Les 442 conseillers consulaires fraîchement élus (Ils auraient dû être 443 mais aucun candidat ne s’est présenté en Ukraine..) viennent d’élire à leur tour -en leur sein – les 90 membres de la future Assemblée des Français de l’étranger (qui comptait jusqu’alors 183 membres, dont 155 conseillers élus au suffrage universel direct par les Français de l’étranger).
C’est dans un contexte de complète improvisation que s’est préparée cette échéance électorale dans 15 circonscriptions (voir la carte jointe). Quelques exemples des modalités alambiquées de vote concoctées par l’administration :
• Vote à l’urne seulement dans le chef-lieu de la circonscription AFE… parfois à des milliers de km de la circonscription consulaire !
• En cas de vote par procuration, obligation que mandant et mandataire fassent partie de la même liste électorale consulaire – et non de n’importe quelle LEC de la circonscription électorale AFE – ce qui ne résout donc en rien le problème des élus dont la circonscription consulaire est extrêmement éloignée du chef-lieu de la circonscription AFE..
• Possibilité de vote par anticipation dans son propre consulat une semaine à l’avance… mais pendant un créneau de 2 heures seulement !
• Si le ministère des affaires étrangères a tergiversé sur le grammage des bulletins de vote, des bulletins de vote préparés par son administration étaient en format A5 au lieu d’être tous en A4 comme officiellement requis !
Comme lors de l’élection des conseillers consulaires, les 24 et 25 mai derniers, le Ministère des Affaires étrangères tarde à officialiser la liste des élus, mais vous trouverez ci-dessous un lien à cliquer pour obtenir le tableau (officieux) des résultats.
Alors que les postes diplomatiques et consulaires n’avaient pas à apprécier en amont la légalité des 242 déclarations de candidatures ou des 42 bulletins de vote, c’est, en cas de recours, l’intégralité de l’élection qui pourrait être annulée dans certaines circonscriptions…
Rappelons en effet que tout candidat, et même tout électeur de la circonscription électorale peut contester la régularité des opérations électorales devant le Conseil d’Etat. Le recours doit être formé dans un délai de dix jours à compter de la proclamation des résultats. Il peut être déposé soit auprès d’une ambassade ou d’un poste consulaire de la circonscription électorale soit au greffe du Conseil d’Etat.
Au vu des résultats m’ayant été communiqués, et sous réserve de confirmation officielle, la nouvelle AFE sera constituée de près de deux tiers d’élus du centre-droit. Il n’y a donc eu aucune percée de la gauche, malgré un système électoral taillé sur mesure par l’ancienne ministre déléguée aux Français de l’étranger dans le but avoué de faire progresser le PS et d’obtenir ainsi un siège supplémentaire aux sénatoriales de septembre. Les femmes représenteront 44% des élus, soit une légère amélioration par rapport à l’ancienne AFE. Notons enfin que 40% des élus de la nouvelle AFE étaient conseillers de « l’ancienne » Assemblée des Français de l’étranger.
Il est aussi à déplorer le fort pourcentage d’abstention et de votes blancs ou nuls (de l’ordre de 14% dans certaines circonscriptions) alors qu’avec un aussi petit collège de grands électeurs, il aurait dû se situer à 0%! Une abstention qui se comprend au regard des énormes difficultés logistiques occasionnées à certains électeurs par les restrictions drastiques apportées aux conditions de vote, mais qui doit cependant nous interpeller..
Cette Assemblée aux contours très partiellement renouvelés, amputée de la moitié de ses membres et d’une partie de son budget, et aux compétences volontairement laissées par le gouvernement dans le plus grand flou aura maintenant à relever le défi de prouver, malgré tous ces obstacles, sa capacité à représenter efficacement, à Paris, la communauté expatriée.
Prochain rendez-vous lors de la première session de l’AFE «nouvelle formule », à l’automne !