… une option qui, dans de nombreux cas – comme à Amsterdam et à Tunis, me paraît relever d’une approche court-termiste assez regrettable.

Mais il a aussi appelé à la responsabilité. Nos compatriotes doivent savoir que certains pays présentent des risques avérés et qu’il vaut mieux les éviter.  « N’accréditons pas l’idée que l’État français peut tout » a-t-il souligné. Même une « bunkérisation » des établissements français à l’étranger – ambassades, instituts, écoles – sur le modèle de ce que font les États-Unis, a-t-il souligné, ne garantirait pas une protection parfaite. Un  certain nombre de mesures sont déployées, mais le risque zéro n’existe pas, à moins de prendre la lourde décision de fermer un établissement. De Toulouse à Londres en passant par Boston, l’on assiste à des phénomènes « d’autoradicalisation » : les passages à l’acte individuels constituent une menace diffuse difficile à prévenir. A cet égard, Didier le Bret souligne avec inquiétude l’arrivée d’AQMI sur twitter.

Dans ce contexte, il est plus que jamais essentiel qu’entreprises et particuliers mesurent la menace et sachent éviter autant que possible de prendre des risques inconsidérés. Didier le Bret a ainsi rappelé que l’Etat saurait dorénavant se montrer ferme pour exiger le remboursement des frais de secours induits par des prises de risque inutiles. Une prise de position dont je me réjouis, pour avoir récemment attiré l’attention du Ministre des Affaires étrangères sur l’urgence d’une publication des décrets d’application de la loi de 2010 sur l’action extérieur de l’Etat.

Le lancement le mois prochain d’une nouvelle version du portail Ariane constituera une occasion de renforcer la sensibilisation des Français de passage dans des pays à risque et, pour le Ministère des Affaires étrangères, de pouvoir localiser nos compatriotes et réagir plus rapidement en cas de problème. La coopération avec des sociétés d’assurance a aussi permis au ministère d’enrichir le portail avec des suggestions de contacts médicaux « sûrs » à solliciter en cas d’urgence.

Didier le Bret a également pris bonne note des témoignages et suggestions des conseillers à l’AFE en ce qui concerne les déficits sécuritaires, en particulier dans certains de nos lycées et divers moyens d’y remédier. Il a été souligné que le projet de vente d’une partie d’un domaine attenant à la Résidence de l’Ambassadeur à Tunis serait très préjudiciable à la sécurité de nos compatriotes, ce terrain étant particulièrement bien adapté à un regroupement de nos compatriotes et leur  évacuation en cas de crise.

Enfin, une attention particulière a été portée à la situation de Madagascar, où la crise politique a conduit à une suspension de l’aide pour le développement et l’aide humanitaire françaises, avec des conséquences humaines et sanitaires considérables. Didier le Bret a indiqué qu’il avait beaucoup milité –et finalement obtenu – un découplage des questions humanitaires et politico-diplomatiques, ce qui était indispensable au regard des conséquences désastreuses à moyen et long terme des  retards pris dans le déblocage d’aides à caractère humanitaire…