La Résolution n°151 sur la reconnaissance de l’Etat de Palestine a été adoptée au Sénat, par 153 voix contre 146. La gauche a bien sûr fait le plein de voix en faveur de la Résolution, les élus de la droite et du centre étant eux plus partagés.
Après avoir beaucoup hésité, j’ai décidé de m’abstenir sur ce texte. En aucun cas je n’aurais pu le voter en l’état, car, comme je l’ai souligné dans mon intervention, cette résolution relève clairement d’une technique électoraliste de marketing politique, d’une entreprise de « white washing » par laquelle les socialistes cherchent à maquiller par de belles déclarations d’intention leur immobilisme diplomatique et leur incapacité à faire progresser la paix…. Mais je n’aurais pu non plus, en mon âme et conscience, voter contre un texte réclamant la reconnaissance diplomatique de la Palestine. Je suis en effet persuadée qu’une paix durable ne peut découler que de la constitution de deux Etats indépendants pleinement souverains.
Jean-Pierre Raffarin, qui s’est comme moi abstenu, avait œuvré ces derniers jours pour qu’un texte commun droite/gauche puisse être discuté, pour une reconnaissance mutuelle et une renonciation à la violence. Je regrette que cela n’ait pas été possible car le signal envoyé au gouvernement aurait alors été bien plus fort. Le Président du Sénat, Gérard Larcher, a lui préféré ne pas prendre part au vote, comme beaucoup d’autres UMP. C’est dire le dilemme devant lequel nous nous sommes tous trouvés, entre approbation, sur le fond, de la reconnaissance d’un Etat palestinien et critique de la méthode (ou plutôt de l’absence de méthode) du gouvernement.
J’ai, dans mon intervention, tenu à souligner la responsabilité du Président de la République et du gouvernement, la Vème République confiant au seul Président – et pas au Parlement – la responsabilité de la politique étrangère. J’ai ainsi rappelé qu’en 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la France avait voté l’adhésion de l’Etat de Palestine à l’Unesco, premier pas vers une reconnaissance diplomatique. Le vote – symbolique- du Parlement ne peut en aucun cas suppléer une politique étrangère inexistante.
J’ose maintenant espérer que le gouvernement ne se contentera pas de reconnaître l’Etat de Palestine (ce qui, à ce jour, a déjà été fait par 135 Etats !) mais, engagera des efforts courageux et concrets pour prévenir de nouvelles violations du droit public international et du droit humanitaire, et relancer le processus de paix aujourd’hui dramatiquement stoppé. La France est attendue sur ce dossier, sa voix doit être audible.