C’est à l’occasion de la canonisation de sept Saints, dont deux Français, Salomon Leclercq, frère des Écoles chrétiennes, mort martyre en 1792 et la carmélite Elisabeth de la Trinité, que je me suis rendue à Rome. Pour la première fois un Argentin était également canonisé, ce qui entraîna la visite de Mauricio Macri, le nouveau président d’Argentine (élu en novembre 2015) et de sa très élégante, très sympathique et très francophone épouse Juliana Awada, d’origine libanaise.
L’Ambassadeur Philippe Zeller a tenu à associer la diplomatie française à cet événement, notamment en organisant un déjeuner avec des descendants d’Elisabeth de la Trinité, des représentants des écoles chrétiennes dans le monde (c’est dans l’une d’elles, au Venezuela, que se produisit le principal miracle attribué à Salomon Leclercq), Ségolène Royal qui représentait le gouvernement, et les archevêques de Dijon, Bourges, Cambrai et Lille.
Une réunion de travail fut aussi organisé dans le jardin de la Villa Bonaparte, notre Ambassade auprès du Saint-Siège – édifiée en 1750 pour le Cardinal Secrétaire d’État du Pape Benoit XIV, elle fut acquise en 1815 par Pauline Bonaparte, sœur de Napoléon, après avoir elle-même vendu sa résidence du Faubourg St Honoré au Duc de Wellington (aujourd’hui encore ambassade du Royaume-Uni en France…) et resta propriété de la famille Bonaparte jusqu’à sa vente en 1907 à la Prusse, et son rachat en 1950 par la France.
Je tenais aussi à me rendre au Vatican pour sensibiliser le Pape à l’opportunité de programmer un déplacement en Haïti, en soutien à ce peuple à la foi profonde, à nouveau durement frappé par une catastrophe naturelle – démarche dont le Figaro s’est fait l’écho.
J’ai notamment pu évoquer cette lettre avec le Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État au Vatican en charge des relations diplomatiques. J’ai souligné combien j’avais été déçue que Benoît XVI ne s’y soit pas rendu après le séisme qui avait fait près de 200 000 morts en janvier 2010. Une visite papale après l’ouragan Matthew (1500 morts et des dégâts considérables) contribuerait à redonner l’espérance à ce peuple si éprouvé et serait un symbole fort de la solidarité de l’Eglise universelle. Comme je l’indiquais dans ma lettre, un tel déplacement aurait aussi une dimension humanitaire et environnementale considérable, dans l’esprit de l’encyclique papale Laudato Si (« Le climat est un bien commun, de tous et pour tous… ») quelques jours avant l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris début novembre.
Magnifique hasard du calendrier, c’est également ce week-end là qu’étaient célébrés les 350 ans de l’Académie de Rome et le premier anniversaire de l’arrivée de Muriel Mayette à la direction de la Villa Médicis – villa construite au milieu du 16ème, achetée par le cardinal Ferdinand de Médicis, où Bonaparte décida en 1803 d’installer l’Académie de France à Rome, créée par Colbert 150 ans plus tôt. Aujourd’hui la Villa Medicis accueille pour plusieurs mois des artistes français ou étrangers. Bravo à Muriel, sociétaire de l’Académie française, qui, à force de travail et d’enthousiasme, a su, avec le soutien de son si sympathique époux le journaliste sportif Gérard Holtz, redonner à la Villa son dynamisme et son lustre d’antan. Ainsi célébrait-elle aussi, par une magnifique exposition, ce 350e anniversaire, en mettant à l’honneur ses illustres pensionnaires tels qu’Ingres ou Balthus (qui fut également un de ses directeurs). Muriel fourmille de projets pour cette villa qui lui est devenue chère, comme celui d’un éclairage solaire pour les 7 hectares de jardins autour de la villa… Je ne doute pas qu’elle saura ainsi l’embellir et la dynamiser tout au long de sa mission à la tête de cette prestigieuse institution.