Présidente- déléguée du groupe d’amitié France- Afrique de l’Ouest du Sénat, présidente pour le Sénégal , j’ai souhaité profiter de la suspension de la session parlementaire en cette première semaine de janvier pour me rendre une nouvelle fois dans ce pays attachant, au rôle central pour l’influence de la France et le développement de la francophonie en Afrique et y rencontrer les représentants élus de nos compatriotes dans ce pays.
Merci à l’Ambassadeur de France au Sénégal d’avoir bien voulu m’aider à organiser cette visite malgré son absence et à son Premier Conseiller Eric Briard pour la qualité de son implication dans cette organisation.
J’ai ainsi eu le privilège d’échanger longuement – lors d’entretiens particulièrement chaleureux, sur les enjeux de notre relation bilatérale, sur la situation de la sous-région et notamment sur la question du terrorisme avec le Premier Ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, accompagné pour l’occasion de sa Conseillère diplomatique Fatou Isidora Mara Niang (3ème femme Ambassadeur en 30 ans!) et de son Conseiller de Défense, ainsi que de rencontrer le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, Mankeur Ndiaye, que j’avais eu beaucoup de plaisir à côtoyer lorsqu’il était Ambassadeur en France.
Ce fut aussi pour moi l’occasion de féliciter le Sénégal pour les excellents résultats économiques (6% de croissance en 2015!) et son poids géopolitique croissant, avec notamment sa place au Conseil de Sécurité, ses positions face aux tensions du Moyen-Orient, sa stratégie en matière de lutte contre le terrorisme – rendue d’autant plus complexe par la libre circulation des biens et des personnes au sein de la CEDEAO avec notamment une porosité accrue des frontières avec le Mali et la Mauritanie.
Parmi les autres grands sujets de préoccupation communs, nous avons également évoqué la situation au Mali qui inquiète beaucoup le gouvernement sénégalais. Les deux pays faisaient partie de la même fédération avant leur indépendance et les frontières demeurent aujourd’hui très poreuses. Le gouvernement sénégalais s’alarme des risques de partition du Mali, le Nord présentant des enjeux géostratégiques forts et souhaiterait un engagement plus fort de la communauté internationale en faveur de l’intégrité territoriale du pays , avec en particulier un renforcement du mandat et des moyens de la Minusma, afin de mieux résister aux rebelles dans le Nord. Selon le Premier Ministre, le principe de l’intangibilité des frontières issues de la colonisation avait été remis en cause au Sud Soudant, ce qui constituait un précédent malheureux qui rendait « possible pour l’ancien Soudan français ce qui l’avait été pour le Soudan anglo-égyptien »
Autre sujet d’actualité important pour le Sénégal : les réformes constitutionnelles. Le Président Macky Sall pourrait faire inscrire dans la Constitution le raccourcissement à 5 ans, renouvelable une fois, du mandat présidentiel, ainsi que le caractère républicain et laïc de l’État. Est également envisagée la création de députés des Sénégalais de l’étranger, peut-être dès les législatives de 2017. Le Ministère souhaite s’inspirer des expériences étrangères et notamment de celle de la France – j’ai donc proposé une coopération parlementaire à ce sujet.
J’ai également pu évoquer l’évolution des attentes et des besoins de la communauté française du Sénégal (plus de 20 000 personnes inscrites au registre !) avec trois de nos conseillers consulaires, Balkis Kaouk, Gérard Sénac et Jean-Charles Prêtet, ainsi qu’avec la déléguée consulaire Catherine Vivien. Les Français constitueraient la plus grande communauté étrangère au Sénégal et les trois quarts d’entre eux vivent à Dakar, les autres se trouvant essentiellement à Saly et Saint-Louis. Ils sont heureux dans ce beau pays, mais le niveau de vie de beaucoup d’entre eux a sensiblement baissé ces dernières années, conduisant de plus en plus de compatriotes à solliciter des aides consulaires. Un autre sujet d’inquiétude est la scolarité, puisque, à côté du magnifique lycée français de Dakar, l’école Jeanne d’Arc risque une perte d’homologation. Je ferai bien sûr tout mon possible pour tenter éviter une telle mesure.
Persuadée de l’importance de la société civile et du secteur associatif pour le développement de l’Afrique et le renforcement de nos relations bilatérales, j’ai aussi rencontré le Professeur Alain Deloche, Président de La Chaîne de l’Espoir. Depuis plus de 20 ans, cette association française aide des enfants démunis du monde entier à accéder aux soins et à l’éducation. Chaque année, ce sont plus de 100 000 enfants qui sont soignés grâce à elle, tandis que plus de 11 000 autres enfants bénéficient de ses programmes d’éducation. Au Sénégal, où elle est implantée depuis 20 ans., ses ambitions incluent la mise en service d’un « Hôpital du cœur » qui ouvrira prochainement au sein du FAM, le plus grand hôpital pédiatrique du Sénégal . Le plateau technique qui y sera installé devrait devenir un « Hub » pour tous les pays de la Région, avec des antennes satellites au Mali, Burkina, Guinée.
Je tiens tout particulièrement à souligner le remarquable travail de nos élus consulaires sur ces dossiers, et en particulier celui de Gerard Sénac, président d’Eiffage Sénégal, mécène humaniste et lauréat du Prix du Rayonnement économique pour la très grande qualité de son travail d’entrepreneur en Afrique -avec des réalisations exceptionnelles comme la restauration du célèbre Pont Faidherbe à Saint-Louis ou encore cette magnifique autoroute emblème des partenariats Publics-Privés qu’il faut absolument développer dans toute l’Afrique.