Juil 18 2016

Corée du Sud (12-15 juillet 2016)

Arrivée à Séoul en provenance de Shanghaï le 12 juillet en fin d’après-midi, j’ai été accueillie à l’aéroport par le Premier Conseiller de l’Ambassade Etienne Rolland-Piegue, un excellent spécialiste de l’Asie. A peine le temps de déposer ma valise, et ma visite en Corée du Sud commençait par un dîner de travail à la Résidence de France avec  l’Ambassadeur Fabien Pedone (ancien Conseiller à l’ambassade à Londres que j’ai eu beaucoup de plaisir à revoir) et ses chefs de service, Madame Pascale Buch, Chef du service économique ; Monsieur Anthony Chaumuzeau, Chef du Service de coopération et d’action culturelle ; Madame Myriam Saint-Pierre, Chef du service de presse ; le colonel Langella, Attaché militaire ; Madame Valérie Pozzo du Borgo, deuxième Conseiller et Monsieur Pierre Bianconi, Consul pour faire le tour des problématiques de notre présence en Corée du Sud, des relations bilatérales dans un contexte régional difficile, marqué par les tensions avec le régime de Kim Jong-un et le tir deux semaines plus tôt de puissants missiles nord-coréens de moyenne portée, probablementdes Musudan, capables de menacer les bases américaines dans le Pacifique.

France-CoreeEn cette Année France-Corée, 130 ans après l’ouverture des relations diplomatiques entre nos deux pays par la signature d’un traité d’amitié et de commerce, le bilan et les perspectives de notre relation bilatérale sont excellents. La Corée n’a d’ailleurs jamais oublié les plus de 3400 volontaires français venus la défendre entre 1950 et 1953 au sein des forces onusiennes et les 270 soldats français morts pour elle. Et ce même si l’alliance militaire avec les Etats-Unis, conclue en 1953, reste le pilier de la politique étrangère coréenne.

La Corée est le 3ème client de la France en Asie et notre 5ème excédent commercial sur le plan mondial. Dans le domaine culturel également, notre image est très positive et notre action ne cesse de se développer grâce notamment à une équipe d’une efficacité exceptionnelle sous la direction d’Anthony Chaumuzeau, ancien chef du SCAC en Chine.  400 partenariats ont été créés entre nos établissements d’enseignement supérieur et près de 7000 Coréens étudient en France. En Corée 40 000 jeunes apprennent notre langue et ce nombre devrait croître rapidement. A l’initiative de notre Ambassadeur, a aussi été créé un Conseil de promotion de la Francophonie, composé de diplomates de nombreux pays désireux d’agir en faveur de la langue française, du multilinguisme et de la diversité culturelle dans cette région. L’année de la France en Corée prendra fin en décembre 2016. Plus de deux cents événements sont prévus à Séoul et dans le reste du pays pour mettre en lumière les nouveaux talents, la diversité de la France et ses innovations dans les domaines culturel, économique, universitaire et scientifique, sportif, gastronomique et touristique.

 

La question nord-coréenne :

DMZ

la DMZ: frontière infranchissable entre les deux Corée

Ma journée du 13 juillet a été  largement consacrée à la problématique  Corée du Nord. Accueillie le matin par des officiers de l’United Nations Command à la DMZ cette fameuse zone tampon démilitarisée de 4 kms de large et 240 kms de long, qui s’étend sur toute la largeur de la Péninsule, la séparant en deux entités infranchissables, la République de Corée, démocratique et prospère et la Corée du Nord, qui semble elle vivre au temps d’Orwell et de Big Brother. Toutes deux ont été admises à l’ONU en 1991, et un pacte de « réconciliation, non-agression et coopération » conclu la même année. La politique de la Corée du Sud concernant les relations intercoréennes, appelée « Processus de confiance sur la Péninsule coréenne » et les initiatives de la Présidente Park de renforcement de cette coopération par étapes sont de plus en plus remises en cause, suite notamment au 4ème essai nucléaire de la Corée du Nord le 6 janvier, au lancement un mois plus tard d’un satellite grâce à un tir de fusée longue portée, et au tirs de missiles balistiques, les deux derniers ayant eu lieu à la mi-juin . Le Conseil de sécurité des Nations unies avait pourtant adopté le 2 mars 2016 de la résolution 2270 renforçant substantiellement le régime de sanctions, et les tensions à la frontière sont palpables..

 

NationalInteligenceService

Centre du National Intelligence Service, le NIS

La DMZ, inhabitée depuis 50 ans, criblée de tunnels et de mines anti-personnel, hérissée de barbelés, de barrages anti-chars et de clôtures électriques à haut voltage, est paradoxalement devenue une zone d’une biodiversité et d’une flore exceptionnelle, refuge pour des milliers d’oiseaux, d’animaux sauvages, au point que la Corée du Sud a demandé qu’en cas de réunification, elle soit protégée par une inscription au patrimoine de l’Unesco.

Après cette visite de la DMZ, retour à Séoul, en compagnie de Valérie Pozzo di Borgo, deuxième Conseiller à l’Ambassade de France et d’Alexandre Pécheux, du service de l’attaché de Défense pour  une réunion « exceptionnelle » sur la Corée du Nord au Centre anti-terroriste du National Intelligence Service, le NIS. Réunion exceptionnelle parce que, m’a-t-on dit, le NIS ne reçoit en principe jamais de visiteurs étrangers. La sécurité est d’ailleurs optimale (sans doute à imiter en France) dans ce centre flambant neuf aux bâtiments ultra-modernes. Appareils photos et dictaphones sont évidemment interdits et je ne connaîtrai même pas les noms de mes interlocuteurs, juste leurs prénoms…

Institut

A l’Institut français de Séoul

Cette journée se poursuivit par la visite de l’Institut Français, héritier d’un Centre culturel créé en 1968,  avec la présentation de l’exceptionnel programme réalisé pour l’Année France-Corée.  L’Institut dispose d’une médiathèque (200 m2) et d’une salle polyvalente (140m2) qui accueille conférences, rencontres et projections de film,  en appui de la politique de diffusion du livre français et de ses activités pédagogiques ; avec plus de 20 000 documents sur tous supports : 12 000 livres, 3000 CD audio, 3000 DVD et 35 périodiques, et un accès à la bibliothèque numérique, Culturethèque, avec ses  350 magazines, 130 000 livres, 200 bandes dessinées, 800 vidéos, 500 manuels d’autoformation.  L’institut français dispense des cours de français à destination du jeune public pour lequel, contrairement à la situation dans de nombreux autres pays,  l’Alliance française de Séoul n’est pas habilitée à développer une offre en raison de ses statuts. Il est bien sûr étroitement associé au Lycée français et au réseau des sept Alliances françaises de Corée, qui participent activement au rayonnement et au dynamisme de la culture française sur tout le territoire coréen.

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Avec le Consul, le premier Conseiller et nos deux Conseillers Consulaires en Corée

Le soir même, dîner de travail très sympathique dans un petit restaurant typique de Séoul avec Karim Khouider et Pierre Ory, nos deux conseillers consulaires de Corée du Sud et de Taïwan, Etienne Rolland-Piegue, Premier Conseiller de l’Ambassade et Pierre Bianconi, Consul de France pour évoquer les problématiques de notre présence française dans ce pays. Près de 4000 Français y vivent (2927 inscrits au registre, en progression de 11% environ par an) la plupart à Séoul, mais avec une implantation forte autour des entreprises du sud du pays autour de Sachen, Ulsan avec une petite école d’entreprise (Total) gérée par la Mission Laïque française.
Nos deux Conseillers consulaires font un travail remarquable, dans une entente parfaite qui mérite d’être soulignée. Ils sont aussi très complémentaires. Pierre Ory (à ma gauche), ancien directeur de l’école française de Taipei, est très impliqué dans les questions sociales. Il enseigne au Lycée français (j’ai eu le plaisir de le recroiser le 14 juillet en train d’y animer des cours de soutien!) a contribué à fonder un marché solidaire à Banpo-dong et édite des ouvrages franco-coréens au sein de la maison d’édition L’Atelier des Cahiers (dont le délicieux Monsieur Tout-Blanc, recueil de chroniques coréennes de François Laut) Karim Khouider (à ma droite) s’investit lui surtout dans le domaine économique, en apportant son soutien à la Chambre de Commerce franco-coréenne, à la French Tech, à tous les jeunes entrepreneurs français désirant tenter leur chance en Corée et en défendant ses compatriotes au sein du Conseil des Résidents étrangers de Séoul. Lui-même a magnifiquement réussi. Arrivé à Séoul il y a 11 ans pour un stage dans l’industrie automobile, ce jeune Ariégeois décide d’y rester après son diplôme d’ingénieur de Belfort-Montbeliard un an plus tard. Curieux de nature, il repère vite un créneau porteur (les lunettes y étant 5 à 6 fois moins chères qu’en France) et crée en 2008 une société qui devient quelques mois plus tard la première société française de vente en ligne de lunettes, Direct-Optic..

Le lendemain, jour de notre fête nationale du 14 juillet fut une journée très dense. Je me rendais tôt le matin à l’Assemblée Nationale, accompagné de notre ambassadeur, pour un entretien de grande qualité avec M. Shim Jae-Kwon, Président de la Commission des Affaires étrangères et de l’Unification du Parlement.

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Avec l’Ambassadeur de France, le Ministre Défense et le Pdg de Korea Airways

Je prenais ensuite la direction de l’Institut ASAN, think-tank très renommé et ultra-moderne pour y rencontrer deux de ses éminents chercheurs, spécialistes de la Corée du Nord,  le Docteur GO Myong-hyun, et le Docteur PARK Ji –young.

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Le lycée français de Séoul

A l’heure du déjeuner avait lieu à la Résidence  la réception « officielle » du 14 juillet à destination essentiellement des autorités coréennes, du réseau diplomatique et des personnalités françaises, conseillers consulaires, chefs d’entreprise et conseillers du commerce extérieur. L’Ambassadeur m’y fit l’honneur de prononcer un discours en cette année de 130ème anniversaire de nos relations diplomatiques, ce qui me permit notamment de souligner la très grande qualité de notre relation bilatérale.

En début d’après-midi, je me rendais, en compagnie d’Anthony Chaumazeau, au lycée français de Séoul, dans le quartier de Seorae-maeul (devenu le « village français ») , au travail en ce 14 juillet ( sans doute un exemple unique au monde, qui explique peut-être aussi la qualité exceptionnelle de ses résultats..). Monsieur Jean-Yves Bichel, proviseur du Lycée ; Monsieur Pierre-Yves Beaufils, membre du bureau de l’Association des parents d’élèves du Lycée  me présentèrent les enjeux de l’accroissement de ce lycée, fondé en 1974 à Iteawon-dong et depuis 1981 sur son site actuel. La construction d’un nouveau bâtiment, dont l’achèvement est espéré pour la rentrée 2017, permettra d’accroître la capacité d’accueil du lycée à 650 élèves. 70% des élèves sont français, dont un nombre croissant de franco-coréens (25%), 12% de coréens et 18% de nationalités tierces. Dispensant un enseignement de la petite section à la terminale, et proposant un enseignement bilingue français/ anglais dès la maternelle, le Lycée français de Séoul obtient des résultats régulièrement excellents tant aux examens du brevet des collèges que du baccalauréat. Cette année, 100% des élèves de 3ème ont obtenu leur brevet avec mention et 100% des élèves de terminale ont obtenu leur baccalauréat avec 22 mentions pour 24 élèves.

orlan

Autoportrait d’ORLAN

Ce fut ensuite, toujours en compagnie du conseiller Monsieur Anthony Chaumazeau une visite au Musée d’art Sungkok de Séoul. Fruit d’une initiative privée (construit par la société d’automobile Ssangyong suivant le souhait de son fondateur, Monsieur Sung Gon KIM) il promeut l’art contemporain coréen et international et accueillait, dans la cadre de l’Année de la France en Corée, une exposition rétrospective d’ORLAN, artiste plasticienne française, native de St Etienne, la TechnoBody Retrospective 1966-2016. Un choix audacieux que celui d’ORLAN et de ses créations sur différents médiums, (peinture, sculpture, installations, performances, images numériques et biotechnologies) avec des représentations d’elle-même déroutantes, dérangeantes aussi lorsqu’elle présente les clichés de ses opérations esthétiques destinées à la transformation de son corps et de son visage.

Dior

La House of Dior

C’est une atmosphère toute autre, de raffinement et d’élégance, que j’allais trouver à la House of Dior, qui fêtait son premier anniversaire, au cœur du luxueux quartier de Cheongdam. Cette magnifique boutique, la plus grande d’Asie, imaginée par l’architecte Christian de Portzamparc,vitrine de l’excellence des savoir-faire français, est une vraie « maison » sur six niveaux, avec différents salons présentant de nombreuses œuvres d’art, un magnifique et ingénieux, et un dernier étage occupé par le café Pierre Hermé  L’émerveillement des clientes était palpable, notamment devant une très belle exposition de pièces emblématiques créées par Monsieur Dior.

 

Maison flottante

« l’Ile Flottante »

A 19 heures, je me rendais à ma deuxième réception de la Fête Nationale , organisée cette fois pour la communauté française par la dynamique Chambre de commerce franco-coréenne à Séoul, et son président Monsieur David-Pierre Jalicon Une réception qui accueillait 800 membres – le maximum possible – sur la plus grande « Ile flottante » du monde, prouesse architecturale installée sur le fleuve Han en prévision du G20 de 2011. Après les discours du Président de la Chambre de commerce, celui de Monsieur Fabien Pedone, notre Ambassadeur et le mien (photo – capture d’écran de mon discours lors de la retransmission par la TV coréenne) , les hymnes nationaux français et coréen fusèrent avant un magnifique feu d’artifice offert aux habitants de Séoul sur le fleuve Han.

 

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Au Lycée International Xavier

Discours JGM14juillet

Discours du 14 juillet à Séoul

Le 15 juillet, je faisais une visite du deuxième lycée français de Séoul, le Lycée international Xavier (LIX), en compagnie de M. Anthony Chaumuzeau, conseiller de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade, de M. Hervé Dematte, attaché de coopération pour le Français, de son directeur Jérôme Pinot et de deux des religieuses de l’équipe de direction, dont la sous-directrice française, Soeur Maria. Ce lycée, situé ds l’agréable quartier résidentiel de Guji-dong, au nord-ouest de Seoul, a été fondé en 2002 par les soeurs de la communauté Saint François-Xavier, sous la direction d’Hélène Lebrun, pour accueillir les jeunes Coréens francophones ou désireux de le devenir. Affilié à la MLF, ses classes primaires sont homologuées par l’AEFE (celle du secondaire est en attente). Il accueille 191 élèves, dont 13,6% de Français et 55% de Coréens, pour une équipe pédagogique et administrative de 40 personnes, et dispose d’un internat. Il se trouve cependant confronté à des difficultés juridiques, une nouvelle loi (2009) lui imposant, comme à toutes les écoles internationales, un quota maximum de 30% de Coréens. Il faudra donc aider ce magnifique lycée à trouver des solutions pour accueillir davantage de non-Coréens.

En résumé, cette visite en Corée, la toute première pour moi, a été passionnante, et je tiens à remercier toutes les équipes de l’ambassade, tout comme les conseillers consulaires et nos Français en Corée pour la qualité de leur accueil mais surtout pour leur excellent travail au service de notre présence française dans ce pays.  C’est avec une certaine tristesse, et l’envie d’y revenir un jour que j’ai quitté  cette Corée, complexe mais très attachante .