Jan 10 2016

Sierra Leone (7 janvier)

SierraLeone1En déplacement en Guinée, il me semblait indispensable de me rendre auprès des Français installés au Sierra Leone, dont l’éloignement ne facilite guère les visites officielles mais qui se battent pour défendre les intérêts français dans un pays dominé par l’influence anglo-saxonne et chinoise, et très éprouvé par Ebola. Il faut en effet près de sept heures d’une mauvaise route, depuis Conakry, pour rejoindre Freetown. Heureusement, grâce à notre dynamique Conseiller consulaire Frédéric Bouzigues, l’Ambassadeur Bertrand Cochery et moi-même avons pu bénéficier d’un hélicoptère nous permettant d’intégrer ce voyage à un agenda comme toujours très dense.

SierraLeone2A Freetown, j’ai donc pu faire le point sur la situation de la centaine de Français vivant sur place avec notre consule honoraire Rugie Camara, et échangé avec la communauté d’affaires françaises et de jeunes Français installés sur place sur les enjeux de notre présence économique et culturelle dans ce petit pays côtier de 6,3 millions d’habitants dont l’Indice de Développement Humain est classé 177e sur 187 pays, ce qui en fait l’un des États les plus pauvres de la planète.

La Sierra Leone est une ancienne colonie britannique (l’anglais restant d’ailleurs la langue officielle du pays). Une ambassade de France y avait été ouverte dès la déclaration d’indépendance, en 1961, mais a été fermée en 1996, lorsque la guerre civile faisait rage – une guerre principalement causée par les velléités de contrôle des zones diamantifères, ayant fait 200 000 morts et déplacer plus de deux millions de personnes (le tiers de la population !). Depuis lors, c’est l’Ambassadeur de France en Guinée qui est compétent pour la Sierra Leone, ce qui n’est guère commode pour l’accès des Français de Sierra Leone aux services consulaires. En novembre 2002, à la fin de la guerre, un chargé d’affaires avait été nommé à Freetown pour représenter les intérêts de la France, l’antenne diplomatique étant située dans l’enceinte de l’ambassade britannique. Ce bureau a été fermé en 2014. Désormais la France ne dispose plus que d’une consule honoraire à Freetown.

Cette situation est regrettable car, malgré tout son dynamisme, Rugie Camara ne peut, seule et avec des moyens extrêmement limités, fournir un accompagnement suffisant aux entreprises françaises. Les exportations françaises vers la Sierra Leone ont pourtant fortement augmenté à partir de 2008, principalement grâce au commerce de produits pharmaceutiques. Mais les entreprises françaises implantées sur place se comptent sur les doigts de la main : Air France, Bivac/Veritas (contrôle des importations de marchandises pour l’Etat sierra-léonais), Bolloré (concession du port de Freetown), CIS, CRIT/Europe Handling (assistance aéroportuaire), Total.

De même, notre politique de coopération scientifique et culturelle est trop modeste. L’enseignement du français est actuellement surtout concentré dans le domaine militaire, en accompagnement de l’intégration de la Sierra Leone dans la brigade en attente de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). L’ouverture d’une Alliance française à Freetown, me semblerait indispensable pour promouvoir l’enseignement du français quasi inexistant aujourd’hui et notre diplomatie d’influence.

Je continuerai bien sûr à suivre ces dossiers dès mon retour à Paris.