Le 17 mars, à l’occasion de la 24e session plénière de l’Assemblée des Français de l’étranger, une cérémonie d’hommage aux Français de l’étranger morts pour la France a pu être organisée devant la plaque qui leur est dédiée aux Invalides.
Alors qu’il existe, dans de nombreux pays, divers monuments – parfois splendides, comme à Mexico – érigés par les Communautés françaises à la mémoire de leurs fils morts pour la France, cette plaque est, à ma connaissance, le seul hommage pérenne leur étant rendu sur l’ensemble du territoire national. Et ce ne fut pas chose facile que de l’obtenir…
C’est en 2003, alors que je me rendais à une réunion de Réservistes Citoyens en observant les diverses plaques commémoratives apposées aux murs des Invalides que je me suis dit qu’il serait légitime qu’il y en ait aussi une en hommage aux Français de l’étranger morts pour la Patrie.
J’entrepris alors d’en convaincre le Gouverneur Militaire de Paris, le Général Valentin qui approuva aussitôt l’idée et m’adressa au Général Gobilliard, alors gouverneur des Invalides. Hélas celui-ci m’apprit qu’il existait une » Commission des Plaques » souveraine sur ces questions et que celle-ci avait décidé qu’il y avait trop de plaques sur les murs des Invalides et qu’elle n’en accepterait plus jamais une autre, la toute dernière étant celle à la mémoire des Harkis inaugurée par Jacques Chirac deux ans plus tôt… J’eus alors la grande chance de rencontrer Pierre Mayaudon, alors directeur de cabinet du ministre des Anciens Combattants qui, convaincu de l’intérêt du projet, me promit de tout mettre en oeuvre pour convaincre, avec l’aide de son ministre Hamlaoui Mekachera, la Commission des Plaques de revenir sur sa décision et de faire une exception en notre faveur..
Avant même d’obtenir cet accord, il me chargea de rédiger le texte qui figurerait sur la plaque. Il pensait bien sûr à un texte solennel classique. Pleine d’enthousiasme, je rédigeai alors un modeste petit poème.. qui fut jugé beaucoup trop long pour le format de la plaque, mais dont les deux premiers vers « Ils avaient la patrie au cœur, Ils sont venus mourir pour elle » furent acceptés, malgré quelques froncements de sourcils.. Avec le soutien du Commandant Lousteau, président de la Fédération des Anciens Combattants hors de France (FACS), je réussis également à obtenir que figure sur la plaque l’inscription « Assemblée des Français de l’étranger » (première mention « officielle » de cette Assemblée qui succédait au Conseil supérieur des Français de l’étranger créé en 1948 en reconnaissance de l’action des Français Libres) ses élus nous paraissant les dignes héritiers de ces Français de l’étranger morts pour notre pays..
Au début octobre 2004, quelques jours seulement après mon entrée au Sénat, cette plaque fut inaugurée, lors d’une très belle et émouvante cérémonie, par la Ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie en présence des plus hautes autorités militaires et de l’ensemble des élus de l’AFE, avec une Marseillaise sublime par la Chorale de la Maison de la Légion d’Honneur. C’était ma toute première cérémonie en tant que Sénateur, c’était aussi la toute première réalisation officielle et concrète de l’AFE depuis son changement d’appellation..
Peut-être plus encore que pour les Français de France, la mémoire et les valeurs de la République sont pour nos compatriotes vivant à l’étranger, un socle fédérateur, un élément essentiel de notre identité. Il est donc important que les hommages à nos compatriotes expatriés morts pour la patrie se perpétuent d’année en année et j’espère que la cérémonie devant cette plaque, la première depuis son inauguration il y a 14 ans, sera suivie de beaucoup d’autres.