Juil 15 2016

Chine (2-12 juillet 2016)

Ce déplacement entre le 3 et le 12 juillet 2016 s’est articulé autour d’une mission du groupe d’amitié France- Chine, à Pékin, Shenzhen, Pekin et Hong-Kong du 4 au 9 juillet, à l’invitation de l’Assemblée nationale populaire de Chine, que j’ai complétée par des journées de rencontres plus axées sur notre présence française dans ce pays à Pekin, Hong-Kong et Shanghaï.

Cette mission, présidée par le président du groupe d’amitié Didier Guillaume, avait été largement préparée en amont avec les autorités chinoises, et l’Ambassadeur de Chine en France nous avait notamment invités à un dîner de travail dans sa Résidence à quelques jours du départ. La Chine attache en effet beaucoup d’importance à ce groupe d’amitié parlementaire et nous recevons d’ailleurs fréquemment au Sénat des délégations de députés ou d’hommes d’affaires chinois pour des réunions de travail, souvent très fructueuses.

Depuis la reconnaissance par la France de la Chine populaire le 27 janvier 1964, nos relations officielles n’ont cessé de progresser. La France avait été le premier grand pays occidental à nommer à Pékin un ambassadeur de plein exercice et nos relations sont sans doute aujourd’hui à leur meilleur niveau historique: La Chine est le premier partenaire commercial de la France en Asie et la France est le 3e partenaire commercial de la Chine au sein de l’Union européenne. Les échanges économiques franco-chinois sont en forte progression (+9,5% en 2015).

Moi qui suis allée pour la première fois en Chine en 1984 (je n’étais bien sûr pas encore élue des Français de l’étranger !) je mesure à chaque visite les changements considérables de ce pays. J’ai également pu à nouveau mesurer la qualité de notre représentation diplomatique, et apprécier les avancées en terme d’enseignement, de coopération économique et  culturelle entre nos deux pays.

CharlesdeGaulle

Devant le lycée français de Pékin

J’ai ainsi pu visiter, dès mon arrivée à Pékin à 05h55 et après de longs embouteillages malgré l’heure matinale, le magnifique lycée Charles de Gaulle en compagnie de son proviseur Guillaume Mouette et de son équipe. Ouvert il y a deux mois à peine à Pékin, avec une capacité de 1500 élèves, c’est un lycée spacieux, lumineux, superbe avec l’utilisation du bois de cèdre en résille dans son architecture (réalisée par Jacques Ferrier, l’architecte du pavillon français de l’expo Shanghaï 2010), mise en valeur par de beaux espaces verts et d’excellents équipements sportifs. Merci aux responsables de l’équipe pédagogique, administrative, aux responsables des parents d’élèves et du personnel, d’être venus participer à une réunion de travail avec moi malgré les vacances. Leur dévouement est exemplaire, et j’ai été très admirative de la manière dont ils ont su faire face aux problèmes liés à un déficit de qualité de certains matériaux utilisés par les Chinois (colle et peintures polluantes). Des experts sont venus de France pour y remédier, des matériaux ont été et seront remplacés, mais tout sera parfait pour la prochaine rentrée !

J’ai également pu visiter à Pékin nos institutions culturelles, réunies en plein centre dans un bâtiment superbement rénové sur trois étages : l’Alliance française, l’Institut français et Campus France en compagnie de ses responsables, notamment Fabrice Rousseau, Directeur adjoint de l’Institut, Mathieu Ausseil, coordonateur national de Campus France en Chine et de la directrice de l’Alliance. Cette mutualisation parfaitement réussie des moyens permet une optimisation des services, avec un bel auditorium, une bibliothèque et une médiathèque ouvertes tous les jours de la semaine, y compris le dimanche. J’ai pu y constater avec plaisir, même en ces heures de l’après-midi habituellement creuses ailleurs, qu’il y avait un vrai « buzz » et que les jeunes Chinois étaient de plus en plus nombreux à vouloir apprendre notre langue en Chine et à venir fréquenter nos universités.

devos

Avec le Conseiller Consulaire Benjamin Devos à la Maison des Arts

On retrouve ce même attrait pour notre culture et cette richesse de nos échanges culturels à travers le centre culturel franco-chinois, ou Maison des Arts; installé dans une Síhéyuán, maison à cour carrée typique à Yishu 8.  Hu Xin, directrice générale et co-fondatrice a voulu, avec vision, talent et détermination, y installer une maison d’artistes, en restaurant cette maison quelque peu délabrée il y a quelques années encore dans le respect des traditions architecturales et culturelles chinoises mais aussi avec un éclairage très contemporain.  Le résultat est splendide. Elle accueille aujourd’hui des expositions d’artistes chinois et français qui peuvent profiter pendant plusieurs mois d’ateliers leur étant réservés.

J’ai eu également le plaisir de participer à un déjeuner de travail sur les enjeux de notre présence française en Chine avec le Consul général à Pekin Jean-Raphaël Peytregnet, le Conseiller adjoint de coopération culturelle Fabrice Rousseau et le Conseiller consulaire Benjamin Devos ( les deux autres conseillers consulaires de Pékin, Albert Miss » et Francis Nizet étant malheureusement en France) chez Flo, une brasserie à la française très fréquentée.

J’ai enfin eu la chance de visiter avec notre Conseiller consulaire Benjamin Devos, l’unité de production de sa société. Ce jeune et sympathique entrepreneur est un modèle de réussite. En 10 ans à peine, il a réussi à créer, avec beaucoup de talent et de détermination, 15 boulangeries et 5 restaurants français en Chine et il compte bien continuer sa progression…  Encore un bel exemple de réussite à la française !

Le 5 juillet, arrivait à Pékin, la délégation du groupe d’amitié sénatorial France- Chine, composée, outre son Président Didier Guillaume, des sénateurs Bockel, Darnaud, Durrieu, Jouve, Perrin et Raynal. Une mission qui commencait par l’étape obligée d’une visite de la Grande Muraille (que j’avais eu le privilège de visiter en 2005 lors de la célébration de la fin des années croisées France-Chine, avec un « pique-nique » mémorable organisé sur cette Muraille pour mettre en valeur les talents de nos grands Chefs français). Nous avons eu ensuite une réunion de travail avec l’Ambassadeur Maurice Gourdault-Montagne (dont j’avais déjà beaucoup apprécié le dynamisme lorsqu’il était ambassadeur à Londres) pour préparer nos rencontres avec les responsables de l’Assemblée Nationale Populaire et faire un point sur l’actualité de nos relations bilatérales..

Parlement Chine groupe

Réunion de travail à l’Assemblée nationale Populaire

La journée du 6 juillet au Palais de l’Assemblée nationale populaire était consacrée aux travaux parlementaires de notre groupe d’amitié France-Chine, présidé du côté chinois par le Général Chi Wanchu, vice-président de la commission des affaires étrangères de l’ANP et commissaire politique au programme d’Armement. Rappelons que l’Assemblée nationale populaire (ANP) est, selon la Constitution chinoise, le pouvoir suprême de l’Etat. Ses 2983 membres, élus pour 5 ans par les congrès populaires des 23 provinces du pays, les 5 régions autonomes et les 4 municipalités relevant directement du gouvernement central en place, se réunissent une fois par an pour une session de deux semaines et élisent le Président de la République.

Nos travaux axés sur deux thèmes majeurs, « le vieillissement de nos populations » (sujet majeur avec une population de plus de 60 ans passée de 10% en 2010 à 16% en 2015, soit 224 millions de personnes, ce chiffre devant s’élever à près de 30% en 2050) et « l’économie de marché et la Chine » mais traitant également d’autres problématiques comme la situation en Mer de Chine méridionale, ont été d’une grande sincérité, parfois même un peu vifs, en particulier lorsque Chong Wan, longtemps négociateur de la Chine auprès de l’OMC nous fit part de ses doléances quant à un soutien insuffisant de l’Europe en ce domaine. En 2001, quand la Chine était entrée dans l’OMC, il avait été décidé que la Chine ne correspondait pas aux critères d’une économie de marché et que les exportations chinoises seraient soumises à des conditions particulières pendant 15 ans. Les mesures anti-dumping alors mises en place arriveront à échéance le 11 décembre 2016 et la Chine considère comme devant être automatique, avant cette date, sa reconnaissance comme « économie de marché » ce que le Parlement européen a repoussé en mai dernier par une résolution « non contraignante ».

ParlementChine

Avec le Vice-président de l’ANP le Doc Chen Zhu

Li Hui, membre de la commission des finances et de l’économie nous présenta lui un tableau complet de la situation macroéconomique du pays, avec une croissance du PIB se maintenant à un niveau stable mais un certain recul du commerce extérieur tout en évoquant les perspectives d’évolution autour des taux d’intérêt de change et de convertibilité du yen renminbi.

Après un déjeuner très protocolaire et très amical, nous eûmes également le privilège d’une longue rencontre – exceptionnelle apparemment avec le Docteur Chen Zhu, Vice-président du comité permanent de l’APN qui nous a parlé avec beaucoup de franchise des grands défis auxquels la Chine allait devoir faire face dans les années à venir, notamment en termes démographiques et à l’occasion de la tenue du 19ème Congrès du Parti communiste chinois en 2017. Nous avons aussi eu la chance de découvrir, à l’occasion d’une visite du Palais de l’Assemblée (170 000 m2 et un amphithéâtre pouvant accueillir les près de 3000 parlementaires élus et près de 8000 autres places pour les diplomates étrangers et fonctionnaires chinois), la salle du comité permanent de l’ANP, où nous a-t-on dit, aucune délégation étrangère n’avait été admise auparavant. A la fin de cette journée particulièrement intense, notre délégation s’envolait pour Shenzhen.

Shenzen

Shenzhen la nuit

Shenzhen, province du Guadong, est une ville incroyable, issue de la vision de quelques politiques chinois, qui décidèrent, à la fin des années 70s, de faire de ce village de pêcheurs proche de Hong Kong, une « zone economique spéciale » pour accueillir des investissements étrangers. Shenzhen, qui comptait en 1984 moins de 30 000 habitants, en compterait aujourd’hui près de 20 millions avec une croissance de 20% en moyenne par an. A Shenzhen, notre Délégation parlementaire a eu le privilège à la fois de visiter de grandes entreprises comme HuaWei, d’étudier la politique d’aide aux personnes âgées et dépendantes (notamment par la visite d’une maison de retraite) et enfin de dîner avec la présidente du comité permanent de l’assemblée municipale de Shenzhen, Mme Liu En, le Maire et les autres autorités de la Ville pour débattre de problématiques locales et des moyens de renforcer nos coopérations.

HongKong

Députés et CC chez le Consul général de Hongkong

Après Shenzhen, la délégation parlementaire se rendait à Hong Kong où nous étions accueillis par le Consul général Eric Berti pour une réunion de travail sur le principe élaboré par Deng Xiaoping d’« Un pays, deux systèmes ». A l’exception des affaires étrangères et de la défense, prérogatives directes du gouvernement central de Pekin, Hong-Kong, ex-colonie britannique et sa Région Administrative Spéciale (RAS) (créée en 1997), bénéficie en effet, depuis la Loi fondamentale du 4 avril 1990, d’une large autonomie dans ses affaires intérieures, ce qui lui permet même de battre sa propre monnaie, et de bénéficier d’un pouvoir judiciaire indépendant. L’article 5 dispose en effet que « Le système capitaliste et le mode de vie du Territoire demeureront inchangés pour les cinquante années à venir », soit jusqu’en 2047. Le PIB par habitant est, à plus de 40 000 USD en 2014, le deuxième d’Asie après Singapour et HgKg, 10 ème puissance commerciale mondiale avec un taux de chômage de 3% est une place financière de tout premier plan et un centre logistique incontournable de transit de marchandises d’Asie avec le reste du monde (Premier rang mondial pour le fret aérien, et troisième pour le fret maritime)

J’ai pu également participer à un déjeuner avec une délégation de députés accompagnés par les responsables du Cercle Richelieu qui avaient organisé leur voyage, en présence d’entrepreneurs français basés à Hong Kong et de responsables de la Chambre de Commerce française, dont sa directrice Delphine Colson et la directrice du bureau de Business France à Hong Kong Mélanie Gaudin. Etaient également présents les Conseillers consulaires de la région, mes vieux amis Catya Martin (Hong Kong) et Thibault Sarrazin (Shenzhen et Canton).

LFHongKong

Lycée français international de HongKong

Je poursuivais cette journée en compagnie de Anne Denis-Blanchardon, en charge de la culture de l’éducation et des sciences au Consulat. La politique culturelle française est très dynamique à Hong Kong, avec notamment le très renommé French May Arts Festival, créé en 1003 et qui attire chaque année plus d’un villion de visiteurs avec un programme ambitieux et de très haut niveau de concerts, d’opéras, de ballets, d’expositions, et même de cirque.

J’ai également eu le plaisir de découvrir le Lycée français international de Hong Kong, magnifique établissement qui, réparti en quatre campus, scolarise 2600 enfants. Il a célébré sa création il y a un peu plus de 50 ans, lorsqu’il avait fallu scolariser en 1963  les enfants d’ingénieurs et techniciens français travaillant à la construction du barrage de Shek Pik sur l’île de Lantau. Le  Proviseur Christian Soulard me vanta à juste titre les excellents résultats du Lycée (100% de réussite au Bac, et 45% de mentions TB !) et  Romain de Garsignies, responsable du développement du Lycée me présenta le remarquable projet de construction du prochain établissement, à Tseung Kwan O qui devrait ouvrir à la rentrée 2018 et accueillir 1150 étudiants sur un magnifique site avec piscine et 20% d’espaces verts, dont un éco-jardin.

 

résidence duconsul

Résidence du Consul général à Shanghaï

Shanghaï était la dernière étape de mon déplacement. A l’occasion de la visite du ministre du commerce extérieur et des Français de l’étranger Matthias Fekl, venu en Chine pour le G20 Commerce, un dîner de travail sur nos relations économiques se tenait à la résidence du Consul général Axel Cruau, très belle maison coloniale ayant conservé un grand cachet, parfait écrin pour des créations françaises contemporaines en mobilier ou luminaires. L’occasion de rencontrer les acteurs institutionnels de notre commerce extérieur en Chine mais aussi nombre de conseillers du commerce extérieur, de responsables de grandes entreprises et de jeunes entrepreneurs innovants au sein de la French Tech ou du tertiaire comme le très dynamique et créatif publicitaire Fred, co-fondateur de Fred et Farid, une des toutes premières agences de pub françaises, venu récemment monter une filiale et s’installer à Shanghaï. Etaient également présents nos deux Conseillers consulaires à Shanghaï, Gilbert Mennetret, directeur du Grand Mercure Accor et président d’une section très active de l’UFE, et Augustin Missoffe, acteur incontournable de la French Tech.

AxelCruau

Avec le Consul général et les Conseillers consulaires de Shanghaï

Le lendemain, un déjeuner de travail avait lieu avec notre Consul général et nos deux élus Gilbert Mennetret et Augustin Missoffe. Ce dernier, membre du comité de pilotage de la french Tech nous exposait le projet de la French Tech à Shanghai. Pour rappel, la « French Tech » désigne tous ceux qui travaillent dans ou pour les start-up françaises en France ou à l’étranger, et pas seulement dans les hautes technologies. Les entrepreneurs en premier lieu, mais aussi les investisseurs, ingénieurs, designers, grands groupes, associations, medias, opérateurs publics, instituts de recherche qui s’engagent pour la croissance des start-up d’une part et leur rayonnement international d’autre part. La French Tech Shanghai Community avait été lancée en mai 2016 à l’occasion du 2ème Consumer Electronic Show (CES) Asia avec un pavillon très dynamique sur cet événement IT incontournable. Son influence ne cesse de croître.

C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai également rencontré au Consulat général Mme Durand-Delacre, membre du comité de gestion en charge des affaires financières du lycée français de Shanghaï. Au cours de cette réunion, Mme Durand-Delacre me présentait le projet de création d’un nouveau lycée à Shanghaï sur le terrain du Yangpu, un ancien aéroport militaire. Il est en effet essentiel de regrouper nos établissements sur un même campus et le site de Yangpu présente de nombreux avantages.

Enfin, j’ai eu l’immense bonheur de retrouver le Père Benoît Vermander, un vieil ami et complice (depuis plus de 30 ans !). Benoît est un Père jésuite, grand spécialiste de la Chine dont les ouvrages et les réflexions font autorité. Il est également artiste, sous le nom de Bendu et réalise notamment de merveilleuses calligraphies. Ancien directeur de l’Institut Ricci, du nom de ce fameux jésuite présent en Chine au 16ème, il a terminé la publication du dictionnaire Ricci, ouvrage unique en son genre. Installé autrefois à Taipei (j’y avais participé en 2007 à un colloque qu’il y avait organisé sur le développement durable et la diversité culturelle),  il enseigne aujourd’hui au sein de la prestigieuse université Fudan de Shanghaï.