Août 29 2014

La Conférence des Ambassadeurs clôt un été mouvementé pour la diplomatie française

ambaComme chaque année, l’ensemble des Ambassadeurs étaient conviés à Paris pour échanger avec leur Ministre et le Président de la République sur les grandes orientations de la diplomatie française. En tant que sénatrice des Français de l’étranger et membre du Bureau de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, j’ai naturellement participé cette année encore à ces réunions.

Si Laurent Fabius avait retenu un thème plutôt large et consensuel, « L’action extérieure de la France, une diplomatie globale », les dossiers chauds de l’été ont évidemment été au cœur des débats : Irak, conflit Israël/Palestine, Ukraine… N’oublions pas non plus que la situation, malgré les interventions militaires françaises demeure extrêmement instable au Mali et en Centrafrique..

En écho à ses positions prises l’an dernier au sujet de la Syrie – il a réitéré ses regrets que la France ne soit finalement pas intervenue… – le Président de la République s’est montré très offensif à l’égard de l’État islamique et a rappelé que la France fournissait des armes aux opposants syriens, ainsi qu’une aide humanitaire. L’envoi d’une force d’interposition – que j’avais suggéré, dans une lettre cosignée par plusieurs dizaines de parlementaires – n’est toujours pas à l’ordre du jour. Cette stratégie de la demi-mesure suffira-t-elle pour endiguer la crise ? Au cours des déjeuners de travail auxquels j’ai eu la chance de participer, l’un sur la situation au Moyen-Orient et au Maghreb et l’autre sur la veille sur le terrorisme et la radicalisation des filières djihadistes (justement le sujet de mon rapport en cours pour l’Assemblée parlementaire de l’OTAN!), j’ai pu mesurer à la fois l’inquiétude de nos chefs de poste sur la multiplicité des crises et leur potentiel de déstabilisation régionale, voire mondiale, et leur conviction qu’il fallait coopérer davantage avec les Etats partenaires et être à l’écoute plus à l’écoute de tous les acteurs (un exemple frappant étant donné par notre ambassadeur en Tunisie. Il y a plus d’un an, lorsque j’avais tenu à le rencontrer à Tunis Rachid Ghannouchi, leader historique d’Ennhada était considéré par beaucoup comme dangereux; il est aujourd’hui un de nos grands alliés dans notre lutte contre le terrorisme..)

Sur l’Ukraine, le Président de la République a davantage rappelé le passé, et la rencontre Poutine/Porochenko en Normandie, qu’offert de clarifications sur le rôle et la stratégie française pour l’avenir. Entre menaces d’un renforcement des sanctions européennes et appels au dialogue, le positionnement diplomatique est malaisé. La propension des Etats membres – et la France n’est pas en reste – de faire prévaloir leurs initiatives individuelles sur une action européenne concertée me désole.

Outre ces dossiers brûlants, deux autres thèmes récurrents ont occupé une place centrale : la diplomatie économique et la lutte contre le dérèglement climatique, avec en particulier la préparation du sommet Paris 2015. L’ancienne présidente d’Irlande Mary Robinson (que j’avais eu le plaisir d’interviewer il y a une vingtaine d’années pour le petit magazine que je publiais alors pour les Français de Grande-Bretagne et d’Irlande) aujourd’hui envoyée spéciale de Ban-Ki-Moon sur le climat, Nicolas Hulot et Ségolène Royal ont notamment participé aux débats. L’objectif n°1, celui d’obtenir un accord juridiquement contraignant, est ambitieux, comme l’a très justement souligné Laurent Fabius, rappelant l’échec du Sommet de Copenhague. La mobilisation, en amont du Sommet, de l’ensemble du réseau diplomatique français, est donc essentielle pour convaincre 198 pays de voter en faveur d’un tel accord.