Suite à l’attentat de Nice, Bernard Cazeneuve et François Hollande ont appelé des volontaires à s’engager dans la réserve opérationnelle – sujet déjà évoqué après les attentats de 2015, mais sans grande évolution depuis. Membre du petit groupe de travail qui a rédigé tout récemment un rapport sur la création d’une garde nationale, je salue le nouveau volontarisme – hélas un peu tardif – car je suis depuis toujours persuadée de la nécessité que les citoyens s’impliquent en faveur de la résilience de la Nation.
Dès 2010 j’avais rédigé un rapport sur l’utilisation des réserves en cas de crise majeure qui avait donné lieu à une loi sur le même sujet, votée en 2011. Malgré mes nombreuses relances, dont la dernière en janvier 2015 lors d’une question d’actualité à Bernard Cazeneuve, les décrets d’application n’ont été publiés qu’en mai 2015. Il y a donc longtemps eu une certaine réticence à s’intéresser aux réserves. Car la revitalisation de ce dispositif ne va pas de soi. En témoigne la tentative ratée du Ministère de l’Éducation nationale de s’approprier la réserve citoyenne.
Il existe déjà de plusieurs dispositifs de réserve. Il faut notamment distinguer la réserve opérationnelle, où l’on peut être amené à porter des armes, de la réserve citoyenne de défense et de sécurité, qui mobilise davantage des connaissances et expertises spécifiques ou une connaissance d’un tissu socio-économique.
S’il me semble indispensable de renforcer notre réserve opérationnelle, je suis plus réservée sur la pertinence de confier des armes à des réservistes sans une expérience militaire préalable. Il nous faut être en capacité d’une part de vérifier leur profil judiciaire et psychologique et d’autre part de leur assurer une formation adéquate. Plutôt qu’un recrutement massif et désordonné, il me semble qu’en matière de réserve opérationnelle c’est vers la revitalisation du vivier existant et une montée en puissance très progressive que les efforts devraient porter.
En revanche il est important de mieux impliquer les citoyens dans la défense de nos valeurs républicaines communes, sans leur faire porter les armes. Nous l’avons vu ces derniers mois, la présence massive et coûteuse d’hommes armés dans les rues n’est pas toujours dissuasive face au terrorisme. L’urgence est à l’identification des personnes ou groupes à risque, à la déradicalisation et à la diminution du climat de violence dans la société. C’est un travail de terrain qui ne peut reposer uniquement sur les services de police, de renseignement ou sur la justice. Les citoyens ont un rôle crucial à jouer pour protéger la paix. Parent pauvre des réserves, avec une image fragilisée par la récupération de son nom par l’Éducation nationale, la réserve citoyenne – ou réserve civique, selon la dénomination souhaitée par l’Assemblée nationale – a un vrai potentiel pour accroître la résilience de notre Nation. Membre de la Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi « Égalité et citoyenneté », je veux faire en sorte que le nouveau cadre législatif favorise réellement le développement de la réserve citoyenne, tant sur le territoire national comme parmi nos communautés à l’étranger.
Sur ce dernier point, j’ai créé l’Association Internationale des Réservistes Citoyens, qui devrait d’ici peu bénéficier d’un site web et pour laquelle j’ai obtenu le soutien du Ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault et qui devrait permettre d’accroître le maillage des réservistes citoyens à l’étranger, en lien avec les attachés de défense des ambassades.