Profitant de la suspension de la session parlementaire, je me suis rendue à Agadir, seul poste consulaire du Maroc où je n’avais jusqu’ici pas eu l’occasion d’aller.
Le Consul général Dominique Doudet, avec la complicité de notre dynamique conseiller consulaire et président de l’UFE Jean-Claude Rozier, m’avait préparé un excellent programme qui m’a permis de faire le point sur les préoccupations de la communauté française, nombreuse et en plein essor : 4 700 Français inscrits au registre, plus de 50% d’augmentation en 5 ans, et les problématiques de notre relation bilatérale (investissements, développement du tourisme, scolarité, santé, couverture sociale, assistance aux personnes âgées)
J’ai également eu le plaisir de rencontrer, lors d’une réunion organisée par le Consul général dans le superbe Riad ouvert par une Française, la Villa Blanche, Martine Berrada, Vice-présidente de la Société française de bienfaisance, et un autre conseiller consulaire, Martine Rebecchini.
Une visite du Consulat m’a également permis d’apprécier la qualité du travail réalisé, l’esprit d’équipe et le dévouement de l’ensemble du personnel de ce Consulat admirablement dirigé par Dominique Doudet, avec un beau moment de cohésion et convivialité dans les jardins, tout le personnel étant convié à partager une excellente galette des Rois (mais sans fève et couronne, esprit républicain oblige!)
Visite et réunions à l’Institut français du Maroc étaient bien sûr à mon programme. Il est certainement l’un des plus grands du monde par son emprise puisque, outre le bâtiment central, il bénéficie des salles de l’ancienne école Gauguin, aujourd’hui fusionnée avec le lycée AEFE, de son terrain de sport et même d’une villa, celle de l’ancien directeur de Gauguin, qui permet d’accueillir des artistes dans le cadre du programme de résidence France-Maroc. L’équipe -27 personnes – sous la direction de Franck Petillot, est extrêmement dynamique, la programmation culturelle exigeante, éclectique et ambitieuse. Elle vise bien sûr à servir notre rayonnement culturel et linguistique mais aussi à mieux soutenir les relations intellectuelles entre nos deux pays en faisant mieux appréhender par chacun les spécificités de l’autre à travers conférences, concerts, débats d’idées. 100 enseignants s’emploient à renforcer la qualité du français de ceux qui le souhaitent, à former les enseignants de français. Agadir est d’ailleurs centre pilote en ce domaine. Seul manque à l’Institut, une cafétéria pour renforcer son atmosphère conviviale et permettre aux membres d’échanger autour d’un café ou d’un thé à la menthe. Mais ce vide devrait être bientôt comblé, je l’espère, puisque j’ai demandé et obtenu le soir même de la Préfète l’autorisation qui manquait à l’Institut pour ouvrir cette cafeteria.
Autre joyau de notre présence dans la région, le Lycée français d’Agadir : 1220 élèves dont 30% de Français et 100 boursiers. Fondé en 1997 à l’initiative de parents d’élèves, il s’est développé et restructuré en 2013 avec le rattachement de l’école Paul Gauguin d’Agadir (bâtiments aujourd’hui utilisés par l’Institut français) qui ne scolarisait alors les enfants que jusqu’à la 3ème. Une fusion difficile à mettre en place, mais réussie avec brio, grâce aux efforts du proviseur Christian Claverie et à ses équipes. Cette fusion était rendue d’autant plus indispensable par la fermeture l’internat de Marrakech qui accueillait jusque là les élèves du secondaire de la région d’Agadir. Le lycée, membre du réseau OSUI et sous la responsabilité des services culturels de l’Ambassade, jouit aujourd’hui d’une réputation d’excellence méritée tant chez la communauté française qu’auprès des Marocains qui atteste de la justesse du choix effectué.
Lors de mes déplacements à l’étranger, il est toujours important pour moi de rencontrer les autorités locales, ne serait-ce que pour promouvoir l’apport positif de nos compatriotes et aider à résoudre leurs problèmes. C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai pu échanger avec Zineb El Adaoui, Gouverneur de la Préfecture d’Agadir Ida Outanane et Wali (Préfet) de la région Souss-Massa, une des douze grandes régions du Maroc. Après avoir la première femme magistrat à la Cour des Comptes en 1984, elle est depuis 2015 la toute première femme Wali d’une Région du Maroc. Fondatrice du Forum international des Femmes Leaders, spécialiste d’économie islamiste, elle est membre du Conseil national des droits de l’homme et a remporté deux fois le titre de Femme de l’année. D’un dynamisme et d’un volontarisme exceptionnels, vraie main de fer dans un gant de soie, elle a pleinement conscience de son rôle pour le développement de la région d’Agadir et de sa responsabilité envers ses compatriotes marocaines. Alors que, lors de sa nomination, un Colonel avait refusé de lui serrer la main, prétextant que l’Islam le lui interdisait, Zineb El Alaoui travaille, avec quelques femmes universitaires du Maroc, à une exégèse du Coran pour démontrer que la femme n’est en aucun cas inférieure à l’homme mais est dans les textes originels reconnue comme « la moitié de l’Islam ». Tout comme moi, elle est convaincue que le progrès et la paix ne pourront arriver que par l’émancipation des filles et qu’il faut tout mettre en oeuvre pour leur éducation, pour leur permettre de créer des petites entreprises, comme celle créée par cette femme veuve, sans argent, analphabète qui a créé une coopérative de femmes afin de produire l’huile d’argan qu’elle exporte dans le monde entier et qui est aujourd’hui sénatrice ! Tout comme moi elle est convaincue que, pour lutter contre le djihadisme, les femmes doivent prendre toute leur place dans l’Islam et qu’elles doivent pouvoir devenir imams et enseigner le Coran au sein même des mosquées. Des sujets que nous nous sommes promis d’approfondir ensemble…
Enfin, j’ai eu la joie de faire une visite de terrain à Dar Taliba, remarquable association engagée dans l’éducation des jeunes filles à Amskroud, à une quarantaine de kilomètres d’Agadir, en présence du président de la Commission régionale des droits de l’homme, le franco-marocain Mohamed Charef et du Caïd d’Amskroud.
Cette association à laquelle, sur la demande d’Isabelle Derlon, ancien Conseiller consulaire des Français d’Agadir, j’avais octroyé une subvention dans le cadre de ma réserve parlementaire, scolarise, héberge et nourrit des jeunes filles de zones rurales isolées qui n’auraient sinon aucune possibilité de scolarisation. La « Réserve » -cette possibilité qu’ont les députés et sénateurs d’aider des organismes de leur choix est parfois décriée, y compris par certains parlementaires. J’estime pour ma part que c’est un outil essentiel à l’étranger pour pallier un peu – très partiellement et très modestement – le désengagement progressif de l’État dans les dossiers de soutien à la communauté française et d’aide au développement local.
Quelle satisfaction que de savoir que grâce à cette subvention qui permettra de construire un nouveau dortoir (les deux existant étant déjà trop exigus) ce sont cinquante autres jeunes filles des environs d’Agadir qui pourront être accueillies, portant à 175 le nombre de celles qui bénéficieront ainsi d’une scolarisation. Quel bonheur aussi de voir leur joie, leur fierté d’être soutenues par la France !
Pour finir ma visite à Agadir, j’ai eu le plaisir de visiter la magnifique petite entreprise créée par un des conseillers de la Wali pour utiliser l' »or vert » que représente la végétation marocaine (aloès, figuiers de barbarie, arganiers) et confectionner dans des règles d’hygiène absolue des produits cosmétiques bio aux résultats exceptionnels.
J’ai enfin participé à deux réunions avant de reprendre mon avion le dimanche, l’une avec l’équipe des Républicains d’Agadir, l’autre avec le bureau de la très dynamique UFE d’Agadir qui rassemble plus d’un millier de membres sous la présidence de notre sympathique Conseiller consulaire Jean-Claude Rozier.