Juin 19 2014

APPEL DU 18 JUIN – « Qu’aurions nous fait en 1940 ? » (Le Petit Journal)

Il y a 74 ans (et un jour), le Général Charles de Gaulle lançait à la BBC ce qui deviendrait plus tard le célèbre Appel du 18 juin, grand pas vers la France libre. Alors que « les sanglots longs des violons de l’automne » qui annonçaient le débarquement sont aujourd’hui presque loin, il n’est pas question d’oublier. A Londres, la célébration se déroulait hier, devant la statue du Général à Carlton Gardens.

Quand retentit la Marseillaise, à la fin de la cérémonie, on lit beaucoup d’émotions sur les visages des personnalités présentes, sur ceux du public, et davantage encore sur ceux des vétérans présents. C’est à Carlton Gardens, devant la statue du Général Charles de Gaulle, que la cérémonie organisée par l’Ambassade prend place en ce 18 juin. Sont présents Mr Bernard Emié, Ambassadeur de France à Londres, Mr Olivier Chambard, Consul Général, Mr François Fillon, ancien premier ministre, Mme Joëlle Garriaud-Maylam, sénatrice UMP des Français de l’étranger Mme Anne Faure, présidente de la fédération des associations françaises en Grande-Bretagne, Mr Bernard Masson, président de l’association des décorés de l’Ordre du mérite, prêts à rendre hommage à celui qui était, avant l’appel, « non pas un inconnu, mais pas encore un chef reconnu », d’après les mots de l’ambassadeur.

« Qu’aurions nous fait en 1940 ? »

C’est l’hôte des lieux, Mr Bernard Emié, qui s’exprime en premier, rappelant l’importance de cette date symbolique du 18 juin, qui prend davantage de sens sur le sol londonien. A quelques pas des bureaux où le Général de Gaulle se trouvait pendant la guerre, il rappelle le lien qui lie l’Angleterre et la France – « Sans cette réaction immédiate de Winston Churchill, sans la vision solidaire du Royaume-Uni, sans sa fidélité totale à l’intérêt de nos deux pays, « viscéralement unis lorsque l’essentiel est en cause », ainsi que l’a rappelé le Président de la République lors du dîner d’Etat en l’honneur de la Reine Elizabeth II, il n’y aurait pas eu d’appel du 18 juin, et l’existence de la France libre aurait été considérablement retardée ». Puis, c’est au tour de l’ancien premier ministre François Fillon de poser la question suivante : « Qu’aurions nous fait en 1940 ? », avant d’ajouter que si nous n’étions plus amenés à nous poser cette question, c’est que le devoir de mémoire aurait définitivement disparu. Des gerbes de fleurs furent ensuite déposées devant la statue du Général, comme un ultime hommage. S’en suit la lecture du fameux Appel ; et comme on a bien tendance à connaître le nom, mais moins son contenu, citons une infime partie des mots (bien choisis) par le Général : « Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire ».

L’hommage aux combattants

Cette cérémonie fut également l’occasion de rendre hommage à des vétérans qui ont participé à cette guerre, et se sont battus aux côtés de la France. Thomas Wells, William Violet, Rudolph Drube, tous trois citoyens anglais, et Peter Skala, citoyen américain résidant au Royaume-Uni, ont été décorés des insignes de chevalier dans l’ordre de la légion d’honneur. Chacun à leur façon, ils ont participé à la libération de la France, au cours du Débarquement, dans la Résistance, ou sur le front. L’ordre national du mérite a été remis au capitaine de frégate Emmanuel Rouve, officier d’échange auprès du Flag Officer Sea Training à Plymouth.
Une célébration qui prend place dix jours à peine après la visite d’état de la Reine Elizabeth II en France, à l’occasion des 70 ans de l’opération Overlord du 6 juin 1944 sur la plage de Sword Beach à Ouistreham. Le Président François Hollande a alors tenu à rappeler les liens qui unissaient la France et l’Angleterre, en présence de plus d’une vingtaine de chefs d’états. Pour autant, la Reine Elizabeth – comme il le fut rappelé au cours de la cérémonie d’hier – fut bien la seule présente ce 6 juin 2014 à avoir véritablement œuvré pendant la seconde guerre mondiale.

L’Homme du Jour J

La cérémonie s’est poursuivie au lycée français de South Kensington, qui porte également le nom du lanceur de l’Appel. Un choix logique, puisque le devoir de mémoire ne doit pas s’arrêter là. Mr l’Ambassadeur y rappelle alors que « le souvenir des morts oblige à chaque instant les vivants », et que, plus important que le marché unique, « l’Europe c’est d’abord la paix ». Il dévoile ensuite la nouvelle vitrine créée de toute pièce par Brigitte Williams, déléguée de la Fondation de la France libre. Cette année, pour les 70 ans du débarquement, elle rend hommage au Commandant Philippe Kieffer, « l’homme du jour J » comme elle le surnomme, et à ses soldats, les premiers à débarquer en ce 6 juin. 74 ans après l’Appel, 70 ans après le Débarquement, il est important de leur rendre hommage, et le tout est d’autant plus symbolique qu’il se passe dans un lieu de transmission du savoir. On dit souvent que derrière chaque grand homme, il y a une femme. Et bien cette fois, derrière chaque grand homme, il y a une équipe. Une équipe que vous pourrez découvrir au lycée français Charles de Gaulle, dans ces vitrines qui leur sont dédiées.