Juil 29 2014

La France veut « favoriser l’accueil » des chrétiens d’Irak (JDD)

Article du Journal du Dimanche :

Les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur, Laurent Fabius et Bernard Cazeneuve, se sont dits prêts lundi à « favoriser l’accueil », au titre de l’asile, des chrétiens d’Irak victimes de « persécutions » de la part des djihadistes. Plusieurs parlementaires de droite pressaient ces derniers jours François Hollande de « sortir de son silence » sur le sort de cette communauté.

Pressé d’agir, le gouvernement français a pris l’initiative. Dans un communiqué commun des ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur, Laurent Fabius et Bernard Cazeneuve, la France affirme son soutien aux chrétiens d’Irak victimes de « persécutions » de la part des djihadistes. « Nous venons en aide aux déplacés qui fuient les menaces de l’Etat islamique et se sont réfugiés au Kurdistan. Nous sommes prêts, s’ils le souhaitent, à en favoriser l’accueil sur notre sol au titre de l’asile », indique le communiqué.

Cela concerne en premier lieu les chrétiens de Mossoul, la deuxième ville d’Irak, tombée le 10 juin aux mains des djihadistes de l’Etat islamique. Ils ont commencé depuis dix jours à fuir en masse après un ultimatum des islamistes, leur donnant quelques heures pour quitter les lieux. Cette fuite massive est le plus récent déplacement de population provoqué par les combattants de l’EI, et vide la cité d’une population présente depuis des siècles.

Une annonce « qui met un terme au silence et à l’immobilisme du gouvernement »

Le Comité de soutien aux chrétiens d’Irak (CSCI France) a accueilli avec soulagement l’offre d’asile faite par les deux ministres, « qui met un terme au silence et à l’immobilisme du gouvernement français par une proposition concrète et courageuse ». « Cela ne peut être qu’une solution provisoire, qui ne concernera que ceux qui sont déjà sur le chemin de l’exil », a toutefois prévenu auprès de l’AFP Antoni Yalap, coordinateur de l’organisation.

De nombreuses voix, dans la classe politique, parmi les autorités religieuses mais aussi les défenseurs des droits de l’homme, s’étaient élevées ces derniers jours en France pour presser les autorités d’agir. Des manifestations ont réuni plusieurs centaines de personnes ce week-end à Paris et Lyon. Avant cela, plusieurs personnalités de la droite et du centre ont signé une tribune, publiée vendredi soir sur le site de Valeurs Actuelles, lançant un appel pressant à François Hollande et au gouvernement pour intervenir. « Nous appelons le gouvernement à briser le silence assourdissant dans lequel il se terre, malgré les suppliques de nombreux élus et de nombreux citoyens inquiets », affirme le texte, lancé à l’initiative de l’UMP Rachida Dati et de Christine Boutin, présidente d’honneur du Parti chrétien-démocrate.

La France débloque aussi « une aide humanitaire exceptionnelle »

D’autres parlementaires ont également adressé samedi une lettre ouverte à François Hollande dans laquelle ils lui demandent de saisir la Cour pénal internationale « sur les exactions dont sont victimes les minorités en Irak, notamment les chrétiens d’Orient ». Les signataires – parmi lesquels l’ancien Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin, l’ancienne ministre Michèle Alliot-Marie, les députés Patrick Balkany, Nicolas Dupont-Aignan et Laurent Wauquiez et la sénatrice UMP des Français de l’étranger Joëlle Garriaud-Maylam – « regrettent » aussi « que l’envoi d’une force d’interposition de l’ONU n’ait pas été proposé par la France lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU du 21 juillet »

« Nous avons obtenu du Conseil de sécurité des Nations unies qu’il condamne les persécutions menées par l’Etat islamique contre les minorités en Irak », répondent lundi Laurent Fabius et Bernard Cazeneuve dans leur texte. Ils affirment aussi que la France, qui a « débloqué une aide humanitaire exceptionnelle » pour « porter assistance » à ces populations, « continuera de mobiliser dans les prochains jours la communauté internationale pour que soit assurée la protection » de ces minorités, « qui est une condition de la stabilité de la région ».