La réforme du collège va-t-elle devenir un boulet pour le gouvernement, comme l’a été pendant des mois la refonte des rythmes scolaires ? Ceux qui croyaient que les polémiques se tasseraient après la publication du décret et de l’arrêté destinés à mettre en oeuvre la réforme, en septembre 2016, en seront pour leurs frais. La ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a déclenché la fureur des syndicats hostiles à la réforme en publiant ces textes dans la foulée de la grève du 19 mai. Après avoir dénoncé un « passage en force », l’intersyndicale composée du Snes-FSU – majoritaire dans le second degré -, du Snep, de FO, de la CGT et de SUD a appelé jeudi à une nouvelle grève le 11 juin.
Elle a ainsi donné un coup d’accélérateur à la contestation : initialement, ces syndicats ne devaient discuter que le 4 juin d’une éventuelle nouvelle grève. La publication des textes réglementaires « a été ressentie violemment par les enseignants, comme une provocation et une marque de mépris à leur égard », explique le Snes-FSU. Le Snalc, syndicat classé à droite (qui n’appelle pas à la grève le 11 juin), a appelé de son côté à « faire pression sur le gouvernement » en s’attaquant au brevet. Les préavis de grève du Snalc portent sur les 25 et 26 juin, dates des épreuves, et sur les jours des corrections (29 et 30 juin).
A l’inverse, les syndicats favorables à la réforme comme le Sgen-CFDT appellent, eux, à accélérer les discussions dans les établissements sur les modalités de la réforme pour ne pas perdre de temps.
De son côté, l’UMP a continué jeudi de battre le fer sur ce sujet, devenu l’un des principaux angles d’attaque contre le gouvernement.
« La réforme du collège a été menée avec brutalité et dogmatisme », a lancé le sénateur UMP Jacques Grosperrin à la ministre de l’Education, lui reprochant de supprimer « ce qui marche » en évoquant les classes bilangues. « La logique des classes bilangues, avec deux langues vivantes dès la sixième mais limitées à 15 % des collégiens, sera préservée et étendue à tous les collégiens avec un bilinguisme offert à tous en classe de cinquième », s’est défendue Najat Vallaud-Belkacem. « Deux à trois heures de cours par semaine ne suffisent pas à devenir bilingue, contrairement aux actuelles classes bilangues ! », a rétorqué la sénatrice UMP Joëlle Garriaud-Maylam en s’en prenant au collège unique qui est, selon elle, « un échec ».
« Nous ne vous lâcherons pas sur votre réforme du collège », tonnait mardi le député UMP Alain Chrétien en direction de Najat Vallaud-Belkacem, à l’Assemblée. « Je ne doute pas que le président de votre formation politique, Nicolas Sarkozy, aura bu du petit-lait en vous écoutant, lui qui vous a donné pour instruction de harceler le gouvernement sur cette question de la réforme des collèges », lui avait rétorqué la ministre.
Source : Les Echos